HomeA la uneALITOU IDO, PRESIDENT SORTANT DU GROUPE PARLEMENTAIRE UPC : « Notre Assemblée nationale est mal gérée »

ALITOU IDO, PRESIDENT SORTANT DU GROUPE PARLEMENTAIRE UPC : « Notre Assemblée nationale est mal gérée »


Le groupe parlementaire Union pour le progrès et le changement (UPC) a animé une conférence de presse, le jeudi 2 février 2017 à Ouagadougou. Cette conférence a permis à ce groupe de l’Opposition de faire le point de ses activités, de présenter son nouveau bureau et de se prononcer sur la gestion de l’Assemblée nationale sous la 7e législature.    

C’est un bureau du groupe parlementaire UPC renouvelé qui était face à la presse, le 2 février, au siège national « du parti du Lion ». Mais en attendant de passer définitivement la main à la nouvelle équipe, l’ultime occasion a été donnée au président sortant, Alitou Ido, de faire la synthèse des activités de son groupe parlementaire en 2016. Ces activités ont été réalisées, a-t-il insisté, lors de la 1re année de mandature après l’insurrection populaire. Cette période post-insurrectionnelle prône, a rappelé Alitou Ido, le slogan selon lequel « Plus rien ne sera comme avant ». Cette formule connue ne doit pas être qu’un slogan, mais plutôt un comportement intériorisé, a-t-il souhaité, par tout le peuple (dirigeants et simples citoyens). Elle doit se traduire, a ajouté le président du groupe parlementaire UPC, en actes concrets à la Représentation nationale. « Peut-on créer et développer une institution forte comme l’Assemblée nationale avec un homme fort aux commandes ? J’ai de sérieux doutes car l’homme fort a tendance à tout régenter et devient, avec le temps, le centre incontournable sous peine de sanctions, de toutes les décisions importantes. Car peu à peu, les décisions quotidiennes des services doivent obligatoirement attendre son input et peu à peu, les rouages techniques perdent de leur efficacité, puisque les décisions de l’homme fort suppléent maladroitement aux instructions techniques ; les hommes et les femmes ont alors une peur viscérale de perdre leur emploi. Aussi, ils se taisent et subissent. Une fois l’homme fort absent, alors toute l’institution est relaxe et est très à l’aise. Dans un tel climat, peut-on réellement être productif ? Peut-on prendre des initiatives idoines ? », peut-on lire dans la déclaration liminaire lue par Alitou Ido. Et ce n’est pas tout, puisque les députés de l’UPC ont indiqué qu’il faut davantage une attitude racée et très veloutée de l’approche du management de l’Assemblée nationale (AN) afin de ne pas heurter les différentes sensibilités politiques qui la composent. « Du point de vue de la gestion managériale, notre Assemblée nationale est mal gérée. Qui contrôle la qualité et la pertinence de la dépense de l’institution dont le budget s’élève à 15 milliards 400 millions de F CFA ? A cela, il faut ajouter les importants fonds en négociation avancée avec fortes promesses de financement du Plan stratégique de l’Assemblée nationale d’une vingtaine de milliards de F CFA », a déclaré Alitou Ido. Celui-ci a déploré l’absence d’un député de l’opposition au poste de la questure qui aurait dû permettre, a-t-il indiqué, de suivre l’ensemble des flux financiers pour assurer un contrôle interne plus efficace. Toute chose qui a amené le président sortant du groupe parlementaire UPC à soutenir que « « le plus rien ne sera comme avant » ne concernerait nullement ni la gestion managériale ni la gestion financière de l’Assemblée. C’est le territoire incontesté de Salifou Diallo qui y confond à souhait ses deux fonctions : celle de président du MPP, même si c’est par intérim, et celle de président de l’Assemblée nationale ». Quoi qu’il en soit, le groupe parlementaire UPC a proposé plusieurs « recettes » pour assurer, selon les mots de Alitou Ido, une bonne gestion de l’AN. Ainsi, ce groupe de l’Opposition a appellé à une participation active des 2e et 3e vice-présidents de l’AN qui sont de l’opposition à la gestion stratégique du Parlement, car « ils ne jouent que des rôles somme toute cosmétiques. Ouvrir et fermer des ateliers et séminaires et représenter le président aux évènements sociaux ». De même, le groupe parlementaire UPC souhaite qu’une enquête parlementaire de l’Opposition soit diligentée sur la gestion financière de l’AN et que l’Opposition entre dans la questure. Ces préoccupations ont été dévoilées dans leur déclaration liminaire qui a été suivie de questions-réponses. A la question de savoir pourquoi il n’y a pas de démarcation claire et nette de l’opposition par rapport à la majorité sur certains sujets comme l’affaire des tablettes et le million donné à chaque député, Alitou Ido s’en est expliqué. « Nous sommes en train de construire, au sortir de l’insurrection populaire, une démocratie. Pour cela, il faut toutes les composantes. Nous avons une attitude plutôt constructive, mais cette attitude a quand même des limites dont nous sommes proches. Nous serons dans l’obligation, si les choses ne continuent pas de changer en mieux, d’être plus intransigeants. On n’a pas fait l’insurrection populaire pour avoir un homme fort à l’Assemblée nationale ». Que dire de Dr Salifou Diallo accusé ouvertement par le groupe parlementaire UPC d’être un « homme fort » aux commandes du Parlement ? « Le président de l’AN est un homme qui fonctionne sur une logique assez difficile à cerner. Il fonctionne par une capacité à influencer ses vis-à-vis, à imposer une vision et ses vues». Ce constat de Alitou Ido est partagé par Justin Compaoré, le Poé Naaba.   « Simon Compaoré a dit que c’est le président du Faso qui a taillé son pantalon (ndlr : à propos du ministère en charge de la sécurité). Salifou Diallo s’est lui-même taillé son pantalon qui est celui du président (par intérim) de son parti et président de l’AN. Jusqu’à présent, il n’est pas arrivé à entrer dans ses nouveaux habits de président de l’AN », a déclaré Justin Compaoré lors des échanges qui ont donné l’occasion de présenter le nouveau bureau du groupe parlementaire UPC présidé par Daouda Simboro. Quant au président sortant, il a préféré se décharger de cette fonction pour s’occuper, a-t-il dévoilé, de ses « ignames ». En fait d’ignames, Alitou Ido veut s’occuper de ses chantiers à Bamako au Mali, qu’il doit suivre de près. « Je n’ai pratiquement pas le temps, je prends l’avion vendredi pour 21 jours au Mali », a-t-il d’ailleurs précisé.

