HomeA la uneAPPEL A LA DESOBEISSANCE CIVILE AU SENEGAL SUR FOND DE REJET DE LA MAIN TENDUE DE MACKY SALL : Le baroud d’honneur de Ousmane Sonko ?  

APPEL A LA DESOBEISSANCE CIVILE AU SENEGAL SUR FOND DE REJET DE LA MAIN TENDUE DE MACKY SALL : Le baroud d’honneur de Ousmane Sonko ?  


En réponse à la main tendue du président Macky Sall qui s’est récemment dit ouvert à des concertations politiques, le leader du PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), Ousmane Sonko, a opposé une fin de non-recevoir. Pour lui et son parti, l’offre de dialogue politique du natif de Fatick n’est rien d’autre qu’une manœuvre du locataire du palais présidentiel, visant à remettre ce dernier dans le jeu électoral, à quelques mois de la fin de son second mandat. Dans la foulée, le jeune opposant qui a déjà déclaré sa candidature à la présidentielle du 25 février 2024, a appelé ses compatriotes à la désobéissance civile contre la Justice de son pays qu’il accuse de se laisser manipuler par le pouvoir. Lequel pouvoir cherche, selon lui, à entraver sa candidature à la prochaine présidentielle à travers les procédures judiciaires lancées à son encontre. La question que l’on pourrait se poser est de savoir si cet appel de l’opposant à la désobéissance civile contre la Justice de son pays, n’est pas un baroud d’honneur.

 

L’Opposition, dans son ensemble, ne parle pas le même langage concernant l’offre de dialogue politique du chef de l’Etat

 

La question est d’autant plus fondée que sauf report de dernière minute, ce mois de mai s’annonce comme un mois décisif pour Ousmane Sonko. En effet, son procès en appel pour diffamation contre le ministre Mame Mbaye Niang du Tourisme, est prévu pour passer au rôle le 8 mai prochain. Soit une semaine avant le procès de l’affaire Adji Sarr, du nom de cette employée d’un salon de massage, qui l’accuse de viol et menaces de mort, qui est, lui, fixé au 16 mai prochain.  Dans les deux cas, l’opposant pourrait voir son éligibilité à la prochaine présidentielle remise en cause, en cas de lourde condamnation. En rappel, dans la première affaire, celle de la diffamation, Ousmane Sonko avait écopé, le 30 mars dernier, d’une condamnation de deux mois de prison avec sursis et 200 millions de F CFA de dommages et intérêts qui ne remettaient pas en cause cette éligibilité. Mais le procès en appel du 8 mai prochain, pourrait changer la donne, si le parquet et la partie civile qui ont interjeté appel, obtiennent l’aggravation de la peine de l’opposant. Dès lors, on se demande si en appelant ses compatriotes à la défiance vis-à-vis de l’autorité judiciaire, à quelques jours de la tenue de ces procès emblématiques, Ousmane Sonko n’abat pas sa dernière carte pour tenter de se sortir du pétrin judiciaire qui apparaît comme une menace à court terme sur son avenir politique et ses ambitions présidentielles. Autant dire que le leader du PASTEF joue gros. Car, on se demande si son appel sera entendu et surtout quelle forme prendra la désobéissance civile contre l’autorité judiciaire, à laquelle il appelle ses ouailles. La question est d’autant plus fondée que l’opposition, dans son ensemble, ne parle pas le même langage concernant l’offre de dialogue politique du chef de l’Etat.

 

Il y a à craindre que le pays ne soit de nouveau mis en ébullition, à la faveur des prochaines audiences de l’ex-maire de Ziguinchor

 

En effet, si le PASTEF de Sonko a affiché son opposition catégorique, d’autres formations politiques et pas des moindres comme le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ex-président Abdoulaye Wade, ne remettent pas en cause l’opportunité d’un tel dialogue. Il en va de même pour l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall et sa suite, qui y voient une occasion de débattre d’autres questions fondamentales comme par exemple celles « du parrainage, des prisonniers politiques et surtout l’élimination d’un quelconque candidat ».  Avec ces positions divergentes, on se demande si au-delà de ses inconditionnels qui lui ont toujours traduit leur proximité, Ousmane Sonko pourra faire le plein des adhésions de ses compatriotes à son appel à la désobéissance civile, qui, dans le cas de figure actuel, pourrait passer aux yeux de certains comme un plaidoyer pour une cause individuelle. On attend de voir. Mais d’ores et déjà, il y a à craindre que le pays ne soit de nouveau mis en ébullition, à la faveur des prochaines audiences de l’ex-maire de Ziguinchor. Le Sénégal n’a pas besoin de ça ! C’est pourquoi, la clarification de sa position par rapport à la question du troisième mandat dont on lui prête l’intention, apparaît comme un impératif pour le président Macky Sall. Et plus tôt il le fera, mieux cela vaudra. D’autant que sur la question, il est attendu de pied ferme par plus d’un Sénégalais. On en veut pour preuve, cette large coalition de formations politiques et de la société civile ainsi que des personnalités indépendantes, qui a été lancée en mi-avril dernier, pour faire barrage à un éventuel troisième mandat du successeur d’Abdoulaye Wade. De son côté, Ousmane Sonko doit donner l’exemple en acceptant de faire dignement face à ses procès. D’autant qu’il ne cesse de clamer son innocence. Autrement, le risque est grand, pour l’opposant, d’apporter de l’eau au moulin de ses contempteurs qui l’accusent de chercher à utiliser la mobilisation populaire pour se soustraire à la Justice. Pour une personnalité de sa trempe, qui aspire de surcroît à présider aux destinées du Sénégal, il n’y a rien à gagner à défier des institutions de la République par ce genre de regrettables précédents qui pourraient lui revenir un jour à la figure comme un boomerang.

 

« Le Pays »

 

 

 

 


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