HomeA la uneATTAQUE D’UNE BASE DE LA CMA A KIDAL : Faut-il négocier avec Ansar Dine ?

ATTAQUE D’UNE BASE DE LA CMA A KIDAL : Faut-il négocier avec Ansar Dine ?


 

« Après l’amour, c’est la guerre », dit-on souvent. Cet adage illustre parfaitement ce qui se passe aujourd’hui entre le groupe islamiste Ansar Dine du Touareg Iyad Ag Ghali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), deux ex-alliés. En effet, le premier vient de revendiquer l’attaque meurtrière de jeudi dernier, à Kidal, qui aura fait 6 à 11 morts dans les rangs de la CMA. Ainsi donc, les amis d’hier, pourrait-on dire, sont devenus aujourd’hui de véritables frères ennemis. Pour autant, la rupture entre la CMA et Ansar Dine est-elle définitivement consommée? Difficile de répondre par l’affirmative. Car, en matière d’amour comme en terrorisme, il ne faut jamais jurer de rien. Et c’est justement pour cette raison que Bamako doit se garder de rire sous cape. Car, les terroristes ont leurs raisons que la raison ignore, si bien que deux camps rivaux peuvent, du jour au lendemain, devenir de parfaits alliés, selon les intérêts du moment. A preuve, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) n’a-t-il pas collaboré avec plusieurs mouvements terroristes au Nord-Mali, alors que certains d’entre eux étaient considérés comme infréquentables? En tout état de cause, cette attaque contre une des positions du maître de Kidal devrait l’amener à se rapprocher davantage de Bamako, à œuvrer plus pour un retour définitif de la paix au Nord-Mali. Car, on le sait, cet attentat vise à dissuader la CMA à poursuivre le chemin de la paix, à accompagner Bamako dans la mise en application de l’accord de paix d’Alger. Or, Iyad Ag Ghali n’a jamais digéré le fait que son mouvement ait été exclu des pourparlers inter-maliens de paix, dans la capitale algérienne.

Il faut prendre au sérieux l’attentat fratricide

En vérité, son vœu, c’est de faire capoter l’accord de paix qui en est issu. Il veut à tout prix enterrer l’espoir des milliers de Maliens et alliés qui croient en cet accord. Le fait que les armes ne crépitent plus entre Bamako, la CMA et le GATIA, est une mauvaise nouvelle pour Iyad Ag Ghali. De toute évidence, pour Ag Ghali,  la paix n’est pas envisageable au Nord-Mali sans lui. Et si rien n’est fait, la guerre risque de reprendre  à Kidal. Cela est d’autant plus plausible  qu’Iyad Ag Ghali a une grande capacité de nuisance. Son statut d’ancien responsable du Mali et notable des Ifoghas fait de lui un personnage de premier plan dans la recherche de la paix au Nord-Mali. En tout cas, tant que l’équation Ag Ghali ne sera pas résolue, la paix au Nord-Mali risque d’être un mirage. Faut-il donc négocier avec lui? Difficile d’y répondre. Certes, autant on a négocié avec le MNLA et compagnie, autant on devrait pouvoir négocier avec Iyad Ag Ghali. Seulement, peut-on négocier avec quelqu’un qui n’est pas disposé à faire la paix? Les méthodes qu’emploie Ag Ghali sont  des méthodes djihadistes aux antipodes de la paix. Car, s’il est vivement diabolisé aujourd’hui, c’est parce qu’il a lui-même créé les conditions de sa diabolisation à travers son attitude non conciliante et de défiance vis-à-vis de Bamako dont il fut d’ailleurs le représentant auprès de certains Etats. En tous les cas, si l’on tient à ce qu’une paix durable s’installe au Nord-Mali, il faut prendre au sérieux cet attentat fratricide en empêchant qu’Iyad Ag Ghali accomplisse sa basse besogne.

Dabadi ZOUMBARA


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