CONDAMNATION DE VINCENT DABILGOU : Un verdict à haute portée pédagogique
L’on s’attendait à de lourdes condamnations dans le procès de Vincent Dabilgou au regard des déballages faits par les anciens conjurés dans cette chronique judiciaire qui a tenu en haleine l’opinion publique nationale pendant un bout de temps. Et le tribunal n’a pas trahi les attentes. En effet, Vincent Dabilgou, l’accusé vedette de ce procès, écope une peine d’emprisonnement de onze (11) ans dont sept (7) ans fermes et une amende ferme de trois milliards trois cent soixante-quinze millions huit cent cinquante-huit mille quatre cent soixante-deux (3 175 858 462) F CFA. De ce fait, il a été ordonné la confiscation de ses biens à hauteur des sommes détournées au profit du Trésor public et prononcé son inéligibilité pendant cinq (5) ans. Trois de ses acolytes prennent aussi de lourdes peines d’emprisonnement et de grosses amendes. Le parti de l’ex-ministre, le Nouveau temps pour la démocratie (NTD), en prend aussi pour son compte : ses activités sont suspendues. Il ne faut certes pas se réjouir des malheurs d’autrui et cela est d’autant plus vrai que tous les humains, comme le dit la sagesse populaire, sont tous de potentiels pensionnaires de deux lieux : la prison et l’hôpital. Mais on espère que ce verdict sonnera la fin de l’impunité des crimes économiques au pays des Hommes intègres. Les populations n’ont d’ailleurs jamais eu de cesse de réclamer le jugement de ces dossiers depuis le règne de Blaise Compaoré jusqu’au régime actuel de la Transition. Et ces lourdes condamnations viennent quelque peu étancher cette soif de justice.
Le procès Dabilgou constitue un avertissement sans frais lancé à tous les délinquants à col blanc
Mais au-delà de la justice rendue aux contribuables dont les deniers ont été dilapidés de façon scabreuse dans des campagnes électorales, dans l’achat de consciences et de voix, c’est surtout la valeur pédagogique de ce procès, qu’il faut saluer. En effet, le procès Dabilgou constitue un avertissement sans frais lancé à tous les délinquants à col blanc qui confondent les comptes de l’Etat avec leurs poches. Ils doivent donc tirer leçon de cette malheureuse descente aux enfers du président du NTD qui s’était taillé la stature de faiseurs de roi à l’issue de la dernière présidentielle et des législatives en arrachant de nombreux sièges de députés à l’Assemblée nationale à force de débauche d’argent illégalement pris dans le coffre-fort du ministère des Transports dont il avait la charge. Cela dit, Vincent Dabilgou n’est certainement pas le seul à s’être mis en indélicatesse avec les finances publiques. Les dossiers de crimes économiques sont nombreux. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les rapports du Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC) auquel il faut tresser des lauriers dans ce procès, pour son rôle d’avocat-défenseur du bien public et de moralisateur de la gestion de la chose publique ou ceux de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). La dynamique de la lutte contre l’impunité, lancée par le procès Dabilgou, doit donc être maintenue et même renforcée pour ne pas faire du président du NTD, la victime expiatoire qui paie seul pour les péchés des autres.
Sidzabda