HomeA la uneARRESTATION D’UN PRESUME ASSASSIN DE FLORIBERT CHEBEYA : Les lignes sont-elles en train de bouger ?

ARRESTATION D’UN PRESUME ASSASSIN DE FLORIBERT CHEBEYA : Les lignes sont-elles en train de bouger ?


Dans la nuit du 1er au 2 juin 2010, l’intrépide défenseur des droits humains, Floribert Chebeya, avait été retrouvé mort dans sa voiture dans des circonstances troubles. Son chauffeur, Fidèle Bazana, avait subi le même sort. Les faits se sont passés en RDC (République démocratique du Congo). C’était sous l’ère du taiseux et dictateur Joseph Kabila. Un des sicaires de ce dernier et patron de la police à l’époque des faits, John Numbi, avec qui Chebeya avait rendez-vous, était fortement soupçonné dans ce double assassinat. Mais pendant 10 ans, l’affaire garde tous ses mystères. Avec l’avènement de Félix Tshisékedi, le peuple congolais a fondé l’espoir que la vérité sera enfin dite. Mais l’alliance entre ce dernier et son prédécesseur Kabila, n’avait pas permis de faire bouger les lignes. C’est chose désormais faite depuis que le mariage incestueux a été cassé et que les tuiles ont commencé à tomber sur la tête de Joseph Kabila et sur celles des siens. Et l’élément déclencheur, de toute évidence, de ce rebondissement de l’affaire Floribert Chebeya, est le témoignage de deux policiers, rapporté récemment par notre confrère RFI.

Dans cet élément, les deux hommes expliquent avec force détails comment Chebeya et son chauffeur ont été assassinés. Ces policiers, visiblement, en savent beaucoup sur l’affaire. Et l’on peut déjà leur rendre hommage. Car, l’un des présumés auteurs de l’assassinat de Floribert Chebeya, vient d’être interpellé dans le Katanga. Cette nouvelle donne est de nature à faire bouger véritablement les lignes. Et il n’est pas permis de douter un seul instant que ce sera le cas et cela, pour deux raisons essentielles. La première est que Félix Tshisékedi, depuis qu’il s’est débarrassé de son compagnonnage encombrant avec Joseph Kabila, a désormais toute la latitude de permettre à l’affaire d’évoluer vers la manifestation de la vérité.

Les dictateurs sont parfois surpris par l’évolution des événements. C’est le cas aujourd’hui de Kabila

L’autre raison est d’ordre moral. Son défunt père, c’est-à-dire Etienne Tshisékedi, de son vivant, avait mis un point d’honneur à élucider les crimes enregistrés dans le pays à l’époque des Kabila. Aujourd’hui, il n’est plus de ce monde.  Mais son fils est là. Mieux, il est aux commandes du pays. Il est donc dans l’obligation morale de réaliser ce que son géniteur n’avait pu réaliser. Au-delà de son défunt père, c’est l’ensemble du peuple congolais qui lui donne, peut-on dire, mandat de travailler  à ce que justice soit rendue à Floribert Chebeya et à son chauffeur Fidèle Bazana. Mais, il ne faut pas aller trop vite en besogne. Car, le principal suspect, John Numbi, compte toujours dans le système. En effet, de son poste de patron de la police, l’homme avait été nommé par l’actuel président, inspecteur des armées. Il a donc une certaine capacité de nuisance que Tshésikédi aurait tort de négliger. A cela, il faut ajouter que son mentor Kabila n’a pas encore dit son dernier mot dans le bras de fer qui l’oppose à Tshisékédi.

En tout cas, pour le moment, les vents sont favorables à ce dernier. Et il doit en profiter, de manière intelligente et méthodique,  pour déconstruire la « Kabilie ».  Et la meilleure manière de le faire, c’est d’ouvrir courageusement l’énorme placard dans lequel le dictateur avait rangé soigneusement ses macchabées avec la certitude que personne n’y aurait accès un jour. D’ailleurs, c’est cette volonté de ne pas permettre aux Congolais de connaître le contenu du placard, qui expliquait le fait qu’il n’avait pas voulu d’une alternance politique en RDC. Mais les dictateurs sont parfois surpris par l’évolution des événements. C’est le cas aujourd’hui de Kabila. Et le pire pourrait être à venir pour lui. Le rebondissement que vient de connaître l’affaire Chebeya, pourrait en être un élément avant-coureur. En tout cas, on peut être sûr que les vérités suivantes sont universelles : « tout ce qui gît dans l’ombre aspire à la lumière ». Et « le mensonge a beau courir, la vérité finit par le rattraper ».

Pousdem PICKOU

 


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