HomeA la uneARRESTATION DE PASCAL ZAIDA : Un recadrage des OSC s’impose

ARRESTATION DE PASCAL ZAIDA : Un recadrage des OSC s’impose


Pascal Zaïda, le patron du Cadre d’expression démocratique (CED), avait prévenu qu’il tiendrait un meeting le 21 octobre à Ouagadougou, à l’effet de dénoncer « la mal gouvernance, les tribunaux d’exception, les détentions arbitraires et les attaques terroristes ». L’homme en a été empêché par les forces de sécurité dont la présence était impressionnante aux alentours du rond-point des Nations Unies. Mieux, Pascal Zaïda a été jeté en prison, en attendant d’être traduit devant les tribunaux pour avoir violé l’interdiction de l’autorité municipale à lui faite de tenir son meeting. Pour justifier la mesure, les autorités ont brandi des risques de débordements susceptibles de porter atteinte à l’ordre public. Il faut dire tout de suite que Pascal Zaïda est un citoyen burkinabè. Et cette qualité lui donne le droit de se prononcer sur la gestion de la chose publique et de manifester contre ce qu’il considère comme des entorses au bon fonctionnement de la République. A ce sujet, un grand défenseur français des droits humains disait ceci : « Je peux ne pas être d’accord avec ce que tu dis, mais je me battrai pour que tu aies la liberté de le dire ». De ce point de vue, il est regrettable que le sieur Pascal Zaïda n’ait pas eu la possibilité de tenir son meeting. Cela est d’autant plus regrettable que la Constitution lui en donne le droit. Du point de vue donc des grands principes de la démocratie, le fait d’interdire une manifestation publique sonne comme une incongruité. Et dans le cas d’espèce, Pascal Zaïda avait pris le soin de formuler des demandes l’autorisant à tenir son meeting. Il est vrai, ces demandes n’ont pas été agréées, mais au moins le leader du CED a eu le mérite de s’inscrire dans la légalité. Car, dans le même temps, certains leaders de la société civile ne se sentent pas liés par les démarches administratives encadrant les manifestations publiques. Pour un oui ou un non, ces derniers, sans autre forme de procès, prennent d’assaut l’espace public pour signifier leur colère.

 

L’Etat a l’obligation de se donner les moyens légaux d’exercer son autorité

 

Ces genres de réactions épidermiques s’inscrivent dans le paradigme de l’anarchisme, du nom de cette idéologie qui préconise la suppression de l’Etat. Et quand on tolère ce genre de manifestations au Burkina pendant que l’on sévit contre les manifestants qui ont tenté de faire les choses dans les règles de l’art, même si l’on peut trouver à redire par rapport à certaines de leurs revendications, on est dans une logique du deux poids deux mesures. En tout cas, Pascal Zaïda peut estimer qu’il en a été victime. Au-delà du cas  Zaïda, il se pose aujourd’hui le nécessaire recadrage des organisations de la société civile. En effet, à la faveur de l’insurrection, celles-ci ont poussé comme des champignons. A priori, cela n’est pas une mauvaise chose si tant est que ces associations ne fassent pas dans l’amalgame. Or, au Burkina, de plus en plus, on a du mal à faire le distinguo entre organisations de la société civile et formations politiques. Visiblement, l’on peut faire le constat que bien des organisations de la société civile sont de véritables appendices de partis politiques. Mais que voulez-vous ? L’activité est lucrative. On peut s’en servir pour bien gagner sa vie. Mais il y a danger : celui de tuer la démocratie. Car, ces organisations fantoches de la société civile s’illustrent, par moments, par leur défiance de l’autorité de l’Etat et de la République. Or, elles oublient par là que « les yeux font mal parce que la tête existe ». Si l’on tranche la tête, c’en est fini pour les yeux. La démocratie au nom de laquelle ces OSC battent le pavé, ne peut prospérer dans un pays où l’autorité de l’Etat est remise en cause chaque jour que Dieu fait. Sans cette institution, l’Etat de droit demeure une utopie. Et la porte est ouverte à toutes sortes de dérives. Au rythme où vont les choses, s’il n’y a pas un véritable recadrage des organisations de la société civile, le Burkina risque de sombrer dans l’Etat de nature où la loi du Talion régit les relations humaines. Personne n’a intérêt donc à précipiter notre pays dans le chaos. C’est pourquoi l’Etat a l’obligation, tout en protégeant les libertés individuelles et collectives, de se donner les moyens légaux d’exercer son autorité. Faire la moindre concession sur ce point reviendrait à saper les bases de la vie en société. Mais pour ce faire, l’Etat se doit d’être juste, respectueux de ses propres lois et soucieux du bien-être collectif et de l’intérêt général. Et tout Etat qui s’écarte de ces valeurs, réunit du même coup les ingrédients de sa vulnérabilité et pose le problème de sa légitimité.

SIDZABDA


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