HomeA la uneAMADOU TRAORE, DEMISSIONNAIRE DE AGIR ENSEMBLE

AMADOU TRAORE, DEMISSIONNAIRE DE AGIR ENSEMBLE


Il avait dissous son parti politique, Les Républicains, pour fonder Agir Ensemble qui a porté la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo (KDO) à la présidentielle du 22 novembre dernier. Aujourd’hui, il a pris ses distances avec KDO et Agir Ensemble. Dans les lignes qui suivent, l’homme est remonté contre ses anciens compagnons et accable l’ancien Premier ministre de Blaise Compaoré. Il s’appelle Amadou Traoré, très connu du paysage politique burkinabè dont il analyse d’ailleurs ici la recomposition en cours. Lisez plutôt !

 

« Le Pays » : La loi impose aux partis politiques de déclarer leur appartenance à la Majorité ou à l’Opposition. Que pensez-vous de cette disposition en termes d’acquis et d’insuffisances ?

 

Amadou Traoré : Pour donner un rôle officiel à l’Opposition, il faut la définir. En l’absence d’une disposition constitutionnelle y relative, la loi n°09-2009/AN du 14 avril 2009 portant statut de l’Opposition politique trouve toute sa raison d’être en définissant l’Opposition et en donnant un statut au Chef de file. L’article 4 de la loi n°09-2009/AN du 14 avril 2009 portant statut de l’Opposition politique modifié par l’article 1 de la Loi n°046-2013/AN du 17 décembre 2013, dispose à ce propos que : « Tout parti politique doit faire une déclaration écrite publique de son appartenance à l’opposition ou à la majorité avec copie au ministre en charge des libertés publiques pour enregistrement. Le ministre chargé des libertés publiques établit et publie chaque année, la liste actualisée des partis et formations politiques ayant fait leur déclaration comme partis ou formations politiques de l’opposition ou de la majorité ». L’acquis majeur de cette loi est d’avoir permis à l’Opposition de s’organiser et d’obtenir le départ du président Compaoré en 2014. Elle comporte cependant des insuffisances structurelles qu’il y a lieu de corriger. Ainsi, l’injonction que la loi portant statut de l’opposition fait à tous les partis de déclarer leur appartenance à l’opposition ou à la majorité, est une question de principe qui devait d’abord être porté dans la Charte des partis politiques ; la loi portant statut de l’opposition traite du Chef de file de l’opposition (CFOP), mais ignore les autres partis de l’opposition, ce qui contraint le CFOP à créer un cadre informel (le cadre de concertation des partis) pour les prendre en compte dans ses activités. Cette insuffisance doit être corrigée ; le CFOP étant une institution. Mais la loi portant statut de l’opposition n’éclaire pas sur les modalités pour y adhérer ni les obligations du Chef de file envers les partis. Ces précisions s’avèrent nécessaires ; la loi portant statut de l’opposition n’indique pas si le Chef de file de l’opposition peut siéger à l’Assemblée nationale tout en exerçant sa fonction. Le Conseil constitutionnel devra déjà trancher cette question en urgence pour lever toute équivoque. Au regard de ces insuffisances et de bien d’autres, il me paraît nécessaire de procéder à la relecture de la loi qui régit le CFOP ainsi que la Charte des partis politiques, en prenant le soin d’y encadrer le financement privé des partis politiques.

 

Pourquoi prendre le soin d’encadrer le financement privé des partis politiques ?

 

Au cours d’un déjeuner de presse organisé le jeudi 11 février 2021 à Ouaga, le REN-LAC a relevé, dans son rapport sur l’observation de la fraude et de la corruption électorale des élections couplées du 22 novembre 2020, que la corruption a joué un rôle déterminant dans les résultats finaux tant du côté des partis de la majorité que de ceux de l’opposition. Le REN-LAC a étayé ses déclarations avec 439 cas précis, confirmant ce que chacun savait déjà. Dans le financement d’une campagne électorale, la subvention publique est infime. C’est le poids du financement privé qui est déterminant. Il doit donc être rigoureusement règlementé pour équilibrer un tant soit peu les chances des candidats. Autrement, le pays ne sera pas à l’abri de l’accession au pouvoir de candidats financés par des organisations politiques criminelles et acquis à leur cause.

