INVESTITURE DU NOUVEAU PRESIDENT MOZAMBICAIN SUR FOND DE FORTES TENSIONS : Le FRELIMO doit savoir lire le signe des temps
Déclaré vainqueur de la présidentielle du 9 octobre dernier, le nouveau chef de l’Etat mozambicain, Daniel Chapo, par ailleurs candidat du parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), prête serment ce 15 janvier 2025. Et ce, dans un contexte de fortes tensions liées aux contestations postélectorales qui ont déjà laissé sur le carreau, plus d’une centaine de macchabées. Toujours est-il que pour ne rien arranger, l’opposant Venancio Mondlane, qui continue de revendiquer la victoire tout en dénonçant des fraudes, a, de retour d’exil, appelé à une grève générale de trois jours couvrant la prestation de serment, en guise de protestation contre la victoire du candidat du pouvoir. Une façon, comme une autre, de saboter l’événement et qui s’inscrit dans la droite ligne de la contestation de la victoire de l’heureux élu, qui a été entérinée par la Cour constitutionnelle. Et ce, au grand dam de l’opposant qui menaçait pourtant de plonger le pays dans le « chaos », en cas de confirmation des résultats par l’instance électorale suprême. C’est dire si avec la situation explosive, le Mozambique danse sur un volcan.
Les carottes sont définitivement cuites pour le leader de l’opposition
Toujours est-il qu’au regard de la mobilisation de ses partisans toujours prêts à répondre à ses mots d’ordre et autres appels à manifester malgré la répression, tout porte à croire que l’opposant jouit d’une popularité qui peut lui permettre de surfer sur la soif de changement de ses compatriotes, pour continuer à raidir la nuque. Ce qui n’augure rien de bon pour le Mozambique dans un contexte où, au-delà des croquants, des observateurs aussi bien nationaux qu’internationaux dont ceux de l’Union européenne, ont aussi évoqué des fraudes qui entachent la régularité du scrutin. Mais si l’on peut comprendre l’amertume du leader de l’opposition, ce dernier doit savoir raison garder. Car, avec la prestation de serment du nouveau président, on peut dire que les carottes sont définitivement cuites pour lui. En tous les cas, à moins de vouloir pourrir le mandat du nouvel élu ou installer la chienlit dans le pays, on se demande comment le leader de l’opposition pourrait encore obtenir gain de cause. Quoi qu’il en soit, on ne voit pas la Cour constitutionnelle revenir sur sa décision. Pas plus que le soutien de la rue ne semble en mesure d’inverser l’ordre des choses. Il ne sert donc à rien de mettre en péril des vies innocentes dans un bras de fer qui ressemble désormais à un combat d’arrière-garde si ce n’est un combat contre des moulins à vents. Quant au FRELIMO dont le candidat est sorti victorieux de la compétition électorale dans les conditions que l’on sait, il doit avoir le triomphe modeste. Mieux, après cinquante ans de pouvoir en autant d’années d’indépendance du pays, il doit savoir lire le signe des temps. Et il est d’autant plus appelé à changer le fusil de sa gouvernance, d’épaule que derrière ces manifestations monstres de l’opposition, se cachent souvent beaucoup de frustrations des populations désabusées.
Ouvrir des négociations visant à mettre fin aux violences en cours dans le pays
Morceaux choisis de manifestants : « On a des députés qui ont 80 ans et qui se voient encore confier des mandats et des mandats… Ils ne représentent pas le peuple ; ils sont tous du FRELIMO… Le FRELIMO est un système. C’est un petit groupe de personnes qui ne représentent pas le Mozambique, non ». Toujours est-il que le soutien populaire dont bénéficie le leader de l’opposition, est le signe que le parti historique au pouvoir est aujourd’hui loin de répondre aux aspirations du peuple mozambicain. C’est dire si, au-delà de la décision de la Cour constitutionnelle, les résultats fortement contestés de ce scrutin, appellent à une véritable introspection de sa part. Et ce, dans un contexte sous-régional où d’autres partis historiques comme l’ANC en Afrique du Sud ou encore la ZANU-PF au Zimbabwe, pour ne citer que ces deux, connaissent un net recul au sein de leurs opinions nationales respectives dans cette partie australe de l’Afrique. C’est dire aussi la montagne de défis qui attendent le nouveau président, à commencer par l’apaisement du climat social. Il lui appartient donc de savoir tendre la main à l’opposition à l’effet d’ouvrir un dialogue constructif ainsi que des négociations visant à mettre fin aux violences en cours dans le pays. Et ce, dans un contexte où les défis sécuritaires en lien avec l’insurrection islamiste dans le Cabo Delgado et la relance économique, restent des sujets de préoccupations majeures.
« Le Pays »