Saïdou ZOROME (Collaborateur)

 

 

 

Quand la députée Fatimata Korbéogo s’érige en donneuse de leçon aux journalistes

 

Pourquoi le groupe parlementaire UPC a tenté de bloquer la procédure de levée de l’immunité parlementaire du député Salifou Sawadogo ? Voici la question piège et pertinente posée par un confère de Sidwaya lors de la conférence de presse. Cette question n’a visiblement pas été du goût de la députée de l’UPC, Fatimata Korbéogo, qui est montée au créneau pour s’ériger visiblement en donneuse de leçon de professionnalisme à la presse. « C’est vrai que vous avez été dans la salle (ndlr : hémicycle). Si vous aviez prêté attention, vous auriez dû imaginer comment le vote a été fait. Je vais vous demander d’éviter d’amplifier les choses pour ne pas créer des problèmes au sein même de la population. Quelque fois, il y a beaucoup de problèmes qui viennent de par votre faute. Sincèrement, je voudrais demander beaucoup de professionnalisme dans le traitement des informations que vous faites ». Suite à cette déclaration qui a entraîné des grincements de dents au sein des journalistes présents, le confrère qui a posé la question a souhaité réagir. « Il faut qu’il réagisse », ont scandé des journalistes à l’intention de l’ancien président du groupe parlementaire qui voulait éviter ce dialogue improvisé. Ce qui fut fait : « Ce que nous avons fait, c’est le professionnalisme dans le journalisme. Vous n’êtes pas sans savoir qu’à l’intérieur de l’hémicycle même, nous détenons souvent des informations. Il y a des fuites. Nous évitons souvent de citer qui a dit quoi, qui a fait quoi, sinon on allait le faire. Mais jusque-là, il n’y a pas eu un écrit sur cet aspect, tout simplement parce que nous estimons que si on approche l’Opposition, nous aurons des informations plus fiables. C’est pour cela qu’on n’a pas essayé de détailler certains aspects. Sinon, c’est au sein de l’hémicycle même que nous détenons souvent des informations, mais nous évitons de les mettre à la connaissance de l’opinion publique », a répliqué le confrère sous les applaudissements nourris des autres journalistes qui n’ont pas apprécié l’attitude de la députée Fatimata Korbéogo.   

 


Comments
  • pk l homme fort deja on veut plus ici au faso

    3 février 2017

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