SOMMET DES BRICS EN RUSSIE : Une victoire diplomatique pour Vladimir Poutine
Trente-deux délégations dont une vingtaine de chefs d’Etat ! C’est le nombre de dirigeants étrangers attendus, en plus du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au sommet des BRICS qui s’est ouvert le 22 octobre 2024 à Kazan en Russie et qui se poursuivra jusqu’au 24 octobre prochain. Un sommet des pays émergents du monde, qui se tient en pleine guerre de la Russie contre l’Ukraine et qui véhicule une forte symbolique au regard du contexte. Toujours est-il qu’au-delà du profil des participants au nombre desquels sont annoncés les présidents chinois, Xi Jinping, brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, indien, Narendra Modi, iranien, Massoud Pezeshkian et turc, Recep Tayyip Erdogan, il ne fait pas de doute que la tenue de cette réunion de haut niveau sur son sol, est une grande victoire diplomatique pour Vladimir Poutine. Et ce, au regard du tapage médiatique sur fond de sanctions infligées à son pays par les Occidentaux depuis l’offensive militaire lancée contre l’Ukraine en février 2022, et des efforts que ces derniers ne cessent de déployer depuis lors pour tenter d’isoler Moscou sur la scène internationale.
Ce sommet est une opportunité pour Poutine, d’élargir le cercle de ses alliés
Autant dire que ce sommet ne pouvait pas mieux tomber pour le maître du Kremlin qui a l’occasion de faire d’une pierre, plusieurs coups. D’abord, en montrant à la face du monde que malgré les efforts de ses adversaires occidentaux visant à ternir sa réputation, il est loin d’être le pestiféré encore moins le diable personnifié dont ils tendent à lui coller l’étiquette. Ensuite, ce sommet est une occasion pour lui de jauger son aura et sa capacité à se sortir de l’isolement de l’Occident tout en renforçant au sein du bloc économique, la position de son pays résolument engagé dans la recherche d’un ordre mondial beaucoup plus équilibré. Enfin, cette réunion de haut niveau apparaît, pour lui, comme une opportunité de renforcer les partenariats stratégiques au sein du bloc tout en permettant à son pays d’afficher ses liens avec ses alliés dans un contexte de vives tensions avec l’Occident. Et cela est loin d’être un épiphénomène. D’autant plus que ce sommet se tient à un moment où la Russie fait mieux que de résister à la coalition occidentale engagée derrière Kiev dans la guerre en Ukraine, au regard du terrain que Moscou ne cesse de gagner militairement au pays de Volodymyr Zelensky. C’est dire que ce sommet à domicile est une opportunité pour Poutine, d’élargir le cercle de ses alliés, au-delà des adversaires traditionnels de son grand rival américain que sont la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. C’est dire aussi si ce sommet de Kazan est loin d’être un sommet de plus. D’autant plus qu’il est le premier rassemblement des pays des BRICS, depuis l’ouverture du bloc à de nouveaux adhérents. En effet, de cinq au départ en 2010 après le ralliement de l’Afrique du Sud au quatuor de pays créateurs des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), les BRICS se sont élargis en s’ouvrant à de nouveaux membres pour en compter aujourd’hui le double, avec l’admission de l’Egypte, l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Ethiopie et les Emirats arabes unis.
Le sommet de Kazan met en évidence la dynamique changeante de l’ordre mondial
Et à en juger par la flopée de prétendants qui ne cessent de toquer à la porte, on est tenté de dire que c’est un regroupement qui a fait la preuve de sa fiabilité et de son attractivité. Et qui est bien parti pour faire de la multipolarité, une réalité dans le monde. Même si l’un des objectifs est aussi de faire contrepoids au système occidental. Toujours est-il qu’en présentant les BRICS comme une alternative à l’hégémonie occidentale dirigée par les Etats-Unis et leurs alliés, le sommet de Kazan met en évidence la dynamique changeante de l’ordre mondial, avec des économies émergentes décidées à jouer un rôle majeur dans les échanges et désireuses de compter et de se faire entendre davantage sur la scène internationale. Pour le reste, en plus de refléter la défiance de la Russie à l’égard de l’Occident, ce sommet qui traduit aussi l’influence grandissante des BRICS sur la scène internationale, apparaît comme un pied de nez du locataire du Kremlin à la Cour pénale internationale (CPI) qui a décerné un mandat d’arrêt international contre lui. Ce qui l’avait empêché de participer au précédent sommet des BRICS tenu l’année dernière en Afrique du Sud. En tout état de cause, au moment où le regroupement enregistre de nouveaux adhérents en plus des nombreux prétendants qui frappent encore au portillon, il appartient aux BRICS de travailler à consolider les liens du bloc de sorte à éviter que les rivalités latentes ou historiques entre certains pays membres, ne fragilisent la bonne marche et la cohésion du groupe.
« Le Pays »