HomeA la uneANNONCE TRIOMPHALISTE DE LA FIN DE L’EPIDEMIE D’EBOLA PAR L’OMS : Attention à ne pas induire la population en erreur !

ANNONCE TRIOMPHALISTE DE LA FIN DE L’EPIDEMIE D’EBOLA PAR L’OMS : Attention à ne pas induire la population en erreur !


Monseigneur Anselme Sanon, archevêque émérite de Bobo-Dioulasso, disait en substance ceci : « Si Dieu veut me parler, qu’il me parle en ma langue, selon mon moule culturel». Apparemment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas tenu compte de ce principe de la nécessité de prendre en compte le « contexte » en matière de communication. En effet, pas plus tard que le jeudi dernier, cette institution, garante de la santé au niveau mondial, a signé l’arrêt de mort sur « toutes les chaînes connues de transmission », de l’épidémie d’Ebola dans l’ensemble de la région ouest-africaine. En français facile, l’Afrique de l’Ouest et plus précisément les trois pays concernés  par la maladie, sont tous « sortis de l’épidémie ». Cette annonce de l’OMS pour le moins  triomphaliste, a suscité des manifestations de joie dans ces pays qui veulent être débarrassés au plus vite et à jamais, de cette maladie dont les dégâts restent incommensurables avec notamment 11300 morts, depuis son apparition en 2013. Malheureusement, les jubilations des populations des pays concernés ont tourné court. En ce sens que le jour même de l’annonce de la fin de l’épidémie, un nouveau cas a été détecté en Sierra Léone. Il s’agit d’une étudiante de 22 ans décédée le 12 janvier. Elle était tombée malade lors de ses vacances dans le Nord de ce pays. Comme il fallait s’y attendre, tous ceux avec qui la défunte a eu des contacts, ont été mis en quarantaine. Ils sont au nombre de 109. Au total donc, on pourrait dire qu’il y a une nuance à faire entre fin de l’épidémie et fin de la maladie. Mais combien de personnes peuvent comprendre cela ?

L’OMS a péché dans sa communication

 

En tous les cas, dans l’imaginaire populaire, la « fin » de l’épidémie d’Ebola signifie la fin de la maladie. Et l’OMS devait en tenir compte, elle qui, aux yeux des populations, donne à présent l’impression d’avoir dit une chose et son contraire. En tout état de cause, les Sierra-léonais, les Guinéens et les Libériens ne voulaient plus entendre parler d’Ebola. Mais voilà qu’après les scènes de liesse pour dire « bye bye Ebola », tout le monde revient sur terre. C’est vrai que dans son annonce, l’OMS avait joué la carte de la prudence en mettant en garde contre un risque permanent de « nouvelles flambées en 2016 en raison de la persistance du virus chez les vivants », dans leurs liquides corporels, notamment le liquide séminal dans lequel il peut rester jusqu’à neuf mois, voire une année. Mais sa sortie  soutenant la fin de la pandémie, comporte des risques énormes pour les populations qui pourraient renouer avec des comportements à risques. Si bien  qu’on peut s’interroger sur l’opportunité d’une telle déclaration. Dans cette annonce de fin officielle de l’épidémie d’Ebola, l’OMS a péché dans sa communication et cela ne pouvait qu’induire les populations en erreur. Face à des communautés analphabètes en majorité, l’OMS aurait été mieux inspirée d’ajuster ses mots au contexte et aux cibles visées. Pour l’intérêt des pays concernés, le langage devrait être mieux adapté. L’un dans l’autre, le mal est déjà fait. Il reste maintenant à colmater les brèches en parlant à la population dans le langage qui sied.

Michel NANA


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