HomeA la uneSORTIE DU PORTE-PAROLE DES FARDC SUR LES FEMMES TUTSI : Un officier supérieur ne devrait pas dire ça !

SORTIE DU PORTE-PAROLE DES FARDC SUR LES FEMMES TUTSI : Un officier supérieur ne devrait pas dire ça !


Il est désormais considéré comme l’une des victimes de la guerre qui se mène actuellement dans l’Est de la République démocratique du  Congo (RDC) où les forces armées congolaises sont aux prises avec les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23 soutenus par le Rwanda. Le général-major Sylvain Ekenge, par ailleurs porte-parole des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo), puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été suspendu pour avoir tenu des propos jugés « stigmatisants » envers les femmes tutsi. En effet, évoquant une stratégie d’infiltration du Rwanda, le général-major a laissé entendre que cela pourrait passer par des relations familiales ou matrimoniales, mettant directement en cause les femmes tutsi. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une véritable levée de boucliers aussi bien en RDC qu’au plan international ; les uns et les autres jugeant inadmissibles les propos de l’officier congolais. Si Kigali parle de « menace grave pour la paix régionale », Bruxelles, elle, se dit « extrêmement choquée » par une telle dérive langagière. C’est dire si les forces armées congolaises n’avaient pas d’autre choix que de sacrifier leur porte-parole au risque de donner l’impression de cautionner une haine nourrie et entretenue contre les Tutsi. Car, il faut le dire, dans ce contexte pour le moins tendu, les propos de l’officier congolais peuvent jeter la communauté tutsi en pâture, avec tous les risques de débordements que cela comporte.

 

En temps de guerre, la communication est une arme sensible  qu’il faut savoir manier avec dextérité

 

Toute chose qui pourrait en rajouter à la situation déjà très difficile. Car, s’ils ont pris les armes, les rebelles du M23, en majorité des Tutsi, ont toujours estimé que leur communauté est marginalisée pour ne pas dire ostracisée. Et la sortie du porte-parole des FARDC ne fera qu’apporter de l’eau à leur moulin. Franchement, un officier supérieur ne devrait pas dire ça ! Car, en temps de guerre, la communication est une arme sensible  qu’il faut savoir manier avec dextérité au risque de se laisser aller à des excès de langage qui finiront par rendre sympathique l’adversaire. En tout cas, si elles commettent l’erreur de donner une coloration ethnique à la crise sécuritaire qui sévit dans la partie orientale de leur pays, les autorités congolaises risquent de briser le capital de sympathie dont elles bénéficient auprès de certaines grandes puissances qui ont courageusement dénoncé le soutien tacite de Kigali à l’AFC-M23. Sans doute est-ce pour cette raison qu’elles ont décidé de sanctionner l’auteur des propos « stigmatisants » envers les femmes tutsi ? Cela suffira-t-il à calmer le jeu ? On attend de voir. Toujours est-il que le Rwanda a vite saisi la balle du général-major… au bond en déclarant, d’un ton ferme, qu’il ne laissera pas son histoire tragique (en référence au génocide de 1994) se répéter.

 

B.O

 


No Comments

Leave A Comment