HomeA la uneAFFRONTEMENT A LA COUR ROYALE DU CANTON DE BANFORA : Des blessés enregistrés, des biens détruits

AFFRONTEMENT A LA COUR ROYALE DU CANTON DE BANFORA : Des blessés enregistrés, des biens détruits


Les événements dans la cour royale du canton de Banfora ont gagné en intensité dans la nuit du 11 au 12 mars 2019. Selon des témoignages, un groupe de personnes a fait irruption et exigé l’arrêt de la cérémonie alors que la danse au son du balafon, qui constitue l’un des derniers actes des funérailles, battait son plein. Le bilan des altercations qui s’en sont suivies fait état de quelques blessés, du saccage de deux motos. Quatre personnes, dont un dozo, ont été alpaguées par les proches de la famille de Yoyé Héma.

La nuit du 11 au 12 mars 2019 a été très mouvementée dans la cour royale du canton de Banfora. Les deux camps en désaccord par rapport à l’organisation des funérailles de la maman du défunt chef Héma Yoyé se sont une fois de plus affrontés, occasionnant encore des blessés dont un a été conduit illico presto aux urgences du CHR alors qu’il était tombé en syncope. Selon des témoins, les protagonistes de la crise se sont une fois de plus livrés à des jets de pierres, à des courses-poursuites entre les maisons de la cour royale et à des bastonnades à l’aide de gourdins. Dans ces échauffourées, quatre jeunes, accusés d’agir au compte de l’intérimaire Sibiri Héma, ont même été capturés et gardés par l’autre camp jusqu’en fin de matinée du 12 mars 2019. A notre passage, ils étaient toujours gardés dans une chambre au sein du palais et les membres de la cour disaient attendre que la sécurité à laquelle ils ont fait appel, vienne les emmener. Selon le protocole du défunt chef de canton, qui nous a présenté leurs armes blanches et amulettes, ce sont pourtant des enfants de la famille royale sauf qu’ils résident, eux, à Tangora, village situé à une dizaine de kilomètres de Banfora. Au milieu de la cour, on pouvait constater les traces de la violence. En effet, juste à quelques mètres de la tombe de Yoyé Héma, se trouvaient, l’une sur l’autre, deux motos retirées aux soi-disant « assaillants » et saccagées. « On a frôlé la catastrophe hier. Il y a des blessés que nous avons vus et il y en a que nous n’avons pas encore vus », relate Cétou Hélène Kaboré/Héma, une des nièces du défunt chef Héma Fadouga Gnambia, père de Yoyé Héma, qui, lui aussi, n’est plus de ce monde. Elle explique que « Hier dans la nuit, il y a le balafon qui jouait pour clore les funérailles de la maman de Yoyé Héma. Ils (les soutiens de l’intérimaire Sibiri Héma) sont venus faire arrêter tous les balafons qui jouaient. C’est à ce moment que la bagarre a commencé avec les enfants qui, visiblement, avaient du mal à accepter une telle imposition. Pour leur passage en force, Sibiri Héma et Mamadou Ouattara Pantiori avaient mobilisé des groupes de dozos et de jeunes. Mais face à la résistance des nôtres, certains d’entre ces dozos et jeunes recrutés par Sibiri Héma se sont retranchés dans une des maisons et, jusqu’à l’heure (9 heures un quart environ) où nous parlons, ils ne sont pas sortis. D’ici, nous voyons qu’on leur amène à manger », poursuit dame Kaboré qui, au passage, demande aux forces de l’ordre qu’ils avaient déjà saisies de cette présence de dozos dans la cour royale, de tout faire pour venir les prendre parce que « nous ne pouvons pas assurer la sécurité de quelqu’un ici. Nous avons beaucoup parlé ; tout cela, pour que nos jeunes ne touchent pas à un seul de leurs cheveux. Le palais n’est pas une prison, nous non plus nous ne sommes pas des forces de l’ordre, on ne peut pas détenir quelqu’un ici », martèle-t-elle tout en déplorant le fait que durant la nuit, personne n’est venu à leur secours alors qu’ils étaient assaillis. Pour Minata Koné, nièce du défunt chef Fadouga Gnambia, la nuit du 11 au 12 mars 2019 a été une nuit de terreur. « On a pensé