AN I D’ADAMA BARROW AU POUVOIR : Après l’euphorie, le désenchantement ?
Le 18 février 2018, la Gambie était doublement en fête : la commémoration du 53e anniversaire de son indépendance et le premier anniversaire de la prestation de serment du président Adama Barrow qui a succédé au satrape Yahya Jammeh, battu dans les urnes. S’il y a un an, ce double événement, commémoré dans une union sacrée, avait suscité euphorie et espérance pour une nouvelle Gambie qui, de l’avis de Adama Barrow, doit être « plus forte, plus libre et plus démocratique», le nouveau dirigeant gambien n’est plus vraiment le chouchou de ses compatriotes. Des frictions sont apparues dans la coalition qui a porté sa candidature à la présidentielle. Les citoyens commencent à piaffer d’impatience pour un mieux-être, alors que la société civile s’inquiète de l’inertie du nouveau pouvoir par rapport aux lois liberticides votées sous Yahya Jammeh. En tout cas, Adama Barrow est sur le gril, un an après son entrée en fonction. C’est dire si son engagement pour la ‘’déjamméhisation’’ de la Gambie, c’est-à-dire allier démocratie politique et démocratie sociale en opérant des réformes à même de sortir le pays de sa posture d’Etat policier pour le mettre sur les rails d’un Etat de droit démocratique, améliorer les conditions de vie de ses compatriotes, est en train de devenir un leurre.
Le nouvel homme fort de Banjul est allé à l’école de Patrice Talon et de Macky Sall
Depuis 365 jours qu’ils observent le nouveau locataire du State House, les Gambiens sont toujours dans l’attente de la nouvelle Gambie qui devrait renaître de ses cendres fumantes, après 22 ans de règne sans partage de Yahya Jammeh. Si le panier de la ménagère n’a pas encore connu une véritable amélioration, des mesures fortes n’ont plus été prises, jusqu’à l’heure, pour rompre réellement avec l’ère de la dictature : pas de limitation de mandat présidentiel, lois cadrant les libertés toujours en l’état. A tout cela, s’ajoutent les velléités de Barrow de briser le pacte contracté entre lui et la coalition des partis politiques, qui a fortement contribué à son élection, de ne se contenter que de trois ans d’exercice du pouvoir. C’est dire si le nouvel homme fort de Banjul est allé à l’école du Béninois Patrice Talon et du Sénégalais Macky Sall qui, une fois élus, ont décidé de revenir sur leurs promesses de campagne par rapport au nombre ou à la durée du mandat. Au regard de tout ce qui précède, on ne peut s’empêcher de voir en lui les signes d’un dictateur.
Drissa TRAORE