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AFFAIRE AGATHE HABYARIMANA


L’ex-première dame du Rwanda vient d’être déboutée par la Justice française. En effet, Agathe Habyarimana, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, fait l’objet d’une enquête pour « complicité de génocide et de crimes contre l’humanité ». Soupçonnée d’être l’un des cerveaux du massacre de 1994 dirigé contre les Tutsis, elle a vu sa demande de non-lieu introduite par ses avocats, rejetée par la Cour d’appel de Paris et ce, après près de 14 ans de procédure. En rendant une telle décision qu’elle n’a d’ailleurs pas motivée, la Justice française qui donne l’impression de marcher sur des œufs, ne satisfait personne.  Ni les avocats d’Agathe Habyarimana ni ceux des parties civiles qui ont été à l’origine de la plainte contre la native de Gisenyi. Ils sont tous restés sur leur faim ; certains n’hésitant même pas à s’interroger sur les raisons politiques de cet arrêt. Ils n’ont peut-être pas tort quand on sait que depuis peu, la France fait des pieds et des mains pour se rapprocher du régime de Kigali. Si fait que les autorités françaises n’ont de cesse de caresser le président Paul Kagame dans le sens du poil. Rappelons qu’à la faveur du déplacement du président Emmanuel Macron, la France avait procédé à la nomination d’un nouvel ambassadeur à Kigali, qui avait finalement été accepté par les autorités rwandaises  et ce, après plusieurs années de brouilles diplomatiques.

 

 

La France ne veut pas en rajouter à la colère de Kigali en refusant d’ouvrir un procès contre elle sur son sol

 

 

 

Dès lors, on comprend pourquoi, de peur d’effaroucher le maître de Kigali, la Justice française, dans l’affaire Agathe Habyarimana, s’est gardée de se prononcer sur le fond du dossier. Elle ne veut pas prendre le risque de contrarier Paul Kagame qui, pas plus tard qu’en mai dernier, déclarait, haut et fort, en présence de Macron, qu’Agathe Habyarimana figurait en « tête de liste » des suspects qui devraient répondre devant la Justice pour leur implication présumée dans le génocide qui a coûté la vie à plus de 800 000 Tutsis. En d’autres termes, la France qui, on le sait, a déjà clairement refusé d’extrader la veuve de Juvenal Habyarimana, ne veut pas en rajouter à la colère de Kigali en refusant ostensiblement d’ouvrir un procès contre elle sur son sol. On se rappelle encore qu’il y a quelques années, les autorités françaises, pour faire un clin d’œil à Kagame, avaient rejeté la demande d’asile de dame Habyarimana qui vit pourtant à Paris depuis bientôt trois décennies. En fait, il s’agit là tout simplement d’un jeu politico-diplomatique trouble sur fond de manipulation de la Justice dont il est difficile d’en prévoir l’issue.

 B.O


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