qu’avec les différentes interventions, l’intérimaire Héma Sibiri et ses soutiens allaient savoir raison garder. Mais hier, ils ont amené des dozos et des jeunes qu’ils ont recrutés pour venir brûler le palais », affirme-t-elle avant de se demander si tout cela est nécessaire pour avoir la chefferie. « Même en politique, quand vous voulez que les gens votent pour vous, vous les flattez au lieu de vouloir faire la force », martèle-t-elle, amère. C’est donc avec regret qu’elle dit constater que Sibiri Héma veut devenir chef par la force. Ce qui, pour elle, est pratiquement impossible. Minata Koné dit souhaiter que les autorités s’intéressent le plus vite à cette affaire pour éviter que le pire ne se produise. Si cela est nécessaire, soutient-elle, qu’elles aillent voir une fois de plus le chef de canton de Bobo-Dioulasso qui couvre le grand Ouest. Autrement, il faut que les autorités régionales d’ici règlent le problème. A l’entendre, c’est comme si l’Administration reconnaissait déjà Sibiri Héma comme chef de canton de Banfora. « Le couac que je vois dans cette affaire, c’est qu’il y a un document qui circule au niveau de l’administration régionale, que nous qui sommes de la lignée des héritiers du trône, n’avons pas vu. Nous avons été à une convocation des chefs coutumiers de l’Ouest qui a eu lieu à Bobo-Dioulasso avec Sa Majesté de là-bas. Ils nous ont dit ce qui suit : « Faites tout pour organiser les obsèques du défunt chef Yoyé Héma et introniser quelqu’un. Mais en attendant, nous voulons un répondant, dans la cour ». Et c’est ce rôle que le nommé Héma Sibiri joue. Il n’est qu’un répondant, jusqu’à l’intronisation du nouveau chef. Les chefs coutumiers de l’Ouest ont ajouté que lorsque nous allons introniser le chef, si Sibiri Héma souhaite rester comme son émissaire, il n’y aura aucun problème à cela. Mais s’il décline l’offre, sa mission prendra fin à partir de l’intronisation ». Minata Koné poursuit en ces termes : « Nous sommes revenus à Banfora avec ce message. Les mêmes chefs, à Bobo-Dioulasso, nous ont dit en parabole : « Le balafon qu’il porte là, il n’en est pas le joueur et il ne peut pas le jouer ». Mais le document qui circule dans l’Administration, ne semble pas avoir le même contenu. Car, Ouattara Mamadou Pantiori nous a laissé entendre que dans le document, il est dit qu’après les obsèques de feu Yoyé Héma, Sibiri Héma sera confirmé chef de canton. Pourquoi ? Sibiri ne peut pas être chef. Je le dis et j’insiste car c’est nous qui sommes les descendants et non les Sibiri. Nous savons comment on choisit le chef ici, nous faisons partie de ceux qui le font et le dossier de Sibiri ne peut arriver à nous ». Selon toujours Minata Koné, c’est la demi-sœur de Yoyé Héma qui serait à la base de tout ce qui arrive. « La personne qui est en train d’envenimer la situation, on la connaît, c’est la demi-sœur du regretté Yoyé Héma qui se nomme Bintou Héma. Elle a dit que la chefferie lui revenait, mais comme elle est femme, elle la remet à qui elle veut et que son choix se porte sur Sibiri Héma. Ma mère a été la dernière femme du chef. C’est elle qui a fait introniser Yoyé. Mais elle n’est pas allée chercher quelqu’un ailleurs. C’est un rôle qui se donne dans la lignée depuis 6 générations. Ça ne tourne pas ». Au moment où nous bouclions cet article, nous apprenions auprès de la famille de Yoyé Héma que la police, après s’être rassurée qu’elle pouvait le faire sans couac, est venue emmener les jeunes qui avaient été alpagués et gardés dans le palais.

Mamoudou TRAORE
(Correspondant)


Comments
  • C’est bien triste le constat de l’absence de Héma Nayélé la benjamine de Fadouga Héma, partie trop tôt.
    quelle inconscience!

    16 mars 2019
  • Incredible

    31 mars 2020
  • Investor

    6 avril 2020
  • transparent

    21 octobre 2020
  • Granite

    28 octobre 2020

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