 

Quel regard critique portez-vous sur la recomposition actuelle du paysage politique burkinabè ?

 

Si nous prenons en compte la représentation à l’Assemblée nationale, la nouvelle carte politique issue des élections, a conforté la suprématie du MPP et alliés sur le terrain avec en tout 102 députés sur les 127 (dont 56 pour le MPP, 13 pour le NTD, 12 pour l’UPC qui sont les plus importants). L’opposition rassemblée autour du CDP s’en sort avec seulement 25 députés (répartis entre CDP : 20 ADF-RDA : 3 et Agir Ensemble : 2). Cette suprématie de la nouvelle majorité burkinabè n’est pas inédite. Pour l’histoire, l’on retiendra qu’à l’issue des élections couplées du 2 décembre 2012, le CDP et ses partis alliés ont totalisé 81 sièges de députés sur les 127. Ce fut l’occasion pour l’UPC de devenir la principale force de l’opposition avec 19 députés, rôle que joue le CDP aujourd’hui avec 20 députés. A bien analyser ces résultats électoraux de 2020, je suis quelque peu du même avis que le ministre d’Etat Clément Sawadogo, Coordonnateur de l’APMP, qui déclarait au cours de la conférence de presse tenue le 4 mars 2021, que cette reconfiguration n’est rien d’autre que la reconstitution du camp de l’insurrection. Le cas de l’UPC conforte effectivement cette reconstitution, quel que soit ce que l’on puisse en penser. Mais dans l’absolu, la migration d’un grand nombre de partis politiques non représentés à l’Assemblée, en direction de l’APMP (cas de la NAFA), va au-delà de la reconstitution du camp de l’insurrection. L’agenda secret des uns lié à leur avenir politique, le souci de desserrer l’étau (social, politique ou économique)  des autres, la volonté de certains encore de soutenir la réconciliation afin de faciliter le retour au pays de proches en exil, sont autant de raisons qui peuvent expliquer cette course en direction de la majorité, censée détenir toutes les cartes en main. Ce large rassemblement autour de la majorité présidentielle ne comporte pas que des avantages. Pour preuve, nous avons tous suivi les péripéties de la mise en place du dernier gouvernement post-électoral sans qu’il soit nécessaire d’en dire plus. Enfin, l’aboutissement de la réconciliation nationale annoncée, pourrait modeler encore plus le paysage politique burkinabè.

 

En quoi l’aboutissement de la réconciliation nationale pourrait modeler, comme vous le dites, encore plus le paysage politique ?

 

Aujourd’hui, des partis disent avoir rejoint la majorité afin de donner une chance à la réconciliation nationale. Certains d’entre eux pourraient bien s’en détourner dans le cas où le processus ne se déroulerait pas dans le sens de leurs souhaits tout comme les résultats de la réconciliation nationale pourraient aussi occasionner des fissures au sein des partis de première heure de la majorité, mécontents des « concessions » accordées à certaines personnes. Enfin, des partis de l’opposition qui se l’interdisent aujourd’hui, pourraient se satisfaire de la réconciliation nationale et rejoindre la majorité.

 

Comment jugez-vous les capacités de l’opposition à jouer son rôle de contre-pouvoir dans le contexte actuel ?

 

