HomeA la uneABLASSE OUEDRAOGO, PRESIDENT DE « LE FASO AUTREMENT »:« Le malheur du Burkina, c’est d’avoir Roch Kaboré à la tête de l’Etat et Zéphirin Diabré à la tête de l’opposition »

ABLASSE OUEDRAOGO, PRESIDENT DE « LE FASO AUTREMENT »:« Le malheur du Burkina, c’est d’avoir Roch Kaboré à la tête de l’Etat et Zéphirin Diabré à la tête de l’opposition »


L’Homme est connu parce qu’il n’a pas sa langue dans sa poche. Hier 20 août 2019, il était face à la presse pour se prononcer sur la situation nationale et surtout sur le dialogue politique tenu du 15 au 22 juillet dernier, à Ouagadougou. « Simulacre de dialogue politique : que retenir de cette nouvelle mascarade du président Roch Marc Kaboré », tel était le thème de la rencontre entre les Hommes de médias et le président du parti « Le Faso Autrement », Dr Ablassé Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Pour lui,  en lieu et place d’un dialogue politique, c’est un dialogue national que le chef de l’Etat devait convoquer, au regard du contexte national.

Le dialogue politique organisé du 15 au 22 juillet dernier « n’est pas du tout inclusif ». C’est en tout cas l’avis du président de « Le Faso Autrement », Ablassé Ouédraogo. Pour lui, c’est un  dialogue politique « d’exclusion », « arrangé entre des amis triés sur le volet »,  qui s’est déroulé en « l’absence d’une importante partie de l’opposition politique ». Selon Ablassé Ouédraogo, les décisions prises « sont biaisées et ne concernent pas toute la nation burkinabè dont les composantes incontournables à savoir la société civile, les syndicats, les religieux, les coutumiers et les autres acteurs politiques, ont été éloignées de la concertation ». « Ce dialogue politique organisé par le président du Faso et ses amis politiques…n’est ni plus ni moins qu’une énième arnaque contre le peuple burkinabè…en vue de s’offrir facilement un second mandat à la tête de notre Etat », a déclaré Dr Ablassé Ouédraogo.

Réagissant à la tenue du dialogue en lui-même, le président de  « Le Faso Autrement » a estimé qu’au lieu d’un dialogue politique, c’est un dialogue national inclusif, ouvert,  qui aurait dû être initié par le chef de l’Etat, au regard de la « crise multidimensionnelle jamais égalée » que vit le Burkina. « Le Burkina Faso n’a pas, aujourd’hui, besoin d’un dialogue politique. Aller s’asseoir et parler du Code électoral, de documents de votation, dans une situation où votre pays n’existe même plus… Avant de penser aux élections, il faut vous assurer que vous avez un pays sécurisé, dans lequel il y a une mobilité, où on peut organiser des activités », a-t-il martelé.Sur la participation de l’opposition aux travaux, le président Ablassé Ouédraogo s’est interrogé sur la légitimité du CFOP, Zéphirin Diabré.

« Le Faso Autrement » est membre du CFOP

A l’en croire, l’opposition conduite par  Zéphirin Diabré « n’est que le cadre de concertation qu’il a mis en place pour avoir la mainmise sur l’institution CFOP, alors qu’il n’en est que le porte-parole ». Mieux, a-t-il soutenu, la situation au  sein du parti du Lion a évolué avec l’exclusion du député élu du Bazèga, Elisée Kiemdé, et la formation du groupe parlementaire Renouveau démocratique avec 13 députés qui ont conservé leur mandat d’élus UPC, mais qui soutiennent  et travaillent ouvertement avec le pouvoir en place.

Pour lui, cette nouvelle configuration de 14 députés UPC « hors du contrôle du parti », a fait perdre à Zéphirin Diabré « toute légitimité pour prétendre être de l’opposition politique dans la mesure où tout un groupe parlementaire a basculé dans le soutien et l’appartenance au pouvoir ».  « De ses 33 députés au départ, aujourd’hui, 14 députés n’épousent pas ce que le parti fait. Le groupe parlementaire Renouveau démocratique vote les lois, soutient le pouvoir. Comment Diabré peut-il s’asseoir et dire qu’il fait partie de l’opposition quand une partie de ses députés travaillent pour le pouvoir. 

Pour qu’il soit légitime, il doit exclure les 13 députés en plus de Kiemdé qui est exclu et il lui restera 19 députés vrais opposants. Il est vrai que c’est le parti ayant le plus de députés qui est CFOP, mais si vous dégringolez de 33 à 19 députés, ne pensez-vous pas qu’il y a eu une érosion dans votre crédibilité, votre légitimité ? », a-t-il demandé. Ablassé Ouédraogo n’a pas manqué de déplorer la désunion, la division au sein des partis politiques de l’opposition.

A son avis, «  si le schéma actuel demeure au sein de l’opposition politique, le président Kaboré a un boulevard tout tracé pour sa reconduction pour un second mandat en 2020 ». Et pour tous ceux qui se demandent si « Le Faso Autrement » est membre du CFOP ou pas, Ablassé Ouédraogo a été on ne peut plus clair : « Le Faso autrement a fait sa déclaration publique d’appartenance au CFOP le 21 juillet 2016. Donc, nous sommes membres du CFOP. Ce dont nous ne sommes pas membre, c’est ce que Zéphirin Diabré  a mis en place, appelé cadre de concertation des partis politiques. Ledit  cadre de concertation n’est pas le CFOP. C’est malheureux qu’on n’associe pas tout le monde à ses réunions.  Il  a mis en place cette structure et invite qui il veut. Diabré sait que le Faso Autrement est membre du CFOP mais malheureusement, il ne nous a jamais convoqué ou invité à aucune de ses réunions. Nous n’allons pas le forcer et  aller nous asseoir ».

Pour M. Ouédraogo, jamais le pays ne s’est porté aussi mal et l’évolution de la situation sécuritaire qui « dépasse l’entendement »,  a fait que les « amis et partenaires de notre pays ont presque fini de peindre la carte sécuritaire tout en rouge ».  « Le malheur du Burkina Faso, sa malchance, c’est d’avoir aujourd’hui Roch Kaboré à la tête de l’Etat et Zéphirin Diabré à la tête de l’opposition », a lancé Ablassé Ouédraogo. Comme il l’a toujours dit, le président Ablassé Ouédraogo a exhorté le chef de l’Etat à se « résoudre en son âme et conscience à tirer les conséquences et ainsi libérer le Burkina et les Burkinabè en offrant tout simplement sa démission ». Car, a-t-il indiqué, le serment prononcé par le chef de l’Etat lors de son investiture le 29 décembre 2015 de protéger les citoyens et l’intégrité du territoire, a été largement trahi.

En tout état de cause, « Le Faso Autrement » a dit se  démarquer de cette  « mascarade de dialogue politique » et a invité les populations à « plus de vigilance et d’engagement politique pour que les échéances de 2020 soient l’occasion unique ou jamais de remettre le pays sur le chemin de la sécurité, de la stabilité, du développement économique et social durable ». Aussi a-t-il réaffirmé son attachement à soutenir un dialogue engageant véritablement le pays sur le chemin de la réconciliation nationale des Burkinabè entre eux, et du Burkina avec lui-même, et qui est acceptée par tous.

 

Colette DRABO


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