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ANNONCE DE LA FIN DE L’OPERATION  BARKHANE AU SAHEL  


La France est-elle en train de mettre à exécution sa menace de retrait de ses troupes militaires au Mali? On est tenté de répondre par l’affirmative au regard de l’annonce, hier, par le président français, Emmanuel Macron, de la fin de l’opération Barkhane au Sahel. On est d’autant plus fondé à le croire que la France avait, au lendemain du second coup d’Etat du colonel Assimi Goita, gelé sa mission d’accompagnement au combat  des forces maliennes. C’est vrai que la France n’a pas vocation à s’éterniser au Mali comme l’ont d’ailleurs toujours assené ses autorités. Mais cette annonce de la fin de l’opération Barkhane, à bien des égards, sonne comme une sanction contre la soldatesque qui vient de confisquer le pouvoir au Mali. C’est aussi,  pourrait-on dire, un véritable camouflet pour la CEDEAO qui a décidé de caresser le colonel Goita et compagnie dans le sens du poil, puisqu’elle a été incapable de leur infliger des sanctions. Certes, le calendrier et les modalités de la fin de l’opération Barkhane n’ont pas encore été communiqués puisqu’ils ne le seront qu’en fin juin. Mais d’ores et déjà, l’on peut, sans risque de se tromper, dire que c’est une mauvaise nouvelle pour les nouveaux occupants du palais de Koulouba et bien au-delà, notamment ces pays du Sahel. C’est d’autant plus vrai que ce n’est un secret pour personne que les FAMa peinent à remporter à elles seules des victoires majeures face aux groupes terroristes qui écument le territoire malien ; et elles ne sont pas les seules empêtrées dans cette galère.  Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Assimi Goita et ses frères d’armes vont devoir attacher maintenant, solidement les lacets de leurs godasses. Car, il ne fait aucun doute qu’ils auront fort à faire en l’absence de Barkhane pour stopper la folie meurtrière des hommes du chef du GSIM, Iyad Ag Ghaly et des autres groupes tels que l’EIGS.  Les FAMa parviendront-elles à défendre l’intégrité du territoire malien face à la horde djihadiste qui leur donne du fil à retordre? Rien n’est moins sûr. Dire donc que le Mali perd un soutien de taille est un euphémisme d’autant que la Force Barkhane est forte de 5100 soldats.

 

Le locataire de l’Elysée reconnaît que la stratégie mise en œuvre au Sahel, a montré ses limites

 

 

Et en dépit des critiques et autres griefs formulés contre cette force, il faut reconnaître qu’elle aura permis, non seulement aux forces armées maliennes, mais aussi à celles d’autres pays du Sahel de limiter les dégâts. Mais, pour ce qui la concerne, la France a payé un lourd tribut à la guerre au Sahel contre l’hydre terroriste car, elle a perdu une cinquantaine d’hommes depuis son engagement en 2013, aux côtés des forces maliennes, contre le terrorisme. Cela dit, en attendant de voir le nouveau format de la force française qui restera au Sahel pour accompagner les armées dans la traque contre les terroristes, on peut dire qu’Emmanuel Macron met les chefs d’Etat du Sahel face à leurs responsabilités. On le sait, l’hostilité de plus en plus visible de certaines populations contre cette force, n’est souvent, en réalité, que l’œuvre de certains dirigeants pour se dédouaner ou du moins, cacher leur incapacité à trouver l’antidote contre les ingénieurs du mal. Avec cette annonce de la fin de l’opération Barkhane, chaque pays du Sahel va devoir à présent retrousser ses manches et ce sont les forces du mal qui rient déjà sous cape. En mettant fin à l’opération Barkhane, le locataire du palais de l’Elysée reconnaît d’une certaine manière que la stratégie mise en œuvre par ses troupes au Sahel, a montré ses limites. On pourrait aussi dire qu’à travers cette décision, Emmanuel Macron répond aux préoccupations de certains de ses citoyens qui avaient commencé à se poser des questions sur le bien-fondé de la présence de l’armée française dans le Sahel, les soldats maliens se préoccupant de postes alors que leur place est plutôt au front. Pourquoi les troupes françaises devraient-elles continuer à mourir dans ces conditions ? Sur le plan politique, cette décision pourrait mettre également Emmanuel Macron à l’abri d’une éventuelle sanction de la part de certains électeurs s’il venait à se lancer à la course à la présidentielle qui aura lieu en 2022.

 

Dabadi ZOUMBARA

 

 


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