HomeA la uneASSASSINAT DE NORBERT ZONGO : « Nous ne sommes ni amnésiques ni masochistes », selon la Coalition Dytanié

ASSASSINAT DE NORBERT ZONGO : « Nous ne sommes ni amnésiques ni masochistes », selon la Coalition Dytanié


Ceci est une déclaration de la Coalition Dytanié à l’occasion du 18e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo. Elle souhaite que justice soit rendue à la victime et à sa famille et condamne « toutes manœuvres juridico-dilatoires ». lisez !

Le dimanche 13 décembre 1998, aux environs de 16 heures, le journaliste Norbert Zongo et ses compagnons furent sauvagement assassinés et brûlés sur la route de Sapouy. Ce crime des plus crapuleux de la longue liste de burkinabè tués, venait d’être commis au sortir d’élections pompeuses scorées à plus de 80% pour Blaise Compaoré et son CDP en extase et au stade paroxysmal du “touk-guili”, convaincu à jamais de l’évidence d’un pouvoir à vie.  

En rappel, à la suite du putsch sanglant   du 15 octobre 1987 qui a vu l’assassinat crapuleux du président Thomas Sankara et ses compagnons, un climat de terreur pour dompter le peuple a été instauré par Blaise Compaoré, son RSP, son clan politique et affairiste que Norbert Zongo résumait en ces termes :”si tu fais, on te fait et il n’y a rien”.

Le Système Compaoré, dans sa haine contre l’œuvre de l’esprit critique, tenait à terrifier, à faire taire toute voix libre, à ériger une paix des cimetières et réduire tout le peuple au silence, dans le but d’exploiter et d’amasser les ressources du pays.  Ainsi, face à celui-ci, par un exemple intrépide de courage, d’intégrité et de patriotisme, Norbert Zongo s’insurge ! Il dénonce le pillage organisé des ressources du pays par une certaine élite affairiste et apatride. Il pointe du doigt,  la nature dictatoriale du régime qui, du reste dans ses errements « monarchisants », n’entendait point évoquer l’alternance démocratique inscrite dans la constitution du pays. Norbert Zongo n’a jamais cessé, par ses écrits et conférences, d’appeler au réveil du peuple. Il brise la peur imposée par un courage légendaire, impulse un élan populaire et fait vaciller les tenants politiques et économiques du pouvoir Compaoré : C’est à cause de ses idées, de son patriotisme et de l’éveil des consciences suscité que Norbert Zongo fut calciné !

Le peuple et la jeunesse de “la génération Norbert Zongo ” prennent le relais de la lutte pour exiger vérité et justice pour ce crime et pour tous les autres commis par le régime Compaoré. Malgré la répression, les manipulations, la diversion, la délation, et après  16 ans de résistance et de combat, le peuple est arrivé à bout de Blaise Compaoré et de ses irréductibles  par une insurrection populaire victorieuse, les 30 et 31 octobre 2014.

Le peuple a fait l’insurrection pour rendre également justice aux martyrs de la violence criminelle du régime déchu.

Pour mémoire, la Commission d’enquête internationale avait plus tôt débusqué dans ce dossier en 1999 plusieurs éléments du RSP, des personnes du monde des affaires, le tristement célèbre frère cadet et protégé de Blaise, François Compaoré et plus largement dans l’entourage du Président. Dans le même temps, le collège de sages commis pour trouver une sortie à la crise avait indiqué au préalable vérité, justice comme préalables à la réconciliation nationale. Après tous ces épisodes, après la fuite de Blaise Compaoré et de son petit frère, après le démantèlement du RSP, il n’est plus tolérable que le dossier piétine !

Et pourtant le constat est clair : Le dossier Norbert Zongo n’est pas encore jugé. Qu’est ce qui bloque ce dossier aujourd’hui ? A qui profite ce blocage ? Ou disons plus clairement, qui bloque le dossier Norbert Zongo ?

A l’évidence, l’assassinat odieux de Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, était un crime d’Etat du régime Compaoré. Pourquoi alors malgré la chute de ce régime, et après que le dossier ait connu une avancée notable après son ouverture sous la Transition, est-il retombé, avec l’avènement des RSS au pouvoir, dans le même ralentissement judiciaire que sous Blaise Compaoré?

A en croire le procureur général Poda sur la RTB le 31 octobre 2016, le juge d’instruction n’aurait pas les moyens pour mener à bien ses travaux. Alors, pourquoi les pouvoirs publics actuels ne mettent-ils pas les moyens qu’il faut à la disposition du juge pour qu’il poursuive positivement et qualitativement l’instruction du dossier?

Somme toute, la famille du journaliste Norbert Zongo, ses proches, l’ensemble du peuple burkinabè, et tous ceux qui ont lutté et enduré cette épreuve ont maintenant droit à la lumière sur ce crime.

Par ailleurs, après 18 ans, il n’est plus possible de demander au peuple de patienter ; de même, le peuple n’acceptera plus d’entendre chroniquement que “le dossier avance” sans lueur d’espoir d’un procès de vérité et de justice sur cet assassinat.  

Mieux, aucun régime venu après l’insurrection du peuple burkinabè ne doit se compromettre de quelque manière que ce soit dans ce dossier, au risque de subir le même sort que le régime précédent, car ce sont également contre les crimes impunis que le peuple s’est insurgé les 30 et 31 octobre 2014. L’article 37 n’était que l’argument politique d’une crise judiciaire et socio-économique. Ceux qui  s’y méprennent en porteront l’entière responsabilité ici et ailleurs, maintenant et toujours, d’une dégradation sociopolitique liée à la non résolution des passifs judiciaires.

Au demeurant, notre coalition exige purement et simplement le jugement du dossier Norbert Zongo car les preuves existent bel et bien. Tous les auteurs présumés en fuite, camouflés ou grossièrement déguisés aujourd’hui en défenseurs des droits, doivent être démasqués et ramenés devant les tribunaux pour être jugés et châtiés à la hauteur de leur forfaiture. 

Enfin, il serait illusoire de croire qu’après de longues années passées, le peuple va désespérer ou oublier. Nous disons que nous ne sommes ni amnésiques ni masochistes, mieux, nous restons et resterons debout et mobilisés pour que cette affaire, comme tous les autres crimes impunis, soit réglée.

Rien ne viendra à bout de la détermination sans faille du peuple pour l’avènement d’un Etat de droit et de justice sociale : ni le temps, ni les autres stratégies et dilatoires juridico-politiques.

 

Vérité et justice pour Norbert ZONGO et ses compagnons d’infortune.

Justice pour tous les martyrs de l’insurrection et de la résistance au putsch.

Pour la suite du combat, restons mobilisés !

Nan Lara An sara.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Pour la Coalition Ditanyè

Les organisations membres : Le Balai Citoyen ; Le Cadre Deux heures Pour Nous, Deux Heures Pour l’Afrique ; La Génération Cheikh Anta Diop ; La Génération  Joseph Ki Zerbo ; La Ligue des Panafricanistes ; Le Mouvement Des Sans Voix Burkina ; Le REPERE

 


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