HomeA la uneALTERNANCE AU BURUNDI : N’Kurunziza persiste et signe

ALTERNANCE AU BURUNDI : N’Kurunziza persiste et signe


Au fur et à mesure qu’approchent les élections législatives et présidentielle de mai et juin 2015, le mercure monte au Burundi. En effet, la polémique enfle autour de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargée de l’organisation de ces élections, qui est accusée par l’opposition, d’orchestrer des fraudes massives dans l’enregistrement des électeurs, au profit du parti au pouvoir. Pour cette raison, l’Opposition exige la démission hic et nunc de cette institution. Du reste, le gouvernement lui-même avait reconnu des irrégularités dans l’enregistrement des électeurs et avait promis de rectifier le tir. Toutefois, au lendemain de la clôture des opérations d’enrôlement, malgré la dénonciation de ces  irrégularités non seulement par l’opposition politique, mais aussi par la société civile, l’Eglise et les médias, la CENI s’est dit « très satisfaite » de leur déroulement.

Cela a eu pour effet de courroucer davantage l’Opposition qui se dit déterminée à faire barrage à cette forfaiture, et à organiser au besoin des manifestations pour arrêter le processus électoral, étant donné que cette fois-ci, il n’est pas question pour elle de boycotter les élections.

En tout cas, l’ancien rebelle devenu opposant, Aghaton Rwasa, qui s’est exprimé au nom des 18 partis de l’opposition, n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer une collusion entre la CENI et le parti au pouvoir, dans le but de permettre à ce dernier de remporter les élections par la fraude, en distribuant massivement des cartes d’identité irrégulières aux partisans du pouvoir.

Cela renforce les soupçons de l’opposition sur la volonté du président N’Kurunziza, au pouvoir depuis 2005, de ne pas respecter les règles du jeu démocratique dans son pays, au terme de son deuxième et dernier mandat constitutionnel.

Tout porte à croire que le successeur de Pierre Buyoya  persiste et signe, dans sa volonté de trouver une astuce pour rester au pouvoir, en violation des accords d’Arusha, les mêmes qui lui avaient ouvert le chemin du palais présidentiel. Quel égoïsme !

Les dictateurs trouvent toujours des raisons à leur forfaiture

Si tel est le cas, N’Kurunziza sera resté sourd aux appels de l’Eglise catholique burundaise et aux leçons de l’histoire qui, pourtant, sont riches en enseignements et en exemples éloquents dont le plus récent est celui de l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré. Sur quoi N’Kurunziza se fonde-t-il pour se braquer ? Lui seul le sait. Quoi qu’il en soit, les dictateurs trouvent toujours des raisons à leur forfaiture, en se disant que leur cas est tout autre, et leur peuple différent, jusqu’à ce qu’ils se réveillent un jour, surpris par le cours de l’histoire. En tout cas, l’Histoire a de ces secrets dont il faut savoir lire les signes et craindre les effets. Seulement voilà, il est difficile d’échapper à son destin. Et si le ciel en a décidé ainsi, même les conseils les plus avisés tomberont toujours dans l’oreille d’un sourd, jusqu’à ce que l’entêté voie s’accomplir son destin.

Ceci dit, face à cette montée de tension dans ce petit pays des Grands lacs, l’on se demande si les élections auront lieu à bonne date, et l’inquiétude gagne la communauté internationale, d’autant plus que les précédentes élections, notamment en 2010, avaient été émaillées de violences.

C’est le lieu d’interpeller l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), afin qu’elles sortent de leur léthargie et de leur mutisme, car ces organisations ont la fâcheuse habitude de laisser faire, pour après venir jouer les pompiers. Il est impératif que l’institution continentale et les autres entités régionales et sous-régionales prennent leurs responsabilités pour adopter une charte qui permettrait de résoudre définitivement la question de l’alternance, pour mettre l’Afrique à l’abri des crises répétées liées à la gouvernance politique. Ceci, dans le but de raffermir la démocratie sur le continent.

Autrement, il reviendra toujours aux peuples africains de prendre en main leur destin, pour écrire leur propre histoire, avec toutes les conséquences et autres dommages collatéraux que cela peut engendrer.

Outélé KEITA


Comments
  • Bonne analyse , le Burundi est au bord du gouffre si la communauté internationale n’intervient pas le plus vite possible car tous les plans macabres ont été bien préparés par le parti au pouvoir pour triquer les élections de 2015.

    Même les réponses données par le numéro un burundais sur son éventuel candidature en violation de l’accord d’Arusha sont des réponses évasives.
    La fraude dans l’enregistrements des électeurs par la distributions des cartes d’identités a été bien muri mais heureusement que cette tricherie a été découvert à temps.
    Qui plus est, il est fort probable qu’on est entrain de manipuler les magistrats non indépendants de la cour constitutionnel pour préparer un avis favorable à la candidature de l’actuel Président alors que l’accord d’Arusha et la constitution qui est son émanation sont bien claire sur cette question “nul ne peut dépasser deux mandats donc 10ans au pouvoir”

    L’objectif de toutes ces manœuvres frauduleuses concoctées par le parti FDD CNDD, c’est tout simplement de vouloir protéger l’impunité qui a caractérisé ses dix ans au pouvoir , une décennie perdue pour le développement du Burundi.
    J’espère que le peuple Burundais ne va pas se laisser faire .

    20 décembre 2014

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