ACHAT DES CONSCIENCES, FRAUDES ELECTORALES… EN AFRIQUE :Tant qu’il y aura la misère et l’ignorance…
Les élections locales du 29 juin 2014, au Sénégal, n’ont pas encore fini de faire parler d’elles. Selon certains acteurs politiques et de la société civile, notamment le secrétaire général de la Rencontre africaine des droits de l’Homme (RADHO), il y a eu des achats de consciences. Fort heureusement, cela, a-t-il relevé, n’a pas changé les résultats car les citoyens ont voté en toute âme et conscience.
Le combat pour l’alternance n’est pas perdu d’avance
On peut dire que cela témoigne de la maturité politique des électeurs. En tout cas, c’est la preuve que les Sénégalais ont une conscience citoyenne forte et des convictions politiques. Et il faut s’en féliciter car des électeurs d’un tel niveau de maturité politique, ne courent pas les rues sous nos tropiques. Mais, d’ores et déjà, on peut dire que le combat pour l’alternance en Afrique n’est pas perdu d’avance. Il est vrai que ce n’est pas demain la veille que tous les pays africains parviendront à réaliser l’alternance car beaucoup de facteurs empêchent toujours les citoyens de pouvoir choisir librement les Hommes qu’ils croient capables de les diriger. L’achat des consciences est une pratique qui a la peau dure sur le continent noir. Et tant que prévaudront la misère et l’ignorance, le chemin vers l’alternance en Afrique sera, pour longtemps encore, semé d’embûches. Par ailleurs, tant que nos codes électoraux ne seront pas débarrassés de leurs scories, tant qu’on n’aura pas des textes qui sanctionnent sévèrement ceux qui comptent sur les achats de consciences pour remporter des élections, l’alternance restera toujours un mirage en Afrique. Mais comme on le dit, quelle que soit la durée de la nuit, le jour finit toujours par se lever. Les peuples commencent à prendre conscience que leurs voix comptent, qu’elles peuvent changer leur destin. Et c’est tant mieux si les dirigeants du continent finissent par se convaincre, sur le terrain, que l’argent et autres cadeaux ne peuvent plus tout acheter. Qu’on aimerait tant que l’exemple du Sénégal fasse tache d’huile sur le continent !
La corruption électorale fausse les règles du jeu
Mais la solution, évidemment, ne peut que venir des peuples eux-mêmes qui doivent prendre conscience qu’ils ont, entre leurs mains, le pouvoir de sanctionner leurs dirigeants en votant librement. Bien sûr, il s’agit d’un challenge que les électeurs seuls ne peuvent gagner. Car, pour mettre fin à ces pratiques dignes des républiques bananières, il faut que la société civile s’implique fortement dans la sensibilisation des citoyens. Car il est connu de tous que la corruption électorale fausse toujours les règles du jeu.
Si le pouvoir de Macky Sall n’a pas réussi à remporter ces élections locales malgré la distribution des vivres et autres gadgets à Dakar, c’est parce que le peuple sénégalais a une grande tradition démocratique. Ce qui n’est pas le cas pour bien des pays africains où les pouvoirs ont toujours usé de cette pratique pour se tirer d’affaire.
En tout état de cause, il y a urgence pour les partis politiques, surtout ceux de l’opposition, et pour les organisations de la société civile, à contraindre les princes qui nous gouvernent de mettre en place des codes électoraux qui bannissent toutes formes de corruption électorale. Cela doit passer par des sanctions, s’il le faut, à l’encontre des contrevenants, pour la garantie d’un jeu équitable lors des élections.
Dabadi ZOUMBARA