NOEL 2022 AU BURKINA FASO : Une fête dans la peur et la faim !
Après quatre semaines de préparation en ce temps de l’Avent, les chrétiens du monde entier s’apprêtent à célébrer, comme chaque 25 décembre, Noël, encore appelée la fête de la Nativité. Une commémoration de la naissance du Christ qui symbolise, dans la croyance judéo-chrétienne, la venue sur terre du fils de Dieu fait Homme, pour sauver l’humanité. C’est donc une occasion de joie qui est généralement célébrée dans la ferveur religieuse par tous les fidèles chrétiens, et qui donne aussi lieu, surtout en Afrique, à des réjouissances populaires et autres partages avec les autres, pendant lesquels les tout-petits sont mis à l’honneur. Mais si Noël est généralement perçue comme la fête des enfants, elle est aussi celle des grands. Mieux, c’est une fête qui est régulièrement célébrée au-delà des cercles restreints des chrétiens ; ce qui lui donne le cachet particulier d’être pratiquement aujourd’hui, la fête de tout le monde. Et c’est tant mieux ! Car, au-delà de la religion, ce sont des moments de communion et de partage qui peuvent contribuer au renforcement de la cohésion sociale.
Depuis sept ans que le pays des Hommes intègres est entré dans l’œil du cyclone terroriste, les Burkinabè vivent d’espoirs de lendemains meilleurs
Surtout au Burkina Faso, dans ce contexte particulier de lutte contre le terrorisme où des amalgames en tous genres sur fond de stigmatisations communautaires ou religieuses, mettent à rude épreuve le vivre-ensemble de populations souvent poussées au bout de leur résilience par les vicissitudes d’une situation sécuritaire qui tarde encore à se décanter. C’est dire si depuis sept ans que le pays des Hommes intègres est entré dans l’œil du cyclone terroriste, les Burkinabè vivent d’espoirs de lendemains meilleurs. Mais la situation demeure toujours difficile, avec une pression de plus en plus accrue des forces du mal qui ont contraint de nombreux Burkinabè en quête de sécurité, à un exil intérieur. Aujourd’hui, le nombre de déplacés internes qui vivent souvent dans la précarité, avoisine les deux millions de personnes pour être un casse-tête humanitaire pour le gouvernement qui a déjà du pain sur la planche, dans l’organisation de la riposte sécuritaire. C’est dire si en cette fête de Noël 2022, les Burkinabè n’ont pas véritablement le cœur à la fête. Comment peut-il en être autrement quand la situation sécuritaire demeure encore fortement préoccupante, dans un contexte de renchérissement du coût de la vie dû aux effets induits du terrorisme mais aussi de la guerre en Ukraine ? Une guerre qui dure depuis près de dix mois et qui a entraîné une flambée des prix des produits de première nécessité comme le riz, l’huile, le lait, sans oublier les hydrocarbures dont l’augmentation a amené les Burkinabè à réduire leurs déplacements. Ce, dans un contexte où le gouvernement ne peut pas grand-chose en termes de mesures d’accompagnement pour soulager les souffrances des populations.
La situation d’ensemble du pays appelle à la sobriété dans la célébration
Quand on ajoute à tout cela la cupidité de certains commerçants pour lesquels toute fête est une occasion rêvée pour augmenter les prix des denrées alimentaires dans l’optique de se faire un peu plus de bénéfices quand ils ne créent pas une pénurie artificielle de certains produits à des buts purement spéculatifs, on peut dire que ce sera difficile pour ne pas dire impossible pour de nombreux Burkinabè, de s’offrir des fêtes de fin d’année bien arrosées. La situation est davantage durement ressentie par les populations des zones à forts défis sécuritaires et les déplacés internes qui manquent pratiquement de tout et restent des cibles particulièrement vulnérables. C’est donc un Noël dans la peur mais aussi dans la faim, qui se dessine pour de nombreux Burkinabè. Surtout si le panier de la ménagère doit poursuivre son amaigrissement continu. Mais aussi si l’accès à certains lieux de culte qui sont autant de lieux de regroupement, doit être l’objet de hantise pour certains fidèles. C’est le lieu de saluer l’engagement des Forces de défense et de sécurité et leurs supplétifs, les Volontaires pour la défense de la patrie, qui sont en train de mouiller…. le treillis au propre comme au figuré, pour assurer la sécurité des populations. C’est le lieu de saluer aussi tous ces Burkinabè qui se laisseront emporter par l’élan de solidarité en faveur des déplacés internes et des plus démunis, pour leur offrir un tant soit peu le sourire en ces moments difficiles pour la Nation tout entière. Pour le reste, la situation d’ensemble du pays appelle à la sobriété dans la célébration, pour les citoyens des villes et des campagnes qui ne sentent pas directement la pression des forces du mal. Mais il faudra, à tout le monde et à chacun, d’être vigilant pour que ces fêtes de fin d’année se passent au mieux.
« Le Pays »