AN X DE LA CHUTE DE BEN ALI
Cela fait dix ans, jour pour jour, qu’acculé par une rue en colère qui n’entendait pas se laisser conter fleurette, l’ex-président tunisien, Ben Ali, quittait le pouvoir pour se réfugier en Arabie Saoudite où il trouva la mort quelques années plus tard. C’est ce que l’on appelait la Révolution du Jasmin dont les effluves avaient fini par gagner presque tout le monde arabo-musulman pour finalement donner naissance à un vaste mouvement de contestation que l’on a appelé le Printemps arabe. Tout est parti de l’immolation, par le feu, d’un vendeur ambulant du Centre-Ouest de la Tunisie, excédé par la pauvreté et les humiliations policières incessantes. S’en sont suivies de monstres manifestations au cours desquelles plus de 300 Tunisiens ont perdu la vie et plus de deux mille autres ont été blessés. Prenant la mesure de la gravité de la situation, celui qui a régné pendant 23 ans sans partage sur la Tunisie, décida de rendre le tablier, ouvrant ainsi une longue période d’incertitudes pour son pays. Alors, dix bonnes années après, quel bilan peut-on dresser ? De Béji Caïd Essebsi à Kaïs Saïd, le changement tant attendu par les Tunisiens tarde à venir.
Tout se passe comme si le social et l’économie n’ont jamais été au centre des préoccupations
Tant et si bien que d’aucuns commencent à désenchanter ; en témoigne la réaction de ce diplômé en master en langue arabe, interrogé par nos confrères de Radio France internationale (RFI). « J’ai cru, le 14 janvier 2011, que tout allait changer, en mieux. On avait plein de projets. On n’a jamais été soutenus », a-t-il déclaré, visiblement désappointé. Selon toute vraisemblance, en dix ans, les choses sont allées de mal en pis, tant le chômage des jeunes n’a fait que croître, culminant aujourd’hui à près de 16%. Tout se passe, en effet, comme si le social et l’économie n’ont jamais été au centre des préoccupations de ceux-là qui se sont succédé au pouvoir depuis la chute de Ben Ali. Et comme pour ne rien arranger, la pandémie de la Covid-19 s’est invitée à la danse, en rajoutant ainsi au calvaire des Tunisiens. En effet, en plus des effets dévastateurs du confinement qui a mis à genou l’économie, il faut reconnaître que les Tunisiens ont payé un lourd tribut depuis l’avènement du coronavirus. Si fait que le pays, à la date du 10 janvier 2021, enregistrait officiellement 5284 décès sur 162 350 cas confirmés. C’est dire donc qu’aux problèmes sociaux est venue s’ajouter la crise sanitaire avec toutes les conséquences qui vont avec. En tout cas, même s’ils se refusent à regretter Ben Ali, bien des Tunisiens reconnaissent que dix ans après son départ du pouvoir, les défis restent entiers.
B.O