HomeA la uneAPPEL A LA TREVE OLYMPIQUE DE L’ONU : Ban Ki-Moon prêche-t-il dans le désert ?

APPEL A LA TREVE OLYMPIQUE DE L’ONU : Ban Ki-Moon prêche-t-il dans le désert ?


 

Les Jeux Olympiques s’ouvrent demain 5 août au Brésil et plus particulièrement à Rio de Janeiro où sont attendus environ plus d’un million de visiteurs venus du monde entier. En rappel, les Jeux Olympiques dans leur version actuelle, ont été portés sur les fonts baptismaux par le pédagogue français, Pierre de Coubertin. La première édition a eu lieu au berceau de la civilisation hellénique à Athènes en Grèce, en 1896. Les jeux de Rio de Janeiro constituent la 31e édition. Cette édition revêt d’abord un caractère historique, puisque c’est la première fois qu’un pays de l’Amérique du Sud a l’honneur d’organiser les Jeux Olympiques. Ensuite, elle intervient dans un pays en pleine tourmente politique et sociale. A cela s’ajoute le fait que la ville qui abrite les jeux, traîne la réputation d’être l’une des villes les plus dangereuses du monde en termes de violences urbaines et de vendetta liées au phénomène des gangs et des narcotrafiquants. Ces derniers, est-on tenté de dire, se sont rendus pratiquement maîtres de Rio de Janeiro en prenant possession des favelas où ils conjuguent au quotidien la désolation.

Rio 2016 se passe dans un monde pratiquement devenu fou

Enfin, ces Jeux Olympiques se passent à un moment où le monde n’a jamais enregistré autant de réfugiés suscités par la guerre et où aucun continent ne peut se targuer d’être à l’abri de la menace djihadiste. Déjà, des projets d’attentats terroristes ont été déjoués, à en croire les autorités du Brésil. Bref, Rio 2016 se passe dans un monde pratiquement devenu fou du fait de la dictature, des guerres civiles et du péril djihadiste. L’on comprend dès lors tout le sens de l’appel à la trêve olympique lancé par le Secrétaire général de l’ONU. En effet, dans un message publié le 25 juin dernier, celui-ci avait laissé entendre ceci : « J’appelle le monde entier à observer la trêve olympique en cessant toute hostilité durant les Jeux Olympiques et paralympiques de 2016 qui se tiendront à Rio de Janeiro. Nous devons, pour respecter l’esprit olympique, relever le défi ». L’on ne pouvait pas attendre moins de la part du patron de l’ONU. Car, il dirige une institution dont la vocation première est de promouvoir la paix à l’échelle du monde. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est dans son rôle. Mais la grande question que l’on peut se poser est de savoir s’il ne prêche pas dans le désert. En effet, ce genre de message, peut-on dire, pourrait être audible auprès de personnes habitées par la raison et qui sont dotées de conscience. Ce qui est loin d’être le cas dans la galaxie des fous de Dieu. Ces derniers, on le sait, croient dur comme fer que tous ceux qui ne partagent pas leur vision du monde, ne méritent pas de vivre. A cela, il faut ajouter le fait que ces illuminés ont fait le serment de s’attaquer à tous les symboles de l’hellénisme. Or, les Jeux Olympiques en sont un, puisqu’ils tirent leur origine de la Grèce antique. Sans compter qu’à leurs yeux, les jeux, de façon générale, sont censés avoir une dimension satanique. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que les djihadistes s’invitent à la fête. C’est pour cette raison que les autorités du pays du Roi Pelé ont mobilisé au total 65 000 policiers et 20 000 soldats pour assurer la sécurité et les contrôles. L’on peut saluer cela tout en soulignant que face au terrorisme djihadiste, la solution miracle n’existe nulle part. C’est pourquoi le monde doit se résoudre à vivre avec en attendant peut-être, comme l’a dit le prélat de Rouen à l’occasion de la messe dédiée au père Jacques Hamel, que « Dieu touche leur cœur ». Mais il faut reconnaître qu’il est difficile voire impossible pour un athlète, de réaliser de bonnes performances alors que le risque d’attentats terroristes rôde dans et en dehors de l’enceinte des jeux. Toute chose qui est aux antipodes de l’esprit de l’olympisme. Cet esprit, faut-il le rappeler, se décline en termes de fraternité, d’amitié et de paix entre tous les peuples du monde.

Les JO de Rio doivent aussi relever le défi d’organiser des jeux en conformité avec l’éthique sportive

Relativement à ces valeurs, l’on peut faire une mention spéciale à Rio 2016. En effet, le comité international olympique a pris une mesure sans précédent en donnant à une équipe de réfugiés, la possibilité d’y participer. Ce faisant, cette instance offre à des athlètes qui ont quitté leur pays à leur corps défendant, la chance de prendre part à la compétition. Plus que la course aux médailles, cette initiative interpelle la conscience humaine quant à son devoir de tout mettre en œuvre pour éradiquer les causes véritables de leurs souffrances. A entendre, en effet, l’histoire de chaque membre de cette équipe atypique, cet appel s’impose. L’histoire du judoka congolais Popole Misenga peut être racontée en guise d’illustration. Séparé de sa famille à l’âge de 9 ans du fait des combats à Kisangani, il s’est caché huit jours durant dans la jungle avant d’être récupéré par un centre pour enfants déplacés de Kinshasa. Il a ensuite trouvé refuge au Brésil en 2013. Cela dit, il faut dire que les JO de Rio doivent aussi relever, en plus du défi sécuritaire, celui d’organiser des jeux en conformité avec l’éthique sportive. Ce qui n’est pas chose aisée par ces temps où les ingénieurs de la triche ont plus d’un tour dans leur sac. On se rappelle encore en Afrique, il n’y a pas longtemps, que des athlètes kényans avaient été mis en cause dans une affaire de dopage. Ce phénomène, ajouté au fait que les JO sont devenus un véritable business, est en train de faire retourner Pierre de Coubertin dans sa tombe, lui qui, de son vivant, n’a eu de cesse de prôner à propos des JO ceci : « l’essentiel est de participer ».

 

« Le Pays »


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