ANNEE SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE : Il faut exorciser les démons de décembre
Nous sommes en décembre ; ce mois qui, généralement, connaît beaucoup de turbulences en milieu scolaire. C’est devenu une coutume au Burkina Faso. Habituellement, les scolaires commencent à manifester le 6 décembre de chaque année qui correspond à l’assassinat d’un des leurs, en la personne de Flavien Nébié, fauché mortellement le 6 décembre 2000. C’était, si je ne m’abuse, à Tenkodogo dans le Centre-Est du pays. De nombreuses années se sont écoulées sans que jusque-là, l’on ne sache exactement qui a arraché le jeune Nébié à l’affection de ses parents. La justice se fait toujours attendre comme c’est le cas dans le dossier Norbert Zongo, journaliste assassiné le 13 décembre 1998 en compagnie de trois de ses proches. Tout ce que l’on sait, c’est que leur véhicule et leur cadavre ont été retrouvés carbonisés quelque part sur la route de Sapouy. Mais, quant aux auteurs du crime, tout le monde attend avec impatience et ce, près de 20 ans après les faits. Je crois même que c’est dans le cadre de ces manifestations visant à réclamer justice pour Norbert Zongo que Flavien Nébié a été assassiné. C’est ce qui explique que quand les élèves sortent généralement le 6 décembre, ils ont tendance à faire le pont jusqu’au 13, si fait qu’en décembre, le nombre de jours de cours se trouve drastiquement réduit. Par endroits même, le mois qui n’est d’ailleurs pas complet, selon le calendrier scolaire, se trouve complètement perturbé. Pourquoi une telle pagaille ? C’est la question que bien des parents d’élèves se posent d’année en année sans réponse. Pour moi, la faute incombe beaucoup plus à l’Etat. C’est à lui de travailler à rendre justice à ceux-là que les élèves considèrent comme martyrs. Cela contribuera, à mon avis, à ôter aux manifestants tout argument. La preuve, justice a été rendue à Justin Zongo, du nom de cet autre élève tué un certain jour de février 2011, et depuis lors, je ne vois aucun élève sortir manifester pour quoi que ce soit à ce sujet.
L’Etat burkinabè est interpellé
Et même s’il y en a qui le font, c’est sans doute pour des desseins inavoués. Donc, je ne demande qu’une chose aux autorités : travailler à exorciser les démons de décembre en faisant en sorte que plus aucun élève ne soit encore dans la rue au cours dudit mois. Et cela passe par le jugement des présumés auteurs ou commanditaires de l’assassinat de Norbert Zongo et de Flavien Nébié. Je parle de ces deux affaires, parce que ce sont elles qui tiennent en haleine les élèves et étudiants d’année en année. Sinon, je sais qu’il existe d’autres affaires non encore élucidées comme celle Dabo Boukary, pour ne citer que cet exemple. J’ai même écrasé des larmes lorsque le week-end dernier, j’ai appris, par voie de presse, que la mère de Norbert Zongo a tiré sa révérence. J’étais d’autant plus mal à l’aise que la pauvre vieille a quitté ce monde sans que justice ne soit rendue à son fils ; elle qui, tout le reste de sa vie durant, ne demandait rien d’autre que de voir son défunt fils « réhabilité ». Je sais qu’elle est partie le cœur serré, amère de ne pouvoir rien dire à son fils dans l’au-delà. En tout cas, l’Etat burkinabè est interpellé. Certes, avec la réouverture du dossier, les lignes ont commencé à bouger avec l’émission d’un mandat d’arrêt contre un présumé commanditaire, mais de là à parler de procès, c’est un pas que je me garde de franchir pour l’instant. Car, le bout du tunnel est encore loin, la justice étant elle-même très complexe. Attendons donc de voir ! Quant aux élèves, je les appelle à la raison. Car, très souvent, quand je regarde la manière de faire de certains d’entre eux, je sens une volonté délibérée de fainéantiser, en créant le désordre, ce qui n’est pas aussi tolérable !
« Le Fou »