ATTAQUE D’UNE PRISON SITUEE PRES DE LA CAPITALE ABUJA : Où va le Nigeria ?
Des hommes armés ont attaqué à l’explosif, une prison située près d’Abuja, la capitale du Nigeria, et ont libéré des centaines de détenus. C’était dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 juillet 2022. Le bilan fait état d’un garde de sécurité pénitentiaire tué et plus de 600 détenus qui ont pris le large. Certes, les autorités pénitentiaires, au cours de la journée d’hier, ont annoncé avoir réussi à en capturer près de 300 mais l’on ne peut s’empêcher de se poser des questions : d’où sont venus les assaillants ? Comment ont-ils pu déjouer l’attention des gardes de sécurité pénitentiaire au point de parvenir à pénétrer dans la prison avec des explosifs ? Y a-t-il eu des complicités internes ? Autant de questions que l’on peut se poser surtout quand on sait que les attaques dirigées contre les prisons, sont légion au Nigeria que d’aucuns qualifient de pays des paradoxes. Car, voilà un pays qui est connu pour être une puissance économique mais qui, à cause de ses spasmes sociaux récurrents, a mal à son développement. Voilà un pays qui dispose d’une puissante armée dont les hauts faits d’armes ont été prouvés sur les opérations du théâtre international, mais qui, depuis quelques années, n’arrive pas à venir à bout de ces groupes de bandits armés qui troublent le sommeil des populations au point que le Nigeria apparaît comme l’une des destinations les plus dangereuses au monde.
le Nigeria a mal à sