HomeA la uneALTERNANCE DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE : Si l’exemple béninois pouvait inspirer les dictateurs africains

ALTERNANCE DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE : Si l’exemple béninois pouvait inspirer les dictateurs africains


Les Béninois étaient appelés aux urnes, hier, pour choisir parmi la pléthore de candidats à l’élection présidentielle (33), celui qui occupera le Palais de la Marina (la présidence) pendant les cinq prochaines années. Cette élection présidentielle initialement prévue pour le 28 février dernier et reportée au 6 mars à cause du retard accusé dans la distribution des cartes d’électeurs, a vu une forte mobilisation des Béninois, malgré les nombreux couacs et les retards observés dans l’ouverture de certains bureaux de vote. Ces ratés d’ailleurs reconnus par la commission en charge de l’organisation du scrutin sont étonnants, d’autant qu’il ne s’agit pas d’une élection anticipée qui aurait pu justifier cette impréparation apparente, et d’autant qu’il s’agit du Bénin qui est considéré comme la vitrine de la démocratie et de l’alternance politique réussie en Afrique. Cela dit, il y a peu de risques que les résultats prévus pour mercredi prochain donnent lieu à des débordements ou à des affrontements entre militants de partis rivaux, les hommes politiques et les Béninois dans leur ensemble nous ayant habitués à des appels à la retenue, à chaque fois que l’adrénaline monte au cours des campagnes électorales. Le risque de crise postélectorale est d’autant moins grand que pour cette fois-ci, il n’y aura pas de candidat à sa propre succession, l’actuel président Thomas Yayi Boni ayant décidé de ne pas enfreindre la Constitution qui limite le mandat présidentiel à deux au Bénin. C’est d’ailleurs pour cette raison que le scrutin du dimanche est considéré comme le plus ouvert depuis le retour du « quartier latin d’Afrique » à la démocratie au début des années 90. Sur les 33 candidats au perchoir, 5 se détachent véritablement du lot au regard de leurs moyens financiers et de l’ancrage de leur parti dans les différentes régions du pays. On peut citer, dans le désordre, Pascal Koupaki, Abdoulaye Bio Chané, Patrice Talon, Sébastien Ajavon et Lionel Zinsou, mais ce sont surtout les trois derniers qui font figure de favoris. Sébastien Ajavon et Patrice Talon sont des richissimes hommes d’affaires qui ont mis leurs immenses fortunes à contribution pour épater et débaucher des militants d’autres partis. Quant au 3e  favori, Lionel Zinsou, il a l’avantage d’être le candidat du parti au pouvoir et vu d’Afrique, le soutien du parti présidentiel avec ses partis satellites, équivaut généralement à une victoire assurée face à ses concurrents. Il se susurre également que le banquier d’affaires, Lionel Zinsou, est le candidat de la France en raison certainement de ses affinités avec l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, mais cette étiquette de candidat de la Françafrique qu’on lui colle, pourrait lui jouer de vilains tours, car elle cristallise déjà les passions à Cotonou et à l’intérieur du pays. Quoi qu’il en soit, cette élection présidentielle est inédite, à plus d’un titre. D’abord, parce que le candidat sortant n’est pas candidat à sa propre succession ; ensuite parce les candidats les plus en vue ne sont pas issus des appareils militants, et ne sont entrés en politique que récemment ; enfin, c’est la première fois, pour autant qu’on se souvienne, que l’un des candidats à la magistrature suprême fait jaser à cause de la couleur de sa peau et de sa collusion réelle ou supposée avec le parti au pouvoir en France.

