HomeA la uneAPATHIE DU PEUPLE MALIEN FACE AU COUP DE FORCE CONTRE LA TRANSITION  

APATHIE DU PEUPLE MALIEN FACE AU COUP DE FORCE CONTRE LA TRANSITION  


Quatre jours après le coup de force du Colonel Assimi Goïta contre la Transition, les Maliens sont dans l’expectative de savoir qui sera leur nouveau berger. Ce d’autant que l’impénitent putschiste d’août 2020 qui s’était mis en embuscade à la vice-présidence de la Transition, a fini par obtenir la démission du président Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane. Démission qui semblait le seul sésame capable de leur ouvrir les portes des « geôles » de la désormais tristement célèbre  garnison de Kati où ils étaient détenus depuis leur arrestation le 24 mai dernier. La preuve : dans la foulée de cette démission qui met de facto les deux principales têtes de l’Exécutif hors jeu, l’ex-chef de l’Etat intérimaire et son Premier ministre ont été libérés nuitamment pour, peut-on dire, éviter d’effaroucher outre mesure la communauté internationale qui en faisait une exigence inconditionnelle tout en brandissant la menace de sanctions.  Maintenant que le jeune colonel a fait le ménage pour se placer en seul homme fort de la Transition, on attend de voir dans quel sens il va la conduire.

 

 

On n’ose pas croire que le peuple malien ne voit pas la menace qui plane sur la démocratie dans son pays

 

 Car, il est à présent clair que c’est malgré lui que Assimi Goïta avait accepté de porter des civils à la tête de la Transition comme l’exigeait la communauté internationale, notamment la CEDEAO qui n’avait levé son étouffant blocus économique que lorsque les tombeurs d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) avaient donné des gages de leur bonne foi. Mais tout porte à croire que ragaillardi par le précédent tchadien, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a décidé de s’assumer pleinement en trouvant des artifices pour reprendre le pouvoir. S’il se veut le seul maître à bord, la question est de savoir s’il saura réussir là où il accuse par exemple Bah N’Daw et son Premier ministre d’avoir échoué dans les négociations avec les syndicats. En tout cas, en attendant de voir l’aboutissement de la médiation de la CEDEAO, on serait curieux de voir quelle recette il sortira de son béret pour calmer le front social, les syndicats ayant suspendu leur mot d’ordre de grève. C’est le lieu d’interpeller le peuple malien sur sa responsabilité historique face aux mélodrames successifs qui se jouent au sommet de l’Etat et qui semblent le laisser pourtant de marbre. Deux coups d’Etat en neuf mois, c’est quel pays ça ? Pour un peuple qui aspire à la démocratie, il y a de quoi s’interroger sur cette apathie des Maliens aux allures de résignation face à ce qui ressemble à une prise en otage en règle des institutions de la République.  Et l’on n’ose pas croire que le peuple malien ne voit pas la menace qui plane sur la démocratie dans son pays.   Mais comme le dit l’adage, « l’esclave mérite ses chaînes ». Et si Assimi Goïta a osé limoger son supérieur hiérarchique pour se placer en homme fort de la Transition, ce n’est certainement pas pour reculer dans sa volonté de s’accaparer du pouvoir et de tout le pouvoir si rien n’est fait pour l’arrêter à temps. C’est pourquoi le peuple malien doit se réveiller. Car, il a son mot à dire. C’est lui et lui seul qui peut d’abord et avant tout décider de son avenir.

 

Tant que Kati existera, le Mali ne connaîtra jamais la paix ni la démocratie

 

 

Mais s’il croit naïvement que ces hommes en kaki, qui s’étripent à Bamako pour le pouvoir pendant que des soldats d’autres nations meurent au front pour la défense de la patrie, sont là pour régler ses problèmes, il n’aura que ses yeux pour pleurer. Car, jamais un coup d’Etat n’a amené la prospérité au peuple malien. De Moussa Traoré à Amadou Haya Sanogo, c’est une rivière de larmes et de sang et un chapelet de souffrances qui lui ont jusque là été servis à tel point qu’il ne sait plus  à quel dirigeant se fier. Et Assimi Goïta et ses camarades ne feront pas exception. Au mieux, ils se contenteront d’une gestion clanique du pouvoir en travaillant à la préservation de leurs intérêts. Au pire, c’est une dictature féroce aux exhalaisons nauséabondes, qui pourrait s’abattre sur le peuple malien, à l’image de toutes ces horreurs de charniers qu’on a pu découvrir à la chute de Amadou Haya Sanogo. C’est dire si tant que les militaires resteront accrochés au pouvoir, l’incertitude continuera à planer sur la Transition au Mali. De même, tout porte à croire que tant que Kati existera, le Mali ne connaîtra jamais la paix ni la démocratie. Et si la communauté internationale, dans ses tergiversations, venait à échouer dans sa médiation et dans ses sanctions, le retour à l’ordre constitutionnel normal sur les bords du fleuve Djoliba, pourrait alors sérieusement prendre les allures d’une arlésienne.

 

« Le Pays »

 

 


No Comments

Leave A Comment