ALLEGEMENT DES CONDITIONS D’EXECUTION DES PROGRAMMES ET PROJETS : « Une dérive dangereuse pour la gestion de nos ressources », soutient le CDP
Les premiers responsables de la commission ad’hoc chargée de réorganiser les structures du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ont présenté le bilan à mi-parcours de leurs activités. Pour eux, le bilan est positif. Ils se sont également prononcés sur la situation nationale. Pour le CDP, le projet de loi portant modification de la Haute Cour de justice exprime la volonté des autorités actuelles de « solder leurs comptes avec le régime du président Blaise Compaoré ».
Les membres de la commission ad’hoc chargée de réorganiser les structures du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), étaient en conclave le 2 juillet 2017, au siège national du parti, à Ouagadougou. Il s’est agi pour les participants, de faire le bilan des activités de ladite commission à mi-parcours. Toute chose qui leur permettra de faire le point des difficultés rencontrées sur le terrain, aux fins de donner de nouvelles orientations au processus. Pour Léonce Koné, Président de la commission ad’hoc, le bilan à mi-parcours de la commission est satisfaisant. Elle a réussi, a-t-il confié, à mettre en place les ¾ des sections provinciales. Et dans les jours à venir, relève-t-il, les sous-sections départementales, les structures de base dans les villages et secteurs seront installées, avant d’entamer l’installation d’autres structures sur le plan national.
Les membres de la commission se sont, au cours de la cérémonie d’ouverture, prononcés sur la situation nationale, à savoir le projet de loi portant modification de la Haute cour de justice, les récentes agressions des responsables du parti et le projet de loi portant allègement des conditions d’exécution des programmes et projets du partenariat public-privé. Pour le CDP, le projet de loi portant modification de la Haute Cour de justice introduit par le gouvernement, exprime la volonté de ce dernier de solder ses comptes politiques avec le régime de Blaise Compaoré. « Nous saurons en début de semaine ce qu’il adviendra de ce projet de loi qui, dans sa mouture actuelle, confirme bien que la volonté de ce gouvernement n’est pas de créer les conditions d’une justice équitable, respectueuse du droit, mais de solder ses comptes avec le régime du président Blaise Compaoré », a indiqué Léonce Koné, président de la commission ad’hoc. En ce qui concerne cette loi, le CDP, selon le président de la commission ad’hoc, est solidaire de la position de l’Opposition. Et ses députés s’opposent à l’adoption de cette loi. « Nos députés, de concert avec ceux de l’Opposition, vont s’opposer à l’adoption de cette loi. Pas parce que nous voulons empêtrer le gouvernement et l’empêcher de réaliser sa politique, mais parce que ce texte comporte des risques d’une dérive dangereuse pour la gestion de nos ressources. Nous ne voyons pas, à ce stade-là, la nécessité de dérogation sur les règles de passation des marchés avec une telle ampleur et de façon aussi systématique.
Ce que nous souhaitons, c’est que le gouvernement revienne avec une gestion beaucoup plus mesurée dans ces domaines », a expliqué Léonce Koné. Pour lui, cette loi est dangereuse et pourrait ouvrir la voie à des pratiques pas trop catholiques.
Parlant du procès du dernier gouvernement de Luc Adolphe Tiao, Léonce Koné et ses camarades estiment qu’il n’a pas suivi la voie normale. Mieux, précise-t-il, le gouvernement de Luc Adolphe Tiao a agi en toute légalité. « La réquisition qui a été signée par le Premier ministre, dans les termes et les conditions prévues par la loi burkinabè, correspond ni plus ni moins à l’exercice normal des responsabilités qui incombent à un chef de gouvernement, lorsqu’il existe une situation qui laisse craindre des troubles à l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens », a-t-il expliqué. Pour lui, le procès des membres de ce gouvernement de Luc Adolphe Tiao devant la Haute Cour de justice, est donc une occasion pour le nouveau pouvoir de régler ses comptes politiques avec l’ancien régime de Blaise Compaoré. D’ailleurs, a-t-il confié, des sources sérieuses indiquent que la réquisition spéciale dont on parle, n’a jamais été discutée en Conseil des ministres.
Au cours de la rencontre, les premiers responsables de l’ancien parti au pouvoir ont dénoncé les agressions dont certains de leurs militants ont été victimes ces dernières semaines. Ils ont également appelé les militants et sympathisants de leur parti à rester sereins et vigilants. « Je veux croire que le temps des violences politiques gratuites est passé et que nous finirons par trouver les voies d’un dialogue démocratique exigeant et paisible », a conclu Léonce Koné.
Issa SIGUIRE