APPEL DU PRESIDENT DU FASO AU CIVISME ET A LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
Dans son adresse à la Nation à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a laissé entendre ceci : « Je réaffirme avec force, qu’aucune nation ne peut prospérer dans le désordre, l’incivisme, la corruption… ». L’on a choisi de s’arrêter sur cet extrait du discours du président parce qu’il met en relief trois principaux maux dont souffre le Burkina. Ils ont pour noms, le désordre, l’incivisme et la corruption. Et l’on n’a pas besoin d’être doué en dissertation pour démontrer en quoi ces maux entravent le développement d’un pays. Et les exemples sont légion, qui illustrent le fait que des pays ont pu bâtir effectivement leur développement sur l’ordre, le civisme et la lutte acharnée contre la corruption. En Asie, l’on peut citer le cas du Japon. Dans ce pays, en effet, l’ordre, la discipline et le civisme font partie de l’identité nationale. Et ces valeurs ont permis aux Nippons de reconstruire, en un temps record, leur pays suite à la destruction presque totale dont il a été victime lors de la Deuxième guerre mondiale. Dans une certaine mesure, la Chine s’est également basée sur les mêmes valeurs pour s’extirper du sous-développement. Et si, aujourd’hui, bien des pays du contient noir pataugent encore dans le sous-développement, c’est parce que, quelque part, certains d’entre eux se sont abonnés au désordre, à l’incivisme et à la corruption. Il est évident donc qu’ « aucune nation ne peut prospérer dans le désordre, l’incivisme et la corruption ». Cette lapalissade revient dans les discours de Roch Marc Christian Kaboré comme une rengaine. Cela est un constat que l’on peut faire. Il l’a en effet, pour la énième fois, affirmé à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du pays.
Il faut que Roch fasse beaucoup attention pour empêcher les loups affamés de pénétrer dans la bergerie
Cette redondance illustre à souhait que c’est un sujet qui préoccupe le premier des Burkinabè au plus haut point. Et la répétition dans ce cas d’espèce, vaut son pesant d’or, parce qu’elle a une valeur pédagogique. Mais Roch Marc Christian Kaboré ferait mieux d’aller au-delà de la simple répétition, pour autant qu’il cherche véritablement à bouter le désordre, l’incivisme et la corruption hors des frontières du Burkina. A cet effet, on peut lui suggérer la thérapie suivante. Le tempo de la lutte contre les fléaux qu’il a cités dans son adresse, doit être donné par le sommet, c’est-à-dire par les hommes et les femmes qui sont aux commandes de l’Etat. Roch Marc Christian Kaboré en tête, doit, à son niveau personnel, faire preuve d’exemplarité dans ses propos, ses faits et gestes. S’il s’impose à lui-même cette discipline, il n’y a pas de raison que le reste de la troupe ne suive pas. Pendant son premier mandat, on peut prendre le risque de dire qu’il n’a presque rien fait de nature à apporter la preuve qu’il est un homme qui est allergique au désordre, à l’incivisme et à la corruption. Le peuple burkinabè vient de lui accorder un second et dernier mandat. Il a donc encore une opportunité d’aller en croisade contre le désordre, l’incivisme et la corruption. Cela passe d’abord par le casting des hommes et des femmes qui vont l’accompagner dans la traduction en actes concrets, de toutes ses promesses de campagne. Au moment où presque tout le monde semble lui faire la danse du ventre pour le séduire, il faut qu’il fasse beaucoup attention pour écarter les loups affamés pour les empêcher de pénétrer dans la bergerie. En tout cas, il a la latitude de le faire. Car, l’heure est venue pour lui de travailler de sorte à ce que l’histoire retienne de lui, l’image d’un président qui aura servi le Burkina en homme d’Etat. Et pour construire cette image, il ne doit pas craindre, s’il le faut, de le faire au détriment des ses copains et amis. Ne dit-on pas à juste titre que « qui aime bien châtie bien ? » Le président du Faso doit absolument faire sienne cette sagesse. Autrement, la lutte contre le désordre, l’incivisme et la corruption qu’il prône de manière pratiquement obsessionnelle, sera un leurre. Et les Burkinabè, à l’instar de tous les peuples des autres pays, attendent que leurs dirigeants se distinguent d’abord par leurs pratiques vertueuses afin que leur exemplarité les inspire à aller vers la vertu. C’est ce que l’on appelle la pédagogie de l’exemple par l’exemple.
Sidzabda