LUTTE CONTRE LES TRACASSERIES ROUTIÈRES AU BURKINA FASO : Une autre opération de salubrité publique de la transition
Le phénomène a la peau dure mais le gouvernement de la Transition semble résolu à lui faire la peau. Il s’agit, pour ne pas les nommer, des tracasseries sur les routes du Burkina Faso. C’est ce qui, en tout cas, émane du communiqué conjoint signé par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la sécurité et son homologue des Transports, de la mobilité urbaine et de la Sécurité routière qui annoncent désormais des contrôles réguliers pour traquer les agents indélicats et les usagers des routes qui s’adonnent à ces pratiques illégales et les conduire devant les tribunaux. Et le moins que l’on puisse dire est que ce coup de sang des deux ministres est la bienvenue car il constitue une véritable opération de salubrité publique. En effet, l’on sait que les tracasseries sur les corridors routiers impactent négativement l’économie du pays en créant des freins aux activités commerciales. Pire, elles sont à l’origine du renchérissement des produits commerciaux dans un contexte global déjà caractérisé par l’envolée des prix des denrées de toute sorte en raison de la guerre en Ukraine. Le phénomène est aussi à l’origine de la paupérisation des populations qui en plus d’enrichir les agents indélicats par le biais de la corruption, s’exposent à l’insécurité alimentaire. Enfin, les tracasseries routières nuisent à l’image du pays qui a du mal à coller à l’image de l’intégrité des Burkinabé telle que voulue par le nom du pays. En tout état de cause donc, l’on ne peut qu’applaudir les autorités de la transition qui après la sensibilisation et les rappels à l’ordre ont décidé de brandir l’arme des sanctions. L’on peut cependant se demander si la baisse des contrôles sur les différents axes routiers du Burkina Faso ne sera pas à l’origine d’autres fléaux tels que les fraudes et la contrebande. Et l’on sait que ces fléaux sont connexes au terrorisme dont ils constituent l’une des sources de financement. Dans le contexte sécuritaire actuel du Burkina Faso où déjà les frontières poreuses sont exploitées sur tous les plans par les bandes armées, l’on peut avoir des inquiétudes.. Par ailleurs, l’on peut craindre que la baisse de la garde que pourrait susciter le communiqué des deux ministres auprès des agents en charge de la surveillance des voies commerciales ne favorise l’incivisme routier qui est à l’origine de nombreux accidents ou de la dégradation des routes. Mais gageons que les autorités ont pris toutes les dispositions utiles pour que le remède ne fasse pas plus de mal que la pathologie que l’on tente de soigner Cela dit, tout en poursuivant la répression contre les acteurs indélicats, le gouvernement devrait dessoucher le mal à la racine qui le fait que de nombreux usagers de la voie ne sont pas en règle quant aux documents administratifs qu’ils doivent présenter aux forces de sécurité intérieures. Les rackets sur la route se nourissent de ces irrégularités administratives et il faudrait aussi dissuader sévèrement ceux qui rusent avec les règles.
Sidzabda