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ARRESTATION AUX ETATS-UNIS DE DEUX PRESUMES PUTSCHISTES GAMBIENS : Encore de beaux jours pour la dictature de Jammeh


La Justice américaine a inculpé deux Américains d’origine gambienne, accusés d’avoir fomenté, le 30 décembre dernier, un coup d’Etat visant à renverser le président Yahya Jammeh, au pouvoir depuis une vingtaine d’années en Gambie. Après l’échec de leur coup, ces deux putschistes avaient pris la poudre d’escampette, pour se réfugier au pays de l’Oncle Sam, croyant ainsi échapper  à leurs poursuivants. Mais ils étaient loin de s’imaginer que, ce faisant, ils se jetaient dans la gueule d’un autre loup.   En effet, l’Amérique qui se veut un exemple en matière de démocratie, ne badine pas avec la question de la démocratie, même si dans certains cas, l’on a du mal à la suivre. Comme par exemple en Irak en 1991 avec l’Opération tempête du désert censée y instaurer la démocratie, mais qui s’est révélée finalement un grossier mensonge d’Etat.  Ou encore à la cause palestinienne à laquelle elle reste sourde, malgré la disposition de plusieurs grandes démocraties occidentales à la reconnaissance de cet Etat, comme par exemple la Suède, la Grande Bretagne et la France entre autres.

En ce XXIème siècle, Obama ne pouvait donc pas manquer l’occasion de montrer que les Etats-Unis ne sont pas un pays déstabilisateur et ne sauraient servir de refuge à des putschistes.

Pour la Justice américaine, l’homme d’affaires Cherno Njie et l’ex-GI Papa Faal qui a servi sous le drapeau américain en Afghanistan,  « ont comploté pour renverser dans la violence un gouvernement étranger, en violation de la loi américaine ».

Si l’on s’en tient à cette déclaration, l’on peut dire que la Justice américaine n’a pas arrêté les prévenus pour les remettre au boucher de Banjul qui se serait fait un réel plaisir de leur « apprendre les bonnes manières », lui-même étant un ancien putschiste. Mais c’est bien pour les juger, au regard de la loi américaine qu’ils ont violée, en tant que citoyens de ce pays.

Tôt ou tard, Yahya Jammeh devra partir du pouvoir

Même si le présumé bras financier de l’opération, l’homme d’affaires Cherno Njie, assure qu’il voulait rétablir la démocratie dans son pays d’origine, il y a lieu de s’inquiéter de la manière dont il voulait s’y prendre, pour instaurer cette démocratie. Cependant, à sa décharge, l’on ne saurait défendre un personnage fantasque, un despote comme Yahya Jammeh qui en fait à sa tête, depuis plus de deux décennies, et avec qui  il n’y a aucune place pour la contestation. Les espaces de liberté sont si réduits dans son pays que la société civile n’y a presque pas de voix, pendant que l’Opposition  est réprimée et la soldatesque  aux ordres. Alors, qui pour sauver le peuple gambien de la férule d’un tel dictateur ? Apparemment, personne.

C’est pourquoi à la suite de l’arrestation de ces présumés putschistes qui risquent une forte condamnation pouvant aller jusqu’à 25 ans de prison aux Etats-Unis, l’on aurait aimé que Washington élevât aussi la voix contre un dictateur comme Yahya Jammeh, pour lui rappeler quelques principes élémentaires de démocratie, au moment où il a mis son pays sous coupe réglée, sans espoir de voir poindre à l’horizon le moindre changement de nature à élargir les libertés fondamentales de ses compatriotes. Autrement, ce serait une prime à la dictature, et c’est le président gambien qui s’en frotterait les mains, assuré qu’il est d’avoir encore de beaux jours devant lui pour continuer à opprimer son peuple, avec une capacité de nuisance qui va au-delà des frontières gambiennes. Et ce n’est certainement pas son seul et grand voisin sénégalais qui dira le contraire.

Cela dit, Yahya Jammeh aurait tort de trop se réjouir, parce que si le coup avait réussi, il n’est pas certain qu’en dehors des condamnations de principe, il s’en trouverait parmi ses pairs pour traquer ses tombeurs, ou pour demander   qu’il soit réinstallé à la tête de son pays.

Quoi qu’il en soit, tôt ou tard, Yahya Jammeh devra partir du pouvoir. Si ce n’est par la voie des urnes,  ce qui est fort peu probable, ce sera par la voie des armes qu’il a lui-même empruntée pour arriver au pouvoir, ou par un de ces secrets que seule l’Histoire détient, au moment où l’on s’y attend le moins.

Outélé KEITA


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