ARRESTATION DE DJIHADISTES A BAMAKO : La pieuvre pousse ses tentacules plus loin

 

Les Forces spéciales de sécurité d’Etat maliennes  viennent de mettre le grappin sur trois djihadistes appartenant à deux mouvements extrémistes : la katiba Khalid Walid et le Front de libération du Macina dont le fondateur n’est autre que le prédicateur radical, Amadou Koufa. Il s’agit d’une grosse prise car, parmi les personnes arrêtées, figurent le n°2 du  Front de libération du Macina, Assane Dicko, malien d’origine burkinabè, et le transporteur du groupe, un chauffeur de taxi, de nationalité malienne et originaire de la Guinée. Le  troisième homme, malien d’origine ivoirienne et maçon de profession, était chargé de la logistique et de l’achat des armes. Un trio dangereux. Certes, aucun des trois hommes mis hors d’état de nuire, n’a la stature des terroristes comme Abubakar Shekau, le chef de la secte islamiste Boko Haram. Mais il n’en demeure pas moins qu’ils sont tous de parfaits malfaiteurs. D’ailleurs, soulignons qu’ils sont soupçonnés d’être les auteurs des récents attentats contre la mission de l’ONU à Bamako et des postes de sécurité dans la capitale malienne et à Baguinéda. Et Dieu seul sait ce qu’ils préparaient contre les habitants de Bamako. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’arrestation de ces ‘’bads boys’’ est une épine de moins dans les pieds du président Ibrahim Boubacar Kéita qui ne sait plus à quel saint se vouer, tant les mouvements djihadistes se sont métastasés dans la sous-région tel un cancer, avec une détermination jamais égalée à répandre le mal. En effet, les trois djihadistes alpagués et les sept autres qui avaient été arrêtés le mois dernier, en Côte d’Ivoire, puis extradés au Mali, sont tous issus des mêmes mouvements extrémistes qui écument le Nord-Mali. C’est dire toute leur détermination à ne pas lâcher prise. Et Bamako aurait tort de croire qu’avec ce coup de filet, le danger est totalement écarté. Elle doit travailler et au plus vite, à démanteler toutes les cellules dormantes dans la capitale. En tout cas, elle doit ouvrir l’œil et le bon car, il est évident que la pieuvre ne désarmera pas de sitôt. IBK a vraiment du souci à se faire.

IKB risque de consacrer plus de temps à la résolution des questions sécuritaires qu’au développement de son pays

Cela d’autant plus que la pieuvre a réussi à pousser ses tentacules plus loin. Rien que la diversité d’origines et de professions des djihadistes appréhendés montre que la bataille contre le terrorisme au Mali risque d’être longue sinon très longue. Avec des groupuscules en quête d’horreur et de sensationnel, il faut dire que le Mali n’est pas sorti de l’auberge.  Tant que  ces djihadistes opéraient au Nord-Mali, on pouvait trouver cela  « normal », étant donné que cette partie du Mali constitue leur sanctuaire traditionnel. Mais qu’ils jettent à présent leur dévolu sur Bamako, cela relève de la témérité. Malheureusement, tout porte à croire que le nouvel objectif visé par ces fous d’Allah est de frapper là où ça fait le plus mal. L’arrestation de cette bande de malfaiteurs montre toute l’urgence qu’il y a pour Bamako, à redoubler de vigilance. Du reste, comme le dit l’adage, mieux vaut pécher par excès de prudence que par excès de confiance. Dans ce sens, Bamako gagnerait à mener des actions concertées et coordonnées avec l’ensemble des pays dont sont originaires ces hommes qui cherchaient à tromper sa vigilance pour commettre leurs basses besognes. Qui aurait pu imaginer que derrière le maçon ou le taximan, se cachait un monstre ? Il ne serait pas exagéré de dire qu’IKB risque de consacrer plus de temps, durant son premier mandat, à la résolution des questions sécuritaires du Mali, qu’au développement de son pays, tant l’insécurité a la peau dure. Or, les populations qui l’ont élu s’impatientent de voir s’améliorer leurs conditions de vie. C’est peu de dire qu’il sera difficile pour IBK de surmonter les obstacles qui ne cessent de se dresser sur son chemin. En tout Etat de cause, dans le contexte actuel du Mali, un développement harmonieux ne peut s’opérer sans la sécurité.

Dabadi ZOUMBARA