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ASSASSINAT DU PRESIDENT HAITIEN  


La République d’Haïti est de nouveau dans la tourmente. En effet, le président Jovenel Moïse élu avec 54% des suffrages en 2016 et dont le mandat a débuté en 2017, a été assassiné à sa résidence en banlieue de Port-au Prince, par un commando dans la nuit du mardi 6 au  mercredi 7 juillet 2021. Un coup dur pour ce pays en proie à l’insécurité et à l’instabilité. On pensait qu’après l’heure des Duvalier, en l’occurrence François dit papa ‘’doc’’ et son fils Jean-Claude, dit baby ‘’doc’’, qui ont dirigé le pays d’une main de fer, Haïti connaitrait la vraie démocratie. Mais hélas! La première république noire indépendante, et c’est peu de le dire, n’a jamais connu une véritable stabilité démocratique. C’est un pays dont l’histoire est écrite en lettres de sang à cause des multiples coups d’Etat qui ont jalonné son histoire. C’est d’autant plus vrai que de 1804 à 2020, sur les 52 chefs d’Etat qui ont dirigé le pays, seuls 24% ont terminé leur mandat, les 54% autres ayant été renversés et exilés. Pire, 8% ont été assassinés. C’est dire si l’assassinat de Jovenel Moïse n’est pas étonnant ce d’autant que le climat sociopolitique était délétère depuis quelques mois. C’est un secret de Polichinelle que l’opposition et la société civile réclamaient à cor et à cri de nouvelles élections mais l’homme avait préféré un référendum sur une nouvelle Constitution. Scrutin qu’il ne pourra malheureusement plus organiser puisqu’il l’avait reporté tout comme la présidentielle et les législatives en septembre prochain, à cause de la pandémie du Covid-19. Ces élections pourront-elles se tenir à bonne date dans cette atmosphère où le cadavre de Jovenel Moïse est encore frais ? Rien n’est moins sûr.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que la disparition de Jovenel Moïse replonge la « Perle des Antilles » dans une période d’incertitudes.

 

 

Le vrai problème d’Haïti, c’est sa classe politique

 

 

On est d’autant plus fondé à le croire que les membres du commando qui ont envoyé ad patres le président haïtien, n’ont pas encore été identifiés. Quid des commanditaires ? Tant que ces derniers tapis dans l’ombre ne seront pas mis hors d’état de nuire, il faut craindre que le sommeil des Haïtiens ne soit constamment troublé. Du reste, on se demande comment l’intérim du président défunt sera assuré jusqu’à la tenue des prochaines élections. En tout cas, tout laisse croire que les jours à venir risquent d’être plus sombres que les précédents. En fait, le vrai problème d’Haïti, c’est sa classe politique. En effet,  tant que les acteurs qui l’animent ne changeront pas leur mode d’accession au pouvoir, le pays ne connaîtra jamais la paix. Tout se passe comme s’il n’y avait pas d’autre voie que celle des armes pour accéder au pouvoir d’Etat en Haïti. Il faut une véritable culture du dialogue politique pour asseoir la démocratie dans ce pays. A cause de la myopie de la classe politique, le peuple haïtien souffre le martyre depuis des décennies pour ne pas dire des siècles. Au fait, cela fait plus de deux cents ans que Haïti est indépendante. Mais qu’a-t-elle fait de cette souveraineté nationale et internationale ? Visiblement, pas grand-chose. A preuve, malgré les richesses dont dispose ce pays, nombreux sont les Haïtiens qui tirent le diable par la queue ; le taux de chômage variant entre 50 et 70%, selon le rapport 2019 de la Mission des Nations unies pour l’appui à la Justice en Haïti. Et au lieu de se préoccuper de cette situation catastrophique, la classe politique haïtienne passe son temps à fomenter des coups d’Etat et autres coups de force pour renverser les régimes en place. Et tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille que cette classe politique se réveillera. Se rendra-t-elle compte un jour de son échec ? Il faut l’espérer. Cela dit, en attendant que l’élite haïtienne se ressaisisse, l’on peut dire, sans risque de se tromper, que l’assassinat du président Jovenel Moïse risque, et c’est un euphémisme, de diviser davantage la classe politique. C’est vrai que beaucoup d’Haïtiens voulaient la peau de ce président sur qui pesaient de graves soupçons de détournement de deniers publics, mais il faut se convaincre que l’homme avait aussi des partisans. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tragique disparition de celui qui se présentait comme « le petit paysan », ne va pas résoudre les problèmes des Haïtiens. Loin s’en faut ! Il faut même craindre que la situation n’empire.

 

Dabadi ZOUMBARA 

 

 


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