HomeA la uneAPPEL A DELOCALISATION DU SOMMET DE HARARE : La SADC cèdera-t-elle à la pression?

APPEL A DELOCALISATION DU SOMMET DE HARARE : La SADC cèdera-t-elle à la pression?


Le 43e sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) est prévu pour se tenir le 17 août prochain à Harare, au Zimbabwe, pays où règne Emmerson Mnangagwa. Mais, d’ores et déjà, des voix se lèvent pour demander la délocalisation dudit sommet au regard du caractère répressif du régime zimbabwéen. En effet, plusieurs vagues d’arrestations d’opposants au pouvoir de Harare ont été observées ces derniers temps dans le pays. Depuis juin, 70 manifestants sont incarcérés, quatre militants ont été interceptés avant le décollage de leur avion et une dizaine d’autres ont été arrêtés dans une ville au Nord du pays. C’est la conjugaison de tous ces événements qui a poussé des Zimbabwéens à demander la délocalisation du sommet. Dans leur croisade contre le régime du président Emmerson Mnangagwa, leur cause a été entendue au-delà des frontières du pays. A preuve, un parti politique sud-africain, membre de la mouvance présidentielle, s’est joint aux partisans de la délocalisation du 43e sommet de la SADC. En effet, l’Alliance démocratique (DA), puisque c’est de lui qu’il s’agit, qui fait partie de la coalition au pouvoir, à Prétoria, a aussi demandé que le sommet soit délocalisé. Il demande au ministère des Affaires étrangères sud-africain de mettre la pression sur les autorités zimbabwéennes. Mais obtiendra-t-il gain de cause ? Pour l’instant, les chances d’un changement de lieu paraissent minces.

 

Les sanctions contre les dirigeants en exercice sont rares

 

 Car, l’ANC, principal parti au pouvoir en Afrique du Sud, s’est montré hostile à cette idée de délocalisation du sommet, préférant priviléger le dialogue avec son voisin. En tout cas, priver le Zimbabwe de l’organisation d’un tel sommet au nom du respect des droits humains, pourrait créer un précédent dangereux. Car, cela voudrait dire que la SADC s’impose désormais une nouvelle règle : celle du respect des droits humains comme condition sine qua non pour qu’un pays abrite un sommet de l’organisation. Une telle règle pourrait exclure plusieurs pays de l’organisation du sommet et c’est peu dire.

En guise de rappel, la SADC se réunit chaque année dans un Etat membre de l’organisation. A cette occasion, elle élit un nouveau président en la personne du président du pays hôte. C’est dire combien le sommet qui se profile à l’horizon, est important pour le Crocodile du Zimbabwe qui s’apprête à prendre les rênes de la communauté. C’est pourquoi, malgré les manifestations et les contestations, Harare met les bouchées doubles pour que l’évènement soit un succès. En vérité, la SADC, comme la quasi totalité des organisations interétatiques africaines, souffre d’un mal congénital : l’importante place qu’occupe la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement dans ces organisations. Le rôle suprême joué par les Chefs d’Etat au sein de telles entités, réduit ces dernières à de simples rencontres entre dirigeants où priment les relations amicales sur les principes démocratiques et le respect des droits humains. Si fait que les sanctions contre les dirigeants en exercice sont rares ; chacun craignant d’en être victime à son tour.

 

Saïbou SACKO      


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