Le caractère inédit de cette élection rend l’hypothèse d’un second tour plus que plausible

C’est cette originalité à la béninoise qui complique davantage, en effet, la tâche aux instituts de sondage et à tous ceux qui s’essaient au jeu des pronostics par rapport aux résultats des votes et au nom du futur vainqueur. Mais en même temps, le caractère inédit de cette élection rend encore l’hypothèse d’un second tour plus que plausible, et c’est tant mieux pour la beauté du spectacle et la crédibilité du scrutin, malgré les quelques imperfections relevées çà et là. Car, si au moment où nous traçons ces lignes, on ne connaît pas le nom du futur président du Bénin, on sait en revanche que c’est la démocratie qui gagne en galons dans ce pays. Et si l’exemple béninois pouvait inspirer les dictateurs africains, c’est tout le continent qui serait élevé au Panthéon de la transparence et de la bonne gouvernance. Faut-il le rappeler, ce premier tour de l’élection présidentielle béninoise intervient au lendemain d’une sortie inopportune du dictateur en boubou blanc de la Gambie, Yaya Jammeh pour ne pas le nommer, au sujet de l’alternance et de la limitation des mandats présidentiels. En effet, Yaya Jammeh qui passe pour être le cancer de la démocratie en Afrique de l’Ouest, a affirmé clairement qu’il n’appliquerait pas ces principes démocratiques, probablement pour incompatibilité naturelle avec sa conception et sa gestion du pouvoir. Par ailleurs, cette élection béninoise est organisée à la veille de la présidentielle congolaise où un autre dictateur, cette-fois en costume-cravate, a juré de l’emporter en un temps record, le temps de « tirer un penalty » face à une cage certainement vide… d’opposants, en ayant l’assurance que l’arbitre des élections homologuera son but sans sourciller. Dans un cas comme dans l’autre, c’est d’un terrorisme électoral qu’il s’agit, et l’on est quasiment certain que la voie que le Bénin est en train d’indiquer ne sera jamais suivie par ces deux hypocondriaques du jeu démocratique que sont Yaya Jammeh et Sassou Nguesso, ainsi que Pierre Nkurunziza et bien d’autres encore. Mais l’espoir n’est pas totalement perdu pour l’Afrique, puisque beaucoup de peuples du continent sont aujourd’hui admiratifs de l’exception béninoise et sénégalaise en matière d’alternance au sommet de l’Etat, et nous croisons les doigts pour que l’une des dernières dictatures les plus cruelles de l’Afrique de l’ouest qu’est la Gambie, ne puisse pas résister pendant longtemps encore aux sirènes de la démocratie provenant de ses voisins immédiats ou éloignés de la sous-région. Peut-être que l’Afrique centrale qui est considérée comme la lanterne rouge du continent en matière de démocratie, finira elle aussi par succomber à la tentation de prendre le Bénin pour exemple, mais encore faut-il, pour y parvenir, se débarrasser de ses « Nazarbaev » locaux comme Sassou Nguesso, Joseph Kabila, etc., pour qui l’exemple béninois est trop beau pour être vrai.

Hamadou GADIAGA


Comments
  • Vos analyses et visions étriquées ne mènent à rien; je pensais qu’un journaliste devait être la personne la plus avisée sur les questions qu’il traite car pas profane comme son potentiel lecteur (qui n’est lui n’on plus pas si profane que cela); dans tous les cas, au sujet de l’appréciation et des qualificatifs de dictateurs dont sont affublés Yaya Jammeh, je ne le partage pas (opinion personnelle) et je la juge très sévèrement comme étant juste faire le perroquet de ce que les médias occidentaux laissent entendre.
    Si tu as une réelle capacité d’analyse et de compréhension des situations politiques et géopolitiques du continent africain et des pays dits indépendants de ce continent, j’espère et j’attends de toi une meilleure information, une information assez édifiante des africains que nous sommes à te lirre et attendant que tu nous motre quelle est la vraie face de l’impérialisme et du capitalisme occidental en Afrique.

    7 mars 2016
  • Analyse fondée sur les stéréotypes habituels avec les bons (afrique de l’ouest) et les mauvais (afrique centrale). Votre compréhension de la démocratie (de l’alternance) c’est vraiment la voix du maître. Il existe des enjeux plus importants sans lesquels votre démocratie reste un leurre. Cessez de la vendre comme de l’opium à un peuple de plus en plus paupérisé.

    8 mars 2016

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