PARTICIPATION DE L’AFRIQUE AUX JO 2024 : Des contre-performances malgré tout
C’en est donc fini de l’aventure olympique de Paris, le dimanche 11 août 2024, avec la cérémonie de clôture organisée au stade de France, et la remise des dernières médailles aux athlètes qui ont pris part aux marathons hommes et femmes courus samedi et hier matin. C’est, en effet, dans cette gigantesque enceinte sportive que durant deux heures, la musique a résonné, la flamme a brûlé, les feux d’artifice ont éclaté, et les athlètes médaillés ont paradé et dansé, avant que Anne Hidalgo, la maire de Paris, ne transmette le drapeau olympique à sa collègue de Los Angeles, Karen Bass. Les athlètes du monde entier ont donc quatre ans pour préparer le prochain rendez-vous olympique qui aura lieu de l’autre côté de l’Atlantique, en 2028, dans la mégalopole tentaculaire américaine mondialement connue pour ses sites touristiques et ses innombrables lieux de divertissement. En attendant, on peut féliciter les organisateurs de la 33e olympiade de l’ère moderne qui vient de s’achever, qui ont mis les petits plats dans les grands pour réussir leur pari de rassembler sans grands couacs, autant de monde venu de tous les horizons. Au palmarès, ce sont les Etats-Unis qui arrivent au sommet du classement, suivis de la Chine, de l’Australie, du Japon et du pays organisateur (la France). Quant au continent africain, il reste dans ses normes habituelles depuis 1996 à Atlanta où le cap des 30 médailles avait été franchi pour la première fois, d’autant que ses représentants ont glané au total 39 médailles, dont 13 en or. Si comparativement aux pays des autres continents, on peut dire que c’est un bilan mi-figue, mi-raisin, il y a tout de même de quoi s’en féliciter.
L’arbre kényan qui porte fièrement ses 11 médailles, ne doit pas cacher la forêt de défis à relever par les Africains
Car, sauf erreur ou omission, c’est la première fois que l’Afrique engrange autant de breloques en or (13) dans une édition de JO. Le résultat global de la participation de l’Afrique à ces jeux, est, en revanche, un peu mitigé, d’autant que ses représentants n’ont pas pu égaler son record de 2016 à Rio en termes de médailles olympiques gagnées (47), ni de 2021 à Tokyo d’où 13 pays sont revenus avec une médaille, contre 12 cette année. Parmi ces derniers, et fidèle à sa réputation, le Kenya vient en tête du peloton avec un bilan flatteur de 11 médailles dont 4 en or et une honorable 17e place au classement mondial. Il est talonné par l’Algérie avec ses deux couronnes dorées, et suivi par 11 autres pays qui ont évité de justesse le zéro pointé. C’est la bérézina, en revanche, chez les 41 pays restants qui reviennent bredouilles du voyage parisien, et dont la plupart des athlètes étaient malheureusement à leur dernière participation aux JO. On peut donc dire que globalement, l’Afrique a encore enregistré une contre-performance de ses ambassadeurs à Paris 2024, en dépit de quelques belles surprises dont on a fait mention. Figure parmi ces ambassadeurs, le porte-étendard et champion du monde en titre du triple saut, le Burkinabè Hugues Fabrice Zango, qui est passé complètement à côté de la plaque, avec sa frustrante cinquième place au classement et ses chances quasi nulles de compétir dans quatre ans à Atlanta. Pour tout dire, l’arbre kényan qui porte fièrement ses 11 médailles, ne doit pas cacher la forêt de défis à relever et d’efforts à fournir par les Africains, s’ils veulent, un jour, titiller les grandes nations dans les palmarès olympiques. Malheureusement, les athlètes africains ne pourront sortir facilement et rapidement de cette quadrature du cercle, pour rivaliser avec les Américains ou les Chinois qui ont tous les moyens nécessaires pour s’imposer face à des adversaires qui manquent de tout ou presque. L’Afrique, qui a pourtant un énorme potentiel athlétique, restera toujours aux abonnés absents dans le peloton de tête aussi longtemps que le sport en général et l’athlétisme en particulier seront considérés sur le continent comme non prioritaires, dépourvus de moyens financiers et infrastructurels, et pratiqués dans des contextes de crises politique, sociale ou sécuritaire comme c’est la plupart des cas dans nos pays. Il va falloir aussi se départir des pesanteurs socioculturelles qui interdisent aux femmes de pratiquer le sport dans certaines parties du continent, et de cet éternel complexe d’infériorité qui alimente le défaitisme de nos athlètes au motif que certains types de sports ne sont pas compatibles ou praticables par des personnes qui ne sont même pas capables d’assurer leur pitance. C’est l’enchevêtrement de tous ces facteurs qui fait qu’à chaque édition de JO, on s’en mord les doigts, et on se contente du service minimum, comme pour confirmer ou valider la maxime du père des Jeux olympiques, Pierre de Coubertin, selon laquelle « l’important, c’est de participer ».
Hamadou GADIAGA