APPEL AU REPORT DES ELECTIONS
J’assiste, depuis peu, à un débat dans lequel je ne souhaitais pas intervenir. Mais les choses ont pris une tournure telle que je ne saurais rester silencieux. Il s’agit de l’opportunité ou non d’organiser les élections couplées (présidentielle et législatives) de novembre prochain. Pour les uns, au regard du contexte sécuritaire qui est le nôtre, il est inadmissible d’organiser des élections alors qu’une bonne partie du territoire échappe au contrôle des Forces de défense et de sécurité (FDS) pour ne pas dire qu’elle est aux mains des terroristes. Pour les tenants de cette thèse, il faudra différer les élections et envisager la mise en place d’une transition politique à l’issue du mandat de Roch Marc Christian Kaboré, à partir du 28 décembre prochain. Là-dessus, j’ai l’impression que même les partis politiques de l’Opposition ne parlent pas le même langage. Je le dis parce que je sais que certains d’entre eux qui croient que leur heure est arrivée, sont d’avis avec la majorité présidentielle qui soutient qu’il faut coûte que coûte aller aux élections au risque de tomber dans un vide juridique qui pourrait être préjudiciable à notre pays. J’ai pris le temps d’écouter les uns et les autres. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les raisons avancées par les différents camps tiennent la route. Seulement, pour ma part, je pense qu’il serait plus indiqué d’aller aux élections. Je le dis non pas parce que je ne connais pas la situation sécuritaire du pays, mais parce que j’ai peur des lendemains incertains. Car, imaginez-vous que les élections n’aient pas lieu à bonne date. Que va-t-il se passer dans un pays où l’autorité de l’Etat ou du moins ce qu’il en reste, est constamment remise en cause ? Et puis les terroristes crieraient à une victoire d’étape si ces élections étaient repoussées. Et ils multiplieraient les actions pour les compromettre à jamais.
Une transition politique pourrait ouvrir la porte à toutes les incertitudes
Je n’aime pas personnellement les transitions politiques parce qu’elles ouvrent généralement la porte à la pagaille sur fond de pillage des caisses de l’Etat. Et je sais que certains hommes politiques, conscients qu’ils ne pèsent pas lourd, souhaitent que l’on aille vers une transition politique pour espérer entrer dans le gouvernement. Je ne cite le nom de personne. Mais comme j’ai l’habitude de le dire, que celui qui se sent morveux se mouche. Personne, même pas moi fou, ne peut nier la crise sécuritaire que vit notre pays. Mais je ne suis pas sûr que notre situation est pire que celle du Mali ou de la Centrafrique qui ont mis un point d’honneur à organiser des élections. Comparaison n’est pas raison, me dira-t-on. Mais je rappelle que nos voisins maliens ont réussi à organiser des législatives en pleine pandémie du Covid-19 qui est venue s’ajouter à la crise sécuritaire. En tout cas, quand j’écoute certains parler, j’ai l’impression qu’ils ont un agenda caché. Si fait qu’ils travaillent à pousser Roch à l’erreur. Je préfère personnellement un président élu avec 2/4 du corps électoral à un président de transition. Rappelez-vous que pour son dernier mandat, Blaise Compaoré avait été réélu par un peu plus d’un million d’habitants sur une population estimée à plus de douze millions. A l’époque, ce n’était pas pour des raisons d’insécurité mais tout simplement à cause du désintérêt qu’avaient les Burkinabè pour la chose politique. Voyez-vous ? Je veux que les uns et les autres sachent raison garder. A mon avis, dans le contexte actuel du Burkina, une transition politique pourrait ouvrir la porte à toutes les incertitudes. Et c’est ce que moi, même fou, je ne souhaite pas pour mon beau pays.
« Le Fou »