HomeA la uneAFFAIRE GANA GUEYE  : Le footballeur sénégalais gagnera-t-il son match contre les homophiles ?

AFFAIRE GANA GUEYE  : Le footballeur sénégalais gagnera-t-il son match contre les homophiles ?


Gana Gueye, droit dans ses bottes, a refusé de monter sur le carré vert, le samedi dernier, pour le match opposant son club, le Paris Saint-Germain (PSG), à Montpellier. Ce jour-là, les joueurs de la ligue 1 française, comme ils le font depuis 4 ans, s’associaient à la lutte contre l’homophobie en arborant un maillot arc-en-ciel. L’absence du lion de la Teranga sur le gazon, n’est pas passée inaperçue en raison d’un passif non encore épongé. En effet, l’année dernière, à la même occasion, le footballeur sénégalais, prétextant une « gastro-entérite », ne s’était pas présenté sur le terrain.  Il n’en fallait pas plus pour déclencher, ce coup-ci, dans l’opinion nationale française, un véritable tsunami où les hommes politiques n’ont pas manqué l’occasion de ravir la vedette aux stars du football. La sortie la plus remarquée est celle de Valérie Pécresse. « Les joueurs d’un club de football sont des figures d’identification pour nos jeunes. Un refus d’Idrissa Gueye de s’associer à la lutte contre l’homophobie ne pourrait rester sans sanction », a-t-elle laissé entendre en interpellant directement le PSG.

 

L’homme reste attaché à ses convictions personnelles dictées par ses croyances religieuses

 

Un peu avant cette sortie médiatique de la candidate malheureuse à la dernière présidentielle française, l’association de lutte contre l’homophobie dans le sport, Rouge Direct, a estimé que l’homophobie n’était pas une opinion mais un délit et a réclamé, par conséquent, des sanctions. Même si l’on ne peut dire que ces condamnations et appels aux sanctions font l’effet de l’eau sur les plumes d’un canard pour le footballeur sénégalais, il est, en tout cas, clair que l’homme reste attaché à ses convictions personnelles dictées comme il a pu le laisser entendre, par ses croyances religieuses. Et ce ne sont d’ailleurs pas les soutiens qui lui manquent pour maintenir sa position. Le président sénégalais, Macky Sall, dans un message Twitter, a soutenu le joueur et a appelé au respect de ses convictions religieuses. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la position du Chef de l’Etat sénégalais est largement partagée au Sénégal et en Afrique. Mais ce soutien populaire dont bénéficie Gana Gueye sur le continent, suffit-il à le soustraire d’éventuelles conséquences de sa prise de position ? Rien n’est moins sûr dans la mesure où au plan individuel, le tollé soulevé par son attitude peut en lui-même impacter son rendement sur le terrain. En effet, l’on imagine que le djambar ne pourra pas donner le meilleur de lui-même devant des spectateurs qui lui sont hostiles et qui partent d’ailleurs avec des a priori racistes à son encontre. L’on garde tous en mémoire ces joueurs qui ont craqué en plein match, face aux injures racistes de supporteurs européens qui, à coup sûr, ne manqueront pas, à l’occasion, de jeter des peaux de bananes au joueur sénégalais. L’autre motif de croire que l’attitude de Gana Gueye ne restera pas sans effet, ce sont les pressions exercées sur les dirigeants du Paris Saint Germain. Pour l’instant, le staff du club garde le silence, se contentant de rappeler que le PSG reste complètement engagé dans la lutte contre l’homophobie et les discriminations mais rien ne dit que si la tempête politico-médiatique devrait continuer à soulever des vagues, il ne cèderait pas.

 

On peut  se demander si l’on ne cherche pas à faire du joueur sénégalais, une victime expiatoire

 

 Dans ce cas de figure, l’on pourrait même envisager le pire pour Gana Gueye, c’est-à-dire être contraint de quitter son club. Mais pour en arriver à cette extrémité, le club parisien devrait réfléchir par deux fois. Et parmi les questions qu’il devrait se poser et dont les réponses devraient être déterminantes, l’on peut noter les suivantes : les dispositions contractuelles avec Gana Gueye incluaient-elles l’obligation de renoncer à ses convictions personnelles et religieuses au nom des valeurs portées par son club ? Si tant est que l’homophobie soit un délit en France, le PSG peut-il se substituer au juge pour prendre des sanctions à l’encontre de son joueur ? Le refus d’arborer le maillot arc-en-ciel peut-il en lui-même être assimilé à un acte d’homophobie ? L’on imagine que les réponses à ces interrogations de fond, ne sont pas aisées mais l’on sait, comme le rappelle un proverbe bien connu de chez nous, que  « quand bien même on danserait dans de l’eau, les ennemis y verraient toujours de la poussière ». Qu’à cela ne tienne, Gana Gueye partira de son club la tête haute et en parfaite osmose avec ses frères africains qui, dans leur grande majorité, refusent d’admettre l’homosexualité comme un droit et une valeur à promouvoir. L’on peut d’ailleurs se demander si l’on ne cherche pas à faire du joueur sénégalais, une victime expiatoire de cette aversion que les Africains ont pour l’homosexualité. En tout cas, l’on n’est pas loin de le penser dans la mesure où de grandes figures africaines, à commencer par le président sénégalais, Macky Sall lui-même, n’ont pas fait mystère de leur aversion pour l’homosexualité, sans pour autant être mis au banc des accusés par ceux-là mêmes qui veulent la tête de Gana Gueye. Mais que le joueur soit sacrifié sur l’autel de l’homophobie, il n’en demeure pas moins qu’il constitue un modèle d’engagement pour la défense des valeurs sociales et culturelles de l’Afrique si souvent contrainte à être la poubelle de l’Occident qui, convaincue de la supériorité de ses valeurs, en a fait une périphérie marginale.

 

« Le Pays »     


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