ADHESION ANNONCEE DU GABON AU COMMONWEALTH
Le Gabon va-t-il rejoindre bientôt le Commonwealth ? C’est la question qu’on est en droit de se poser au regard de l’actualité qui prévaut au pays d’Omar Ondimba Bongo. En effet, une délégation du Commonwealth a séjourné récemment au Gabon. Et ce n’est pas tout. Le président gabonais, Ali Bongo, s’est, lors de sa visite de travail à Londres, entretenu, le 11 mai 2021, avec la Secrétaire générale de cette organisation des pays anglophones. Et le contenu des tweets à l’issue de l’entrevue, laisse penser que le Gabon pourrait devenir le 55e pays membre dès le prochain sommet de l’Organisation qui aura lieu à Kigali au Rwanda, le mois prochain. Si cette adhésion venait à être actée, ce serait un tournant historique pour ce petit pays de l’Afrique centrale. C’est d’autant plus vrai que l’anglais deviendrait la deuxième langue officielle de ce pays. Le Gabon va-t-il donc rompre les amarres avec la France au profit du Commonwealth ? Tout porte à croire que oui. Et on ne saurait le blâmer pour cette volonté de changer de cap. En fait, on ne le sait que trop bien, les Anglophones semblent plus pragmatiques que les Français surtout en matière d’affaires. Et le Gabon qui, jusqu’à l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir en 2009, était considéré comme le pilier de la Françafrique, le sait mieux que quiconque. Toujours est-il que si le Gabon a décidé de prendre ce virage à 180 degrés, c’est qu’il ne semble pas satisfait du bilan des soixante ans de coopération avec l’Hexagone. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que le Gabon a longtemps été perçu comme la vache à lait de la France ? Le temps des relations étroites voire incestueuses entre Omar Bongo et les présidents français, est bien révolu.
La Françafrique n’a plus le même visage ni le même contenu
Même si la France est restée proche du Gabon et demeure un allié stratégique, l’on fait le constat qu’elle a perdu du terrain depuis la succession dynastique d’Ali Bongo à son père. Des partenaires au portefeuille lourd et plus pragmatiques, comme la Chine, ont détrôné la France de sa place de premier partenaire économique du Gabon. Tant que le pétrole coulait à flots, pour des sociétés françaises comme Elf, avec en contrepartie, la protection du régime, il ne serait jamais venu à l’idée d’un dirigeant gabonais de lâcher la France. Mais la Françafrique qui, autrefois régnait en maître, n’a plus le même visage ni le même contenu sur le plan économique. Le Gabon qui finançait, grâce à la manne provenant de son pétrole, certains hommes politiques français pour qu’ils accèdent au palais de l’Elysée, traverse aujourd’hui une zone de turbulences sur le plan économique. D’où la nécessité, pourrait-on dire, pour Ali Bongo d’explorer d’autres cieux. Autant dire que cette volonté d’adhérer au Commonwealth pourrait se justifier par la volonté du Gabon de diversifier ses partenaires. Cela dit, ce projet va-t-il permettre au Gabon d’amorcer son décollage économique, social et politique ? On attend de voir. En tout cas, s’il réussit, il pourrait faire encore des émules sur le continent, après le cas rwandais. Ce d’autant qu’il ne fait l’ombre d’aucun doute que le système éducatif de bien des pays francophones, est aujourd’hui en panne et mérite une thérapie de choc. Mais Ali Bongo aurait tort de croire que la simple adhésion au Commonwealth lui permettra de réaliser des miracles. S’il veut réellement sortir son pays du sous-développement, il doit et cela est un euphémisme, pratiquer la bonne gouvernance. Tant que la démocratie sera en trompe l’œil, le développement du Gabon restera un mirage. L’on se demande d’ailleurs si le Gabon remplit pleinement aujourd’hui les critères nécessaires pour adhérer au Commonwealth. En tout état de cause, il appartient à Londres d’en juger et de dire si ce nouvel élève est digne d’avoir sa place dans cette communauté qu’est le Commonwealth.
Dabadi ZOUMBARA