HomeA la uneARRESTATION DE TOUMBA DIAKITE : Avancera-t-on dans le dossier du drame du 28 septembre ?

ARRESTATION DE TOUMBA DIAKITE : Avancera-t-on dans le dossier du drame du 28 septembre ?


 

Fin de cavale pour le fugitif guinéen, Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba », arrêté au Sénégal en fin de semaine dernière, par les fins limiers de la gendarmerie sénégalaise.  L’homme dont toute la Guinée se rappelle qu’il a été le pistolero qui a retourné son arme contre son patron, était en fuite depuis 7 ans. Et pour cause. Toumba, qui était l’aide de camp de l’ex-chef de l’Etat guinéen, Moussa Dadis Camara, était aussi le patron de la garde présidentielle pointée du doigt dans les massacres du 28 septembre 2009, au stade de Conakry. Depuis ces événements tragiques qui avaient conduit l’ancien chef de la junte guinéenne en avion médicalisé au Maroc pour des soins intensifs, l’homme avait disparu comme par enchantement dans la nature. Alors que l’on se perdait en conjectures sur le lieu éventuel de sa cachette, l’on était loin de se douter qu’il s’était réfugié au pays de la Teranga, sans avoir demandé l’hospitalité en bonne et due forme à ses hôtes. Pouvait-il en être autrement, quand on sait qu’un mandat d’arrêt international avait été émis contre lui, et qu’il n’avait aucune envie de porter seul le chapeau des massacres et d’aller croupir en prison ? En tout cas, pour son exil sénégalais, Toumba Diakité semblait avoir pris le maximum de précautions pour passer inaperçu, circulant sous une fausse identité et aidé entre-temps en cela par un embonpoint qui le rendait difficilement reconnaissable. Il aura fallu beaucoup de ténacité, de flair, de patience et pas moins d’un mois de filature continue aux pandores sénégalais, pour mettre le grappin sur le fugitif qui n’a pas mis du temps à comprendre son boribana*. Maintenant que l’une des pièces maîtresses de la tragédie du 28 septembre  a été retrouvée, avancera-t-on dans le dossier judiciaire ? Il faut le souhaiter. D’autant plus que de son exil burkinabè, l’autre pièce maîtresse, Moussa Dadis Camara, la victime de Toumba, ronge aussi ses freins de savoir ce qui a poussé celui qu’il considérait comme un de ses hommes de confiance, à vouloir l’envoyer ad patres plus tôt que prévu. Et les retrouvailles entre les deux hommes pourraient être des plus électriques.

La Justice guinéenne a une opportunité unique de faire toute la lumière sur l’affaire des massacres du 28 septembre

Mais une chose est de mettre le grappin sur Toumba, une autre est de pouvoir faire jaillir la lumière. Encore faudrait-il que l’intéressé soit disposé à coopérer. Quoi qu’il en soit, avec cette prise, la Justice guinéenne a une opportunité unique de faire toute la lumière sur l’affaire des massacres du 28 septembre, en confrontant Toumba et son ancien patron. Et sept ans après les faits, il est temps de vider ce contentieux et rendre justice, pour que les parents des victimes puissent enfin faire le deuil. En tout état de cause, Toumba, n’a pas d’autre choix que de passer à table. Lui qui a toujours soutenu avoir agi sur ordre et ne cachait pas son manque de confiance en la justice de son pays. Cet homme qui disait préférer la Cour pénale internationale (CPI), sera-t-il disposé à collaborer maintenant avec celle de son pays pour faire jaillir la lumière ? En tout cas, il faut souhaiter que cette arrestation profite au peuple guinéen, dans l’éclatement de la vérité. Car, il faut bien le dire, 7 ans c’est long, et 7 ans après les faits, le mystère reste entier. Et l’on ne comprend pas pourquoi le dossier piétine, alors que les tenants du pouvoir actuel font partie de ceux-là qui étaient parmi les victimes de cette répression barbare qui a laissé près de 150 macchabées sur le carreau. Sans oublier les souffrances morales et physiques dont des viols de femmes subies par d’innocentes personnes dont  le seul péché avait été de se retrouver dans cette enceinte ce jour-là. Aussi est-on porté à croire que beaucoup de personnes qui gravitent dans les hautes sphères du pouvoir à Conakry, n’ont pas intérêt à voir ce dossier aboutir. A voir même si ce ne sont pas ces personnes tapies dans l’ombre, qui tiennent en sous-main le professeur Alpha Condé et le poussent à un troisième mandat pour bénéficier de l’impunité. Quoi qu’il en soit, comme le dit l’adage, «quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finira toujours par se lever ». Comme quoi, le fugitif a beau avoir les jambes longues, il finira toujours par se faire alpaguer. Ce n’est pas Toumba qui dira le contraire.

Outélé KEITA

*Boribana : fin de cavale en langue malinké


No Comments

Leave A Comment