ANNULATION DE LA DETTE DE 17 PAYS AFRICAINS : Pourvu que cela profite aux Etats concernés
Dans un communiqué rendu public, le 18 août 2022, le gouvernement chinois a annoncé que son pays s’apprêtait en annuler 23 prêts sans intérêts, arrivés à échéance en fin 2021, accordés à 17 pays africains. Outre l’annulation de cette dette, le ministre chinois a ajouté que Pékin allait, dans les jours à venir, accroitre son implication en Afrique et fournir des aides alimentaires, économiques et militaires supplémentaires, tout en maintenant son soutien à l’Union africaine (UA) dans les efforts de cette dernière pour rejoindre le G20. Une belle initiative qui mérite d’être saluée et encouragée. En effet, ce sont au total plus de 150 milliards de dollars qui avaient été prêtés depuis le début des années 2000 par la Chine, par le truchement de ses banques de développement, la China Eximbank ( 60%) et la China Développent Bank (25%). Si cette décision venait à être effective, ce serait une véritable bouffée d’oxygène pour ces pays bénéficiaires dont l’économie connaît, ces dernières années, des difficultés. En effet, on le sait, un bon nombre de pays africains au Sud du Sahara traversent, en ce moment, des périodes difficiles dues à la crise économique (baisse du pouvoir d’achat, déficit d’infrastructures routières, sanitaires, la famine, etc.) . Une crise économique qui, à y voir de près, n’épargne aucun pays, même ceux qui, jusque-là, pensaient en être à l’abri. C’est pour cette raison qu’il faut encourager la Chine à étendre la mesure à d’autres pays qui en ont besoin pour sortir la tête de l’eau.
Si la Chine veut vraiment soutenir les pays pauvres, elle doit le faire en les aidant à se passer de l’aide
Cependant, il faudrait que les dirigeants africains à qui profite cette « générosité » de la Chine, comprennent que cette manne financière qui leur a été « rétrocédée », doit être utilisée à bon escient. Surtout qu’aussitôt annoncée, la décision de Pékin a donné de l’urticaire à certains Etats, notamment les pays occidentaux qui voient en cela « un cadeau empoisonné », et n’hésitent pas à mettre en garde les pays africains bénéficiaires, contre le « piège de la dette chinoise ». Des accusations que Pékin réfute. Pour faire face à ces accusations, Beijing y a répondu en proposant de créer des zones économiques spéciales qui seraient des zones d’industrialisation ou des industries chinoises s’installeraient et permettraient de développer un secteur industriel africain. Cependant, au terme de l’échéance, si un pays bénéficiaire n’arrive pas à honorer ses engagements, quelle sera à ce moment l’attitude de la Chine ? Y aura-t-il en contrepartie des échanges marchandises à hauteur de la somme à rembourser par le pays bénéficiaire ? La Chine peut- elle proposer aux autorités de ces pays africains, une exploitation de leurs ressources naturelles et à quel prix ? Autant de questions que l’on peut se poser. Toujours est- il que si la Chine veut vraiment soutenir les pays pauvres, elle doit le faire en les aidant à se passer de l’aide.
Ben Issa TRAORE