RETOUR DE TRUMP A LA MAISON BLANCHE : L’Amérique peut-elle encore faire rêver l’Afrique ?
Quatre ans après avoir quitté la Maison Blanche, Donald Trump signe son retour au Bureau ovale à l’issue de la présidentielle du 5 novembre dernier, remportée haut la main devant Kamala Harris, la candidate des Démocrates. Un retour aux allures de revanche pour l’ancien président républicain qui avait échoué à enchaîner un second mandat consécutif en 2020, face au démocrate Joe Biden, après un premier mandat plutôt controversé. Mais qu’à cela ne tienne, puisqu’à la faveur du scrutin de mardi dernier, le milliardaire américain a réussi la prouesse de signer son retour à la tête de la nation la plus puissante au monde, là où certains ne vendaient pas cher sa peau. Et, à 78 ans, cette victoire sonne comme une résurrection politique pour le magnat de l’immobilier qui n’a jamais voulu reconnaître sa défaite en 2020, et qui avait laissé une mauvaise image de lui en tentant maladroitement d’inverser les résultats. Et quid de son discours qui avait abouti à l’invasion du Capitole par ses partisans en janvier 2021 ? Cette victoire signe aussi la fin d’une campagne marquée par la violence et axée sur la peur tant le natif de New-York se sera montré très offensif et peu enclin à admettre une éventuelle défaite.
Avec Donald Trump, l’Afrique n’aura pas d’autre choix que de travailler à compter sur ses propres forces
Toujours est-il que sauf erreur, depuis le 20e siècle, c’est la deuxième fois aux Etats-Unis qu’un président perd la confiance du peuple dans les urnes et revient de la sorte au pouvoir par la grande porte. C’est dire tout le mérite de l’iconoclaste chef d’Etat américain dont la victoire est riche en enseignements. Car, en plus de donner une résonnance particulière à la célèbre formule « Yes we can » de Barack Obama, le triomphe de Donald Trump sur Kamala Harris, pose la question de savoir si l’Amérique est prête à se laisser diriger par une femme. La deuxième leçon que l’on peut en tirer, est l’imprévisibilité du peuple américain. Car, qui aurait vendu cher la peau de Donald Trump et parié sur son retour après l’invasion du Capitole ? Ceci étant, il ne faut pas oublier que pour les Américains, la démocratie, c’est d’abord l’économie. Et sur ce plan, l’ancien-nouveau président républicain n’a jamais caché sa volonté de donner à l’Amérique, toute sa grandeur. Et son fameux slogan « America first » résonne encore dans les oreilles des Africains qui ont expérimenté à leurs dépens, son désintérêt total pour un continent où il n’a jamais daigné mettre les pieds lors de son premier mandat, et qu’il n’a pas porté de gants pour le traiter de « pays de merde ». La question qui se pose maintenant est la suivante : qu’est-ce que le continent noir peut attendre du retour du « Grand Blond » à la tête du pays de l’Oncle Sam ? Et surtout, si l’Amérique peut encore faire rêver l’Afrique. La question est d’autant loin d’être saugrenue qu’au-delà de son désamour à la limite du mépris pour le continent noir, vu d’Afrique, le mari de Melania est loin d’être un modèle, en ce qu’il apparaît comme celui qui a vendangé les acquis de la démocratie dans son propre pays en introduisant la violence en politique.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le visage du monde pourrait connaître de nouveaux changements
Et si son retour aux affaires augure plutôt de manques à gagner pour l’Afrique en termes d’aides et d’appuis, il pourrait tout aussi bien signer un nouveau printemps des satrapes sur un continent en pleine mutation sur fond d’un souverainisme de plus en plus revendiqué. Autant dire qu’avec Donald Trump, l’Afrique n’aura pas d’autre choix que de travailler à compter sur ses propres forces. Mais moins qu’un mal, cela peut être un bien pour l’Afrique. Ceci étant, on connaît l’homme et on connaît sa philosophie qui ne changera pas du jour au lendemain. Et il y a autant de raisons de croire qu’avec son retour à la Maison Blanche, le visage du monde pourrait connaître de nouveaux changements. A commencer par la guerre en Ukraine qui pourrait prendre une autre tournure, quand on connaît la position du nouveau locataire de la Maison Blanche qui a toujours prôné la désescalade dans ce conflit en affirmant avoir un plan de paix, et pour qui « cette guerre n’aurait jamais dû avoir lieu ». En tout état de cause, maintenant que Trump is back, c’est toute l’Amérique qui retient son souffle en attendant de voir quelle orientation il donnera à son second mandat. Quant à l’Afrique, elle sait déjà à quoi s’en tenir dans un monde devenu multipolaire, et où un recentrage de l’Amérique sur elle-même pourrait dicter la conduite à tenir en termes de partenariats à nouer dans un sens ou dans l’autre.
« Le Pays »