HomeA la uneRENOUVELLEMENT DU MANDAT DE LA MONUSCO : Pour quels résultats ?

RENOUVELLEMENT DU MANDAT DE LA MONUSCO : Pour quels résultats ?


Le Conseil de sécurité des Nations unies a, le 19 décembre 2025, prorogé, à l’unanimité et ce, pour un an, le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et, à titre exceptionnel, sa brigade d’intervention. Elle a également décidé, par la résolution 2808, de maintenir un effectif maximum autorisé de 11 500 militaires, 600 observateurs militaires et officiers d’état-major, 443 policiers et 1 270 membres d’unités de police constituées. Entre autres missions à lui confiées, la protection des populations, la stabilisation du pays et l’appui institutionnel. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la prorogation du mandat de la MONUSCO jusqu’au 20 décembre 2026, intervient au lendemain de la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda qui, malheureusement, a volé en éclats avant même que l’encre ayant servi à sa signature, ne sèche. Autant dire que la décision de l’ONU intervient au moment où les efforts se multiplient sans pour autant produire de résultats tangibles sur le terrain. A preuve, l’accord entre la RDC et le M23, qui se négocie à Doha, peine à voir le jour de même qu’un cessez-le feu durable. C’est dire tout le défi qui attend la MONUSCO. Du reste, que peut-on encore en attendre de cette mission onusienne qui semble avoir fait la preuve de son incapacité à rétablir la paix en RDC ?  Depuis qu’elle a courbé l’échine face à la pression du M23 lors de la prise de Goma, la MONUSCO a plus brillé par son absence sur le terrain des combats.

 

Tant que la MONUSCO ne disposera pas d’un mandat robuste, il ne faut pas rêver d’une fin des hostilités face au M23

 

D’où la question : à quoi servira ce renouvellement de mandat ?  Pourra-t-il faire bouger les lignes ? On peut en douter. Certes, le mandat de sa brigade d’intervention lui permet d’être présente sur le territoire congolais. Mais tant que la MONUSCO ne disposera pas d’un mandat robuste, comme ce fut le cas en 2013, et qui lui avait permis de mettre le M23 en déroute, il ne faut pas rêver d’une fin des hostilités face à ce mouvement rebelle qui a repris du poil de la bête. On est d’autant plus sceptique que le M23 qui fait détaler les forces congolaises, tels des lapins, sur le terrain, bénéficie d’un soutien de taille de l’armée rwandaise qui compterait 6 000 à 7 000 hommes aux côtés des combattants de Corneille Nangaa, coordonnateur de l’Alliance fleuve Congo (AFC/M23). Certes, on n’est plus au temps où les populations qui souffrent le martyre réclamaient, à cor et à cri, son départ. Mais si la MONUSCO continue de faire montre d’incurie, elle risque de se voir indexée à nouveau par les mêmes populations, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets. Toutefois, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Car, en dépit du scepticisme que l’on peut nourrir quant à la capacité de la force onusienne à ramener la paix au pays de Mobutu Sese Seko, elle pourrait être mise à contribution dans le cadre de la sécurisation des populations d’Uvira. En effet, avant de se retirer de cette localité stratégique du Sud- Kivu qu’il venait de conquérir la fleur au fusil, le M23 avait posé comme condition, que cette ville ne soit pas immédiatement réinvestie par les forces armées congolaises, mais plutôt par une force neutre. Il n’est donc pas exclu que la MONUSCO qui facilite aujourd’hui l’approvisionnement de certaines villes sous contrôle des rebelles du M23, se mue en une force tampon. En tout état de cause, si l’ONU souhaite donner plus de chances à la MONUSCO d’obtenir des résultats et redorer ainsi son blason, elle doit pousser les parties prenantes au conflit, à respecter leurs engagements.

 

Dabadi ZOUMBARA


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