HomeA la uneAFRIQUE DU SUD : Bienvenue au Gondwana sous la présidence Gupta  

AFRIQUE DU SUD : Bienvenue au Gondwana sous la présidence Gupta  


 

Jadis respectée pour l’exemplarité de son défunt président Nelson Mandela, l’Afrique du Sud est aujourd’hui en passe de devenir, si ce n’est déjà fait, une nation gondwanaise, eu égard aux nombreuses casseroles  que Jacob Zuma, le 3ème successeur de l’icône de la lutte anti-apartheid, traîne. En effet, depuis un certain temps, le chef de l’Etat sud-africain n’en finit pas avec les déboires. Quand il n’a pas maille à partir avec la justice de son pays, ce sont des affaires de pagne ou de corruption qui s’étalent sur la place publique, au point que le premier des Sud-africains est  régulièrement hué en public après avoir fait l’objet de plusieurs motions de défiance à l’Assemblée nationale. Pire, pour nombre de ses compatriotes, Jacob Zuma a vendu le pays à la famille Gupta, du nom de cette richissime famille d’hommes d’affaires d’origine indienne sous l’emprise de laquelle le président de la nation arc-en-ciel étrennerait son pouvoir. Le 31 mai dernier, il a encore essuyé les foudres de l’opposition au Parlement où il était venu présenter son budget. En effet, à l’occasion, le chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), n’a pas manqué une fois de plus de lui cracher ses vérités.

Jacob Zuma a perdu tout crédit auprès d’une bonne partie de ses compatriotes

Morceaux choisis : « nous ne pouvons pas venir ici et faire semblant que la présidence n’est autre que le quartier général de l’empire Gupta, avec le président agissant pour son intérêt. Le budget que nous débattons ici aujourd’hui n’est autre qu’un deal pour une organisation corrompue. Si nous votons pour ce budget, nous soutenons un Etat mafieux. Ceci est un budget pour le président Gupta… J’en ai assez chaque week-end de lire  que notre pays a été vendu à quelqu’un ». Voilà qui est clair. Bienvenue donc au Gondwana, sous la présidence Gupta, pourrait-on s’écrier ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jacob Zuma a perdu tout crédit auprès d’une bonne partie de ses compatriotes qui ne jurent que par sa déchéance, tant ils sont pressés de le voir quitter le palais de Mahlabandlovu (la « maison de l’éléphant », en Zoulou). Et à l’allure où vont les choses, il y a lieu de croire que se présenter devant le Parlement est devenu pour le président sud-africain une véritable épreuve de nerfs qui doit lui donner des insomnies. En effet, quand ce n’est pas le truculent Julius Malema, transfuge de l’ANC,  qui lui cause du tracas, c’est Mmusi Maimane, le leader de la DA, qui lui vole pratiquement sans détours dans les plumes. Pourtant, quand un chef d’Etat se déplace à la Représentation nationale, cela est habituellement une occasion de solennité. Mais pour Jacob Zuma, cela ne semble pas le cas, depuis qu’il est devenu indésirable par une bonne partie de ses compatriotes. Mais, s’il a jusqu’ici réussi à résister à la tempête des motions de défiances engagées contre lui devant les élus nationaux, c’est indubitablement à cause du soutien indéfectible de son parti, l’ANC (African national congress), majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais, jusqu’à quand pourra-t-il encore continuer à bénéficier de ce soutien qui ressemble, à tout point de vue, à un inexpugnable bouclier pour son pouvoir ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Car, de plus en plus, des lézardes commencent à se dessiner dans la maison ANC où beaucoup de cadres et pas des moindres, commencent à être exaspérés par les multiples frasques et les nombreux dossiers sales de leur président.

L’ANC pourrait regretter amèrement son soutien aveugle à un président qui ne le mérite pas

C’est le cas de l’ex-président Thabo Mbeki, qui a récemment appelé les députés du parti à voter contre le président Zuma, suite à la multiplication des manifestations appelant à sa démission, depuis le remaniement ministériel controversé de fin mars dernier, qui avait vu le limogeage du  ministre des Finances, Pravin Gordhan. Et s’il ne change pas son fusil d’épaule, il n’est pas exclu que la saignée continue dans ses rangs et que Jacob Zuma perde la confiance et le soutien d’autres membres influents du parti ou de simples militants à la base. Car, s’il n’y prend garde, l’ANC pourrait regretter amèrement son soutien aveugle à un président qui ne le mérite pas. Sa déculottée lors des élections municipales d’août dernier où il a été battu par l’opposition dans des métropoles jadis réputées pour être ses fiefs comme Port Elisabeth, Johannesburg, ou encore Pretoria la capitale,  en dit long sur l’état d’esprit des Sud-africains, face à la gouvernance Zuma. A ce rythme, l’on se demande si l’ANC ne payera pas le prix fort lors des prochaines élections, s’il continue à soutenir aveuglément son fantasque président.

En tout état de cause, Jacob Zuma a encore deux ans pour essayer de redresser la barre et reconquérir toute la confiance de son peuple. Mais, le peut-il seulement encore, quand on voit toute la désaffectation et le nombre grandissant de ses compatriotes qui pensent qu’il a totalement vendu le pays et vendangé l’héritage de Madiba ? Cela étant, l’on pourrait dire qu’avec Zuma, l’Afrique du sud est en train de toucher le fond.

 

« Le Pays »


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