Dans une démocratie, l’opposition est le premier contrepouvoir. Elle permet d’éviter les dérives de la majorité sur les atteintes aux droits et libertés ; elle incarne la possibilité d’alternance politique, elle participe au pluralisme idéologique et politique, elle permet de renouveler le personnel politique, etc. Au Burkina Faso, le CFOP est par excellence le contrepouvoir institutionnel dont la réalité reflète l’état de toute l’opposition. Une forte représentation de l’Opposition à l’Assemblée est donc déterminante sur ses capacités à impacter la vie politique nationale. A titre d’exemple, depuis le retour du pays à une vie constitutionnelle normale en 1991, l’Opposition burkinabè n’a jamais été aussi forte qu’en 2002. Au sortir des élections du 5 mai 2002, elle s’est retrouvée avec 54 députés contre 57 pour la majorité. Le ressentiment consécutif à l’affaire Norbert Zongo était pour quelque chose dans ces résultats. Les partis de l’opposition burkinabè s’attendaient quelque peu à un tel vote sanction contre le pouvoir sortant pour ces élections du 22 novembre 2020 au regard de ses difficultés à faire face au terrorisme, aux revendications syndicales et à la vie chère. Les contre-performances des partis burkinabè aux élections de 2020, peuvent s’expliquer par les difficultés d’organisation interne, les insuffisances de moyens financiers, l’incapacité de se regrouper et de mutualiser leurs moyens. L’Opposition pourrait longtemps demeurer dans sa léthargie tant qu’elle ne se donnera pas les moyens individuels et collectifs de sa politique, à commencer par l’éducation des masses populaires.

 

Quels risques encourt-on à avoir une Opposition faible ?

 

L’Opposition est une partie intégrante de la démocratie, un contrepoids à la majorité. Mais nous le constatons, les gouvernants ont toujours tendance à affaiblir l’opposition et les syndicats pour avoir les mains libres. Or, faute d’une opposition qui joue son rôle politique et de syndicats capables de défendre les intérêts des travailleurs, les populations peuvent se tourner vers des moyens de contestation directe avec des conséquences incontrôlables. Le phénomène des Gilets Jaunes en France en est l’exemple type. L’Opposition actuelle burkinabè qui n’a que 25 députés sur 127, aura de la peine à jouer un rôle majeur au cours de cette législature qui commence, même s’il faut tenir compte de la stature du chef de file dans les résultats. A ce propos, il est réconfortant de constater que le nouveau Chef de file de l’opposition politique, le président du CDP, Eddie Komboïgo, a pris à bras le corps d’exercer sa fonction avec détermination. Beaucoup l’avaient sous-estimé avant la campagne électorale présidentielle, mais il a déjoué tous les pronostics en devançant beaucoup de candidats favoris. Nul doute qu’il pourrait encore créer la surprise en conduisant l’Opposition politique avec doigté.

 

Agir Ensemble semble  dans une zone de turbulences avec des démissions constatées, notamment dans l’Ouest. Que se passe-t-il exactement dans le parti ?

 

Le parti Agir Ensemble pour le Burkina Faso qui a soutenu la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo, connaît effectivement beaucoup de démissions depuis les dernières élections couplées, mais pas seulement dans l’Ouest. Certains observateurs pourraient lier ces départs aux résultats décevants du parti aux législatives et de son candidat à la présidentielle. Mais le malaise est plus profond que tout ce que l’on peut imaginer. Les militants ont compris qu’ils s’étaient trompés sur la personnalité de Kadré Désiré Ouédraogo, sur ses capacités à conquérir et à diriger le pouvoir d’Etat. Il n’a pas les qualités d’homme d’Etat qu’on lui prête. Il n’est pas le rassembleur qu’on pensait. En l’espace d’un an, il a créé le désordre dans le parti et la discorde entre les militants. Il n’est tout simplement pas celui qu’on pense qu’il est. J’étais le 3e vice-président de Agir Ensemble dont j’ai été membre fondateur le 7 septembre 2019 avec deux autres Mouvements citoyens (IKDO et MKDO) après avoir dissous mon parti Les Républicains, le 1er septembre 2019. Mais en désespoir de cause, j’ai démissionné de Agir Ensemble le 8 février dernier, comme beaucoup d’autres militants qui n’en pouvaient plus. Tout n’est pas encore dit et il faut s’attendre au pire. Mais par respect pour certains proches de Kadré Désiré Ouédraogo, je me retiens d’en dire plus sur l’homme. J’espère seulement qu’il aura la sagesse de ne pas me contraindre à un étalage plus dégradant pour lui.

 

Que voulez-vous entendre par « il faut s’attendre au pire » ?

