ANNONCE DE MANIFS CONTRE LE 3E MANDAT D’ALPHA CONDE
Toute la Guinée et au-delà, toute l’Afrique retient son souffle dans l’attente du 29 septembre prochain. Et pour cause : le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) a retenu cette date pour marquer le début d’une série de manifestations visant à faire barrage au 3e mandat de l’occupant du palais Sekoutoureya, c’est-à-dire Alpha Condé. Cet appel à manifester à été lancé alors que le pouvoir venait de proroger la période d’urgence sanitaire liée à la Covid-19. Cette prorogation implique l’interdiction de regroupement de personnes et autres manifestations publiques d’envergure, et cela jusqu’à la veille de la tenue de la présidentielle. En tout cas, le FNDC ne se sent pas lié par cette mesure. De manière explicite et sans équivoque, il la considère comme un stratagème du pouvoir tendant à empêcher la moindre action susceptible de contrarier la tenue du scrutin. La Covid-19 est donc un prétexte très commode. Sidya Touré, patron de l’Union des forces républicaines (UFR) et par ailleurs, l’une des grosses pointures du FNDC, l’a relevé avec force. Il a également pointé ceci: pendant que l’on interdit les manifs du FNDC, il est permis aux partisans d’Alpha Condé de tenir de grands rassemblements, comme si ces derniers étaient vaccinés contre la Covid-19. En tout cas, en Guinée, Alpha Condé n’est pas gêné outre mesure de s’abriter derrière la Covid-19 pour parachever son œuvre de confiscation du pouvoir. La pandémie a donc bon dos. De ce point de vue, elle représente un adjuvant de taille pour bien des dictateurs d’Afrique et d’ailleurs pour accomplir de sales besognes. Cela dit, la grande question est de savoir si le FNDC réussira à passer outre les interdictions gouvernementales pour dérouler sa série de manifs. Le 29 septembre prochain, on le saura.
Il n’y a personne pour arrêter Condé dans sa marche forcenée pour assassiner définitivement la démocratie en Guinée
Une question qui vaut aussi son pesant d’or est celle de savoir si l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) de Cellou Dalein Diallo y prendra part dans l’hypothèse où le FNDC mettrait sa menace à exécution. En tout cas, Cellou Dalein Diallo n’y voit pas d’inconvénients puisque ce dernier estime que son combat contre le 3e mandat de Condé se passera sur deux fronts: le front des urnes et celui de la rue. Il reste maintenant à savoir si le FNDC va l’accepter dans ses rangs après qu’il a pris la décision de se porter candidat à la présidentielle d’octobre prochain. On attend d’en savoir plus dans les jours à venir. Mais l’autre grande question que bien des gens se posent en Guinée et certainement au-delà, est de savoir ce que feront les forces de défense et de sécurité au cas où le FNDC, contre vents et marrés, mettrait un point d’honneur à dérouler son chronogramme de manifs. Autrement dit, que fera Alpha Condé ? Va-t-il encore faire couler le sang? On peut répondre sans émettre la moindre réserve à cette question. Le sang va encore couler à Conakry. En effet, en Guinée, on ne conçoit pas autrement la politique. Et ce paradigme dans lequel la Guinée s’est inscrite est immuable depuis Sékou Touré. Et tous ses successeurs ont travaillé à perpétuer ce honteux héritage. On avait eu la faiblesse de croire que l’opposant historique qu’a été Alpha Condé, civiliserait la politique du pays dès son avènement au pouvoir. Le désenchantement a été total. Le drame est qu’il n’y a personne pour l’arrêter dans sa marche forcenée pour assassiner définitivement la démocratie en Guinée. En tout cas, il ne faut pas compter sur la communauté internationale. Car, cette dernière redoute la colère du professeur et au plan endogène, c’est le langage de la poudre qu’il utilise pour dompter son opposition. Les élections qu’il organise ont toujours brillé par leur opacité. Celle qui se profile n’échappera pas à la règle. En effet, Alpha Condé a déjà établi son fichier électoral dans ce sens et cela, au vu et au su de tous. L’armée qui recadre souvent les dictateurs sous nos tropiques, a été transformée par Alpha Condé en une institution dévoyée, qui respire par la seule narine de son ethnie. Dans ces conditions, seule la nature pourrait l’arrêter.
Pousdem Pickou