ABLASSE OUEDRAOGO A ROCH MARC CHRISTIAN KABORE
Le 13 juillet dernier, Dr Ablassé Ouédraogo a adressé une lettre ouverte au président du Faso avec pour objet : « De l’impérieuse nécessité de clôturer votre dialogue politique et d’aller sans délai au dialogue national inclusif, sincère, ouvert et décisionnel pour répondre aux vraies préoccupations des Burkinabè ». Voici ce que le président de Le Faso Autrement a écrit à Roch !
« Nous nous souviendrons que vous avez organisé, du 15 au 22 juillet 2019, la première réunion des partis de la majorité et d’une partie de l’opposition politique autour des élections de 2020, de la situation nationale et de la cohésion sociale. Le dialogue politique, comme vous l’avez appelé, est co-présidé par le président de l’association des partis de la majorité présidentielle (APMP), une structure informelle, et le Chef de file de l’opposition Politique (CFOP), une institution de la République, avec pour rapporteur le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale. Les travaux de ce dialogue politique, évidemment non inclusif parce que les participants, triés sur le volet, appartiennent au cercle restreint de vos amis, ont conclu un accord pour la tenue des élections couplées du président du Faso et législatives, le 22 novembre 2020. C’était sans compter avec les réalités vécues par les Burkinabè, et tout particulièrement la pénible et dévastatrice guerre sécuritaire à laquelle vous et votre gouvernement n’arrivez pas, jusque-là en tout cas, à trouver la solution idoine. Le rapport de la Représentation nationale, que vous a remis en mains propres, le 8 juillet 2020, le Président de l’Assemblée nationale, à la suite de la visite de terrain des députés dans les cinq régions de notre pays, touchées par le terrorisme, fait des recommandations, dont celle relative spécifiquement à la tenue des élections du 22 novembre 2020. Rappelons que par consensus et à l’unanimité, le pouvoir législatif, séparé du pouvoir exécutif, recommande la prolongation du mandat des députés de la septième législature de douze (12) mois comme l’autorise la Constitution en vigueur en son article 81, le report de la tenue des élections législatives en 2021 et le maintien de l’élection du président du Faso à la date du 22 novembre 2020, pour des raisons de sécurité. L’insécurité empêchera 52 députés, soit 40% de l’Assemblée, de pouvoir battre campagne dans leurs circonscriptions. Cette situation, sans précédent, témoigne de la gravité du contexte et du manque de sécurité sur une bonne partie de notre territoire. Cela aussi permettrait de questionner la légitimité de l’élection présidentielle qui, logiquement, ne pourrait se faire dans ces mêmes circonscriptions. Cela entacherait la légitimité du président du Faso qui sera légalement élu, et pourrait poser de sérieux défis à la paix sociale, la stabilité et la sécurité dans un tel contexte et dans la période post-électorale. Cette situation nouvelle est tout simplement une humiliation pour les parties prenantes à votre dialogue politique que nous avons déjà qualifié de « mascarade », et met clairement un terme à la vie et aux activités dudit dialogue politique non inclusif, organisé entre « petits copains » et qui est très loin de pouvoir apporter les vraies solutions aux problèmes des Burkinabè. Cette cacophonie accentue les divisions entre les Burkinabè et constitue des prémices de conflits que nous enregistrerons certainement tout au long du processus électoral, qui s’ajoutent aux différentes tensions, crises et conflits que nous endurons tous au quotidien. Si vous acceptez notre constat sur la situation actuelle, qui est comme une boule de feu sur une colline, nous voudrions vous lancer un appel renouvelé pour convoquer un dialogue national inclusif, sincère, ouvert et décisionnel, pour pouvoir aller, et sans faire perdre davantage de temps au peuple burkinabè, à la réconciliation nationale, une impérieuse nécessité pour la construction de l’unité nationale et de la Nation burkinabè. Le Burkina Faso se réconciliera avec lui-même et les Burkinabè se réconcilieront entre eux. La réconciliation nationale est l’affaire de tous. Le dialogue national, au-delà de tous les acteurs politiques sans exception, doit impliquer toutes les composantes de la société burkinabè. En effet, les défis auxquels font face les Burkinabè sont au-delà des compétences et des capacités des seuls acteurs politiques, et surtout d’une partie de cette classe politique. Le temps presse pour poser les jalons de la paix et de la cohésion sociale sur toute l’étendue de notre territoire en prenant des actes forts et courageux pour apaiser les tensions et sécuriser tous les Burkinabè. C’est pour cela que nous vous saurions gré de bien vouloir enclencher immédiatement le dialogue national inclusif, sincère, ouvert et décisionnel pour apaiser tous les Burkinabè et aboutir à la réconciliation nationale, à la construction de l’unité nationale et de la Nation. C’est le préalable incontournable pour sécuriser les Burkinabè et le processus électoral. Travaillons tous ensemble pour avoir des élections transparentes, équitables et inclusives afin de renforcer la démocratie, la paix, la sécurité et le vivre-ensemble dans notre cher et beau pays, le Burkina Faso. Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’assurance de notre très haute et respectueuse considération. « Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »
Dr Ablassé OUEDRAOGO
Commandeur de l’Ordre National »