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ASSISES NATIONALES ANNONCEES SUR L’EDUCATION


Le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 31 mars dernier, a annoncé la tenue, très prochainement, d’assises nationales sur le système éducatif. L’objectif est de réfléchir sur ce dernier afin d’en déceler les insuffisances, et leur trouver des solutions appropriées. Le ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, a été chargé de l’organisation desdites assises. Une date précise de leur tenue n’a pas encore été fixée. Mais d’ores et déjà, le premier responsable du MENAPLN, le Pr Ouaro, est en train de rencontrer les acteurs susceptibles d’apporter des contributions à cette réflexion. Ainsi a-t-il déjà rencontré les anciens ministres de l’Education, l’Association des parents d’élèves, les syndicats de l’Education, les responsables d’institutions de la République, etc. L’idée est d’associer et d’impliquer le maximum d’acteurs de la communauté éducative et nationale à la recherche de solutions aux maux qui minent le système éducatif burkinabè. Ce souci du ministre, de rendre ces assises inclusives et participatives, est à saluer. Un autre aspect qui mérite d’être relevé et salué est le suivant : avant la tenue des assises nationales, le département organisera des assises régionales afin que les populations de chaque région, puissent, via leurs représentants, mener une réflexion diagnostique sur le système éducatif, au regard des attentes particulières, dégager les forces et les faiblesses de l’école dans leur contexte et esquisser des solutions imprégnées de leurs réalités. Il faut noter que les conclusions des assises régionales serviront de base de réflexion aux assises nationales. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la méthodologie est pertinente, en ce sens que les problèmes auxquels est confronté le système éducatif varient d’une région à l’autre. Ce qui implique que leurs solutions ne soient pas identiques.

 

Une opportunité pour repenser l’école

 

 La représentation de l’école, en effet, au Sahel, n’est pas la même que dans les autres régions. Mais l’on peut se risquer à affirmer que le système éducatif burkinabè souffre de deux grands maux, et cela, indépendamment des régions. Ces maux sont donc partagés par tout le monde. Le premier mal est lié au fait que l’école burkinabè, soixante ans après l’indépendance du pays, n’a pas véritablement rompu avec les tares de l’école coloniale. De ce fait, elle a valorisé l’enseignement livresque au détriment des apprentissages qui  mettent l’accent sur la formation technique et professionnelle. Lorsque l’on a ouvert le lycée technique, les apprenants du Lycée Zinda n’avaient que du mépris pour cet établissement. Car, pour eux, le lycée technique ne faisait que produire des manœuvres et des ouvriers. A contrario, les apprenants du Lycée Zinda se prenaient pour les vrais élèves, c’est-à-dire ceux qui savent manier à la perfection la langue de Molière et ânonner les leçons d’histoire et de géographie comme des perroquets. Cette représentation de l’enseignement technique a fait beaucoup de mal aux pays anciennement colonisés par la France en général et au Burkina Faso en particulier. Résultat : l’enseignement technique a été délaissé au profit de l’enseignement général. Une telle option ne rend pas service au pays. Car, elle formate l’apprenant dès le jeune âge, à avoir du mépris et du dédain pour tout ce qui ne relève pas de la phraséologie ni de l’art de bien parler. Nos universités, jusqu’à présent, traînent cet héritage. De toute évidence, une telle école ne saurait constituer un marchepied vers le développement d’un pays. Aujourd’hui, le pourcentage de l’enseignement professionnel et technique est de 2%. Au Ghana voisin où Kwame N’Krumah a eu de la vision, le pourcentage est nettement plus important. C’est ce qui fait que le Burkina est parfois obligé de se tourner vers ce pays pour bénéficier de l’expertise de ses cadres dans certains domaines techniques. De ce point de vue, l’on peut suggérer aux assises nationales de donner du sens aux apprentissages scolaires en faisant en sorte que l’enseignement technique et professionnel ne soit plus le parent pauvre du système éducatif. L’autre grand mal auquel est confronté le système éducatif, est lié au fait que l’école a tourné le dos à l’éducation. On y dispense, en effet, rien que des savoirs. Le savoir-être, c’est-à-dire  le comportement, est mis en marge. Ne soyons donc pas étonnés que nos élèves agressent leurs enseignants et que nos enceintes scolaires se transforment en des espaces de consommation de stupéfiants et en des hauts lieux de débauche. C’est pour cette raison d’ailleurs que certaines communautés rechignent à envoyer leurs enfants à l’école. Car, pour elles, elle est source de perversion. Les assises nationales devraient donc être une opportunité pour repenser l’école. Seuls compteront les résultats. Pour cela, les participants et les participantes ne doivent pas avoir peur de crever l’abcès. Sans cela, ces assises s’apparenteront à une foire comme l’ont été celles qui les ont précédées.

 

Sidzabda

 


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