PRESIDENTIELLE EN GUINEE EQUATORIALE : Teodoro Obiang Nguema forever
A quatre vingts ans, il totalise, à lui seul, 43 ans au pouvoir. Il détient le record mondial de longévité au pouvoir, si l’on met de côté les monarchies où le monarque, on le sait, règne à vie. Mais, il n’est toujours pas prêt à faire valoir ses droits à la retraite. Teodoro Obiang Nguema, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était candidat à sa propre succession et cela, pour la 6e fois. En effet, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat perpétré en 1979, le maître de Malabo a réussi le tour de force de faire le vide autour de lui si fait qu’il dirige le pays sans réel contre-pouvoir. Pour preuve, un seul parti politique de l’opposition a été autorisé a présenter un candidat. Quant aux autres leaders de l’opposition, ils ont soit quitté le pays, soit été écroués, accusés par le régime d’avoir fomenté un complot. C’est le syndrome de la persécution qui habite généralement tous ceux qui arrivent au pouvoir par un coup d’Etat, tant ils donnent l’impression de voir le diable partout. En fait, sur le papier, Teodoro Obiang Nguema faisait face à deux autres candidats. Mais en réalité, il ne se faisait pas de souci quant à sa réélection puisque l’un des challengers était un allié, et l’autre qui faisait figure d’opposant, s’il en est, ne faisait pas le poids. Ce qui fait dire à certains observateurs que la présidentielle en Guinée équatoriale ne laisse aucune place au suspense. Tant les résultats, avant même le déroulement du scrutin, étaient connus d’avance. Le vainqueur s’appelle Teodoro Obiang Nguema.
Les longs règnes débouchent toujours sur le chaos
Cela dit, on se demande parfois à quoi servent les élections en Guinée équatoriale si ce n’est pour répondre à de simples formalités. A preuve, le parti présidentiel, à l’issue des consultations électorales de 2016, contrôle la totalité du Sénat, et détient 99 des 100 sièges que compte l’Assemblée nationale. Il en est de même pour ces présentes échéances électorales où il a encore tout raflé. Ainsi va la démocratie au pays de Teodoro Obiang Nguema qui, faut-il le rappeler, n’a jamais fait mystère de sa volonté de se voir succéder par son fils, Téodorin. Malheureusement, ce dernier s’est illustré par des frasques et des pitreries qui ont fini par ternir énormément son image, semant le doute dans l’esprit de son géniteur. Ce qui vaut au fils des ennemis judiciaires dans certains pays occidentaux. Autrement dit, si le père est dans les starting-blocks pour un énième mandat, c’est peut-être parce qu’il doute de la capacité du fils à faire perpétuer la dynastie. En tout cas, si ce n’est pas pour préserver les intérêts du clan, on ne voit pas ce que Obiang Nguema peut encore donner à la Guinée Equatoriale qu’il n’a pu le faire en 43 ans. Mais la nature, très jalouse, ravissant par petites doses les forces qu’elles nous a prêtées, Obiang Nguema n’aura d’autre choix que de passer la main à une nouvelle génération avec tout ce que cela pourrait comporter comme risques. Car, c’est connu de tous que les longs règnes débouchent toujours sur le chaos. Et la Guinée équatoriale, on touche du bois, n’en fera pas l’exception.
Boundi OUOBA