CAMPAGNE COTONIERE 2024-2025 : Une subvention qui vaut son pesant d’or
C’est l’une des fortes décisions du Conseil de ministres du 16 mai 2024. En effet, le gouvernement de la transition a décidé d’injecter la bagatelle de 10 milliards de F CFA dans la campagne cotonnière à venir. Cette cagnotte est destinée à l’acquisition d’intrants au bénéfice des « cotonculteurs » qui devraient s’en frotter les mains. L’ambition est de booster le secteur de l’or blanc dont les prévisions pour la campagne agricole 2024-2025 sont estimées à 595 000 tonnes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette mesure est la bienvenue pour les acteurs de la filière cotonnière qui sont confrontés à l’inflation des coûts des intrants agricoles, notamment du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ; les deux principaux exportateurs des engrais. La subvention aura donc, de ce fait, pour effet de soulager un tant soit peu le monde rural et de doper la production pour peu que ces intrants à acquérir avec la somme des 10 milliards de F CFA, arrivent à temps. Car, il faut le dire, une chose est d’acquérir les intrants, une autre est que ces intrants soient de bonne qualité et qu’ils n’arrivent pas trop tard. Ce serait le médecin après la mort pour les producteurs agricoles qui se plaignent régulièrement de l’arrivée tardive des aides gouvernementales.Par ailleurs, il faut saluer la cohérence de la décision gouvernementale avec sa politique de développer le secteur industriel et artisanal au Burkina Faso. L’on sait, en effet, que le gouvernement a pris l’option de construire des usines destinées à la transformation sur place de la production cotonnière.
La décision gouvernementale vise à éliminer tout risque d’insuffisance de la production cotonnière
C’est dans cette dynamique qu’a été lancée, le 27 avril dernier, la construction de l’usine de fabrique d’effets d’habillement militaires, paramilitaires et civils au Burkina Faso, TEXFORCES-BF. Quelques mois auparavant, il avait été aussi posé la première pierre de l’usine de textile IRO-TEXBURKINA destinée à transformer le coton fibre du Burkina à hauteur de 20 000 tonnes annuellement. Quand on sait aussi qu’il y a une politique très volontariste de promotion du Faso danfani, l’on comprend que la décision gouvernementale vise à éliminer tout risque d’insuffisance de la production cotonnière qui pourrait mettre à mal le ravitaillement des unités industrielles en construction et donner un coup de frein aux activités des nombreux artisans qui évoluent dans le secteur de la confection du pagne local. Cela dit, toutes ces mesures destinées à ramener le secteur de l’or blanc à son âge d’or, doivent être rigoureusement suivies par l’Exécutif burkinabè. Car, on sait que de par le passé, des pratiques peu recommandables ont parfois miné le développement de la filière cotonnière. Et ces pratiques vont des détournements des intrants destinés aux paysans à l’arnaque par la fourniture des produits phytosanitaires de basse gamme face à un secteur où les parasites pullulent. Il faut donc ouvrir l’œil et le bon et espérer que le ciel se montrera clément pour arroser quand il faut et comme il faut, la terre pour que toutes les promesses se tiennent.
Sidzabda