HomeA la uneAPPEL A DES ELECTIONS APAISEES EN GUINEE

APPEL A DES ELECTIONS APAISEES EN GUINEE


Prévue pour se tenir le 18 octobre prochain, la présidentielle guinéenne cristallise beaucoup d’attentions quand elle ne suscite pas parfois des appréhensions. Car, sans jouer les oiseaux de mauvais augure, on peut affirmer que le calme relatif qui prévaut actuellement dans ce pays où la violence  a pignon sur rue, annonce une tempête aux conséquences imprévisibles.  Consciente de cette situation et dans le souci de parer à toute éventualité, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) joue les bons offices. En effet, sur initiative du président de la Commission, Jean Claude Kassi Brou, elle a organisé, le 15 août dernier et ce, par visioconférence, une rencontre afin d’évoquer l’organisation de la prochaine présidentielle en Guinée. Ont également pris part à cette rencontre, le Représentant de l’Union africaine (UA) et le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique et le Sahel, en la personne de Mohamed Ibn Chambas. C’est dire si la Guinée constitue un sujet de préoccupation aussi bien pour la CEDEAO que pour l’UA et l’ONU qui souhaitent renouer le fil du dialogue entre les différents acteurs politiques qui se regardent actuellement en chiens de faïence. Du reste, l’organisation ouest-africaine qui dit privilégier la « stabilité », promet de continuer d’apporter une assistance technique à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Quand on sait que la crise qui secoue actuellement la Guinée, est née de la volonté du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat après avoir caviardé la Constitution, l’on a envie de dire que la CEDEAO joue les mauvais pompiers. Mieux, elle manque tout simplement de courage et de fermeté.

 

De sa capacité à éteindre le foyer guinéen, dépendra sa crédibilité

 

Car, tant qu’à faire, pourquoi ne  pas rappeler Alpha Condé à l’ordre à défaut de le convaincre de renoncer au pouvoir à l’issue de son deuxième et dernier mandat  constitutionnel sous peine de voir la Guinée être à feu et à sang ? Il faut, à ce sujet, rappeler que les dernières manifestations de rues du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), du nom de cette plateforme  qui regroupe aussi bien des partis politiques, des syndicats que des Organisations de la société civile (OSC), ont été réprimées dans le sang et ont coûté la vie à une centaine de Guinéens. Pour autant qu’elle veuille d’une Guinée stable, la CEDEAO gagnerait plutôt à faire plier Condé qui, comme on le sait, n’hésitera pas à franchir… le Fouta Djallon, fût-ce au prix d’une boucherie humaine. Cela dit, quand on sait qu’au sein de cette même CEDEAO, figurent des dirigeants qui rêvent de rester au pouvoir ad vitam aeternam, on peut être sûr que l’organisation ouest-africaine se contentera de superviser le scrutin du 18 octobre pour in fine avaliser la victoire du président Condé.  Certes, une mission de chefs d’Etat de la CEDEAO est annoncée à Conakry même si pour l’instant, aucune date n’a été fixée. Mais on craint fort qu’elle n’en reparte humiliée comme ce fut le cas récemment à Bamako. Peut-il en être autrement quand on sait qu’au lieu de prendre le parti du peuple, la CEDEAO se comporte, dans bien des cas, comme un syndicat des chefs d’Etat?  En tout cas, de sa capacité à éteindre le foyer guinéen, dépendra sa crédibilité.

 

Boundi OUOBA


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