TRAVAUX D’INTERET GENERAL POUR LES PRISONNIERS : Une mesure salutaire à bien encadrer
Dans son grand oral face à la presse nationale, le Chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a fait part à l’opinion nationale, de sa volonté d’instaurer des travaux d’intérêt commun pour certaines catégories de prisonniers au Burkina Faso. L’idée, en elle-même, il faut le dire, n’est pas nouvelle. En effet, l’article 213-1 de la loi N°025-2018/AN portant Code pénal, prévoit comme peine en matière correctionnelle, le travail d’intérêt général. Toutefois, dans l’histoire du Burkina Faso, sauf erreur, il a été rarement entendu devant les tribunaux, la sentence d’une condamnation à des travaux d’intérêt commun, prononcée à l’encontre d’un prévenu. Et c’est en cela que l’on peut trouver du mérite à la proposition du chef de l’Etat qui, à bien des égards, présente des avantages certains. En effet, au plan purement administratif, la condamnation aux travaux d’intérêt commun, constitue une bonne réponse à la surpopulation de l’univers carcéral ; un mal qui n’est pas sans conséquences pour la gestion des prisons et pour la prise en charge alimentaire et sanitaire des hommes et femmes en délicatesse avec la loi. Au plan économique, cette mesure a l’avantage de faire participer les prisonniers à leur propre prise en charge et au développement de la Nation. Au plan social, elle prépare non seulement les prévenus à leur insertion socio-professionnelle, mais elle participe aussi à leur bonne hygiène mentale et sanitaire. Mieux, elle contribue à changer, dans la mentalité des populations, le regard sur les prisonniers dont la dignité est préservée par leur participation aux efforts de construction de la société.
Sans nul doute aussi, qu’il sera nécessaire de prendre des mesures de surveillance
Enfin, cette mesure, si elle venait à être appliquée, permettrait de clouer le bec aux détracteurs du Burkina Faso qui voient dans la lutte engagée contre le terrorisme parfois des entorses aux droits humains. Pour toutes ces raisons qui sont loin d’être exhaustives, l’on peut dire que la mesure envisagée par le chef de l’Etat, est salutaire. Elle reste cependant à être bien encadréepour ne pas faire le lit de dérapages qui peuvent compromettre toute sa noblesse.En effet, mal appliquée, cette mesure relative aux travaux d’intérêt commun, peut être une prime à la délinquance pour certains individus qui peuvent ne plus craindre l’ostracisme dont la société les avait frappés en raison des comportements répréhensifs qu’ils ont eus. Sans nul doute aussi, qu’il sera nécessaire de prendre des mesures de surveillance pour que ces travaux d’intérêt général ne soient pas un laissez-passer facile à l’évasion des prévenus, compte tenu de l’environnement sécuritaire et de la corruption ambiante dans la société en général et dans l’univers de la justice en particulier. Il y a donc lieu d’encadrer la mesure par des textes qui définissent rigoureusement les catégories des prisonniers bénéficiaires de cette peine et les conditions de son exercice. Pour ce faire, le pays peut compter sur l’expérience de certains Etats où la mesure est déjà appliquée. L’on sait, en effet, que le bagne existe ailleurs et que certains corps de métiers comme la légion étrangère dans l’armée française ou même le groupe de mercenaires russes Wagner, tirent leur réputation des repris de justice qui constituent, pour eux, un important vivier.
Sidzabda