 

Je veux parler du pire pour ceux de Agir Ensemble bien sûr. La presse s’est fait l’écho, il y a quelques jours, des dissensions internes que le parti connaît. Deux camps s’opposent aujourd’hui. Il y a celui qui se prévaut de Kadré Désiré Ouédraogo et qui veut que le parti rejoigne désormais la majorité alors que Kadré avait personnellement demandé avec insistance à la direction et aux députés, le maintien du parti dans l’Opposition. C’était dans le courant du mois de janvier à côté. Il y a en face d’eux, le camp qui se dit fidèle à la ligne du parti, regroupé autour du président Diallo, très critique sur la gestion des élections par le clan Kadré au point d’avoir infligé des sanctions disciplinaires  au Directeur de campagne et à certains de ses proches au cours d’une AG tenue le 27 février dernier. Le parti se relèvera difficilement du désordre interne, des démissions de cadres et des adversités qui finiront sans doute par entraîner les deux groupes devant les juridictions.

 

En quoi Kadré Désiré Ouédraogo ne serait-il pas un rassembleur ?

 

Kadré Désiré Ouédraogo avait donné de grands espoirs. Pour preuve, tous ceux qui ont suivi les débuts de son engagement politique à partir de février 2019 et les mouvements de foule qu’il a soulevés à Bobo, Ziniaré et dans d’autres localités, sont unanimes à reconnaître que les populations fondaient de grands espoirs en lui. Mais tous ses soutiens ont fini par lui tourner le dos à cause de son mauvais management des hommes, de son esprit clanique et de son incapacité à aller au contact des autres. Le pire, c’est qu’il n’a pas l’humilité de se remettre en cause. Tout finira donc par voler en éclats. Juste une question de temps.

 

Le CDP a-t-il eu raison de n’avoir pas eu comme candidat à la présidentielle, KDO ?

 

Je ne peux pas répondre à la place du CDP. Mais il aurait fallu que ceux de ce parti pratiquassent Monsieur Kadré Désiré Ouédraogo en mode élection pour prendre toute la mesure des problèmes que j’évoque.

 

« C’est Kadré Désiré Ouédraogo qui n’a pas été à la hauteur des attentes et des sacrifices des milliers de personnes qui avaient cru en lui »

 

 

Vous avez fondu votre parti pour créer Agir Ensemble. Amadou Traoré confesse-t-il aujourd’hui qu’il s’est trompé ?

 

La dissolution de mon parti au profit de Agir Ensemble n’a pas été une initiative individuelle. C’était une décision collective prise en congrès de Les Républicains, tenue le 1er septembre 2019. J’assume donc notre démarche. C’est Kadré Désiré Ouédraogo qui n’a pas été à la hauteur des attentes et des sacrifices des milliers de personnes qui avaient cru en lui.

 

Que comptez-vous faire pour la suite ?

 

Par devoir et par souci de loyauté, je ne pouvais pas démissionner de Agir Ensemble sans informer ceux qui m’avaient suivi pour y adhérer en 2019 et plus tard. Outre des rencontres tenues à Ouagadougou, j’ai fait une tournée d’une dizaine de jours à l’intérieur du pays en fin janvier/début février 2021, pour expliquer les raisons de ma démission envisagée aux militants de base. J’avoue que j’ai été surpris de l’adhésion à mes points de vue, de toutes ces personnes rencontrées dans les provinces ; preuve que le malaise est très profond. Mais pour nous, il était hors de question de créer un autre parti politique, même si nous en avions largement les moyens.  Après les concertations, nous avons décidé d’adhérer à la Convention nationale pour le progrès (CNP) du député Daniel Rasmané Sawadogo, un jeune parti représenté à l’Assemblée nationale par deux députés (Daniel Rasmané Sawadogo et Zambendé Sawadogo) qui offre de la place à mes compagnons dans toutes les provinces du pays.

 

Que pensez-vous de la démarche en lien avec la réconciliation nationale au Burkina Faso ?

