PERTURBATION DES ACTIVITÉS AGRICOLES PAR LES GAT : Il y a péril en la demeure
La saison des pluies, ce n’est un secret pour personne, s’est installée au Burkina Faso. L’heure a sonné pour les paysans de rejoindre les champs, qui pour sarcler, qui pour labourer, qui pour emblaver, etc. La pluviométrie étant parfois capricieuse, l’on assiste à une véritable course contre la montre ; chaque paysan cherchant à ensemencer le plus tôt possible. C’est de bonne guerre. Malheureusement, cela fait des années que bien des paysans ont été chassés de leurs localités où ils vivaient en parfaite harmonie avec la nature. Il y en a même qui ont été tués dans leurs exploitations respectives pendant que d’autres ont été sommés de déguerpir sous peine de représailles. Toute chose qui fait craindre une grave crise alimentaire. Car, faut-il le rappeler, c’est le monde rural qui nourrit le reste du pays. Au Burkina Faso, par exemple, on sait que la Boucle du Mouhoun et l’Est sont les régions qui nourrissent le pays. Or, ces zones traversent aujourd’hui une grave crise sécuritaire qui a obligé certains paysans à prendre la poudre d’escampette pour se refugier dans des centres urbains. Contraints à l’oisiveté, ces derniers deviennent du même coup des cas sociaux au point qu’ils mendient pour subsister. Pourtant, en temps normal, ces paysans sont de grands producteurs agricoles qui n’ont rien à envier à un salarié. Parfois, je verse des larmes quand j’y pense. Imaginez la douleur d’un paysan qui vit de la terre et qui, pendant trois ou quatre ans, ne peut plus cultiver, pas parce qu’il ne veut pas ou ne peut pas le faire, mais parce qu’on l’a obligé à quitter ce dont il dispose comme seul bien, c’est-à-dire la terre.
Aucun pays ne peut parler de souveraineté s’il n’a pas atteint l’autosuffisance alimentaire
J’ai l’impression que certains sont assis en ville mais n’arrivent pas à prendre toute la mesure du danger qui nous guette. Je le dis parce que si l’on s’y prend garde, le pays, déjà économiquement exsangue, risque de se retrouver au bord de l’asphyxie. En le disant, je touche du bois pour qu’on n’en arrive pas là. Mais je dis et je répète que si les paysans continuent d’être chassés de leurs champs au point de ne plus pouvoir produire, il y a de quoi avoir peur. Non pas pour eux seulement mais pour nous tous. Car, à l’allure où vont les choses, même avec ton argent en main, tu pourrais ne pas avoir de vivres à acheter sur le marché. Cela dit, je tiens à féliciter les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont l’engagement et la détermination, ont permis le retour de certaines populations dans leurs localités d’origine. Je ne citerai pas de noms mais des cas concrets, il en existe dans le Centre-Nord et au Sahel. C’est une dynamique qu’il faut saluer et encourager. C’est petit à petit que l’on pourra reconquérir l’intégrité totale de notre pays et faciliter la reprise des activités agricoles avec le retour des Personnes déplacées internes (PDI) qui vivent dans des conditions pour le moins précaires. C’est à ce prix que le Burkina pourra parler de souveraineté retrouvée. Car, pour moi, aucun pays au monde ne peut parler de souveraineté s’il n’a pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire. Car, comme on le sait, ventre creux n’a point de scrupules.
« La Fou »