 

La réconciliation nationale est une nécessité pour le Burkina Faso dont les sillons ont été tracés par le Collège de sages à travers son rapport toujours cité en référence. Les acteurs de la Transition ont, à la suite des Sages, rappelé la nécessaire réconciliation des Burkinabè. Le gouvernement a fait sienne la question en installant, en 2016, le HCRUN, pour la mise en œuvre des recommandations de la Transition. La CODER, l’Appel de Manega et bien d’autres organisations ont porté la question de réconciliation à bout de bras au cours de ces dernières années. Avec la nomination de M. Zéphirin Diabré comme ministre en charge de la réconciliation nationale, un grand pas est franchi. Il ne manque plus que la convocation du forum national pour fixer les bases consensuelles du processus. Cette décision est politique et est de la responsabilité du Chef de l’Etat chargé de l’unité nationale de par la Constitution.

 

 « La justice transitionnelle et le fétichisme du triptyque Vérité-Justice-Réconciliation (VJR) ne doivent pas être un obstacle à la recherche de voies endogènes de solutions à la crise »

 

Pourquoi, selon vous, convoquer un forum national ?

 

La réconciliation nationale ne sera pas un acte unique et global. Elle sera la somme des réconciliations entre plusieurs entités, pour des raisons diverses. Et selon le camp des acteurs, (de l’Opposition ou de la Majorité), ou leurs statuts (victime ou supposé coupable d’un préjudice), leurs attentes seront différentes. Aussi, sa réalisation sera forcément complexe. Le forum devra rassembler les représentants des Forces vives pour fixer, de commun accord, les règles, principes et modalités de la réconciliation à la lumière du rapport du Collège de Sages, du Rapport de la commission de la réconciliation  nationale et des réformes sous la Transition, du Mémorandum de la CODER, de la «feuille de route» du panel des anciens et des personnalités pour la paix et la réconciliation au Burkina Faso (PANAPAX), de l’Appel de Manéga et bien d’autres documents. Les décisions qui en sortiront devront faire l’objet d’un projet de loi qui sera adopté par l’Assemblée nationale pour en donner une base légale.  La justice transitionnelle et le fétichisme du triptyque Vérité-Justice-Réconciliation (VJR) ne doivent pas être un obstacle à la recherche de voies endogènes de solutions à la crise. La justice transitionnelle n’est pas un concept monolithique applicable de manière mécanique à toutes les situations, mais une somme d’expériences diversifiées mettant à contribution la coutume et la tradition, le pouvoir traditionnel (comme le Naaba), la parenté à plaisanterie et toutes ces instances permettant de tempérer des esprits en belligérance pour que la vie en commun puisse reprendre après une crise entre les acteurs.

 

Le gouvernement a décidé de la prolongation des mandats des conseils municipaux. Quel commentaire en faites-vous ?

 

Le Conseil des ministres du mercredi 3 mars 2021, a effectivement adopté un projet de loi portant prorogation du mandat des conseils de collectivités, qui sera transmis à l’Assemblée nationale. On le sait, les élections nationales doivent être organisées sur des bases consensuelles afin d’éviter des contestations ultérieures des acteurs. Au regard des difficultés objectives pour tenir des élections municipales en avril/mai prochain dans un contexte sécuritaire non maîtrisé, de la nécessité de modifier le Code général des collectivités territoriales (la loi des Communes) et d’adapter conséquemment le Code électoral aux nouveaux enjeux, de la nécessité d’enrôler de nouveaux électeurs en âge, des besoins d’assurer le découpage annoncé de certaines provinces, et bien d’autres raisons, une large concertation aurait sans doute assuré l’adhésion d’une frange importante des acteurs aux motivations du report. C’est ce que demandent d’ailleurs les textes communautaires de la CEDEAO. En adoptant le projet de loi de prorogation sans requérir l’avis d’autres partenaires majeurs dont le Chef de file de l’opposition politique, le gouvernement ouvre inutilement une brèche de contestation dont on aurait pu se passer. J’ose espérer que Majorité et Opposition parviendront à fixer de commun accord, les conditions et modalités d’organisation des prochaines élections locales pour le bien des populations à la base.

 

Propos recueillis par Michel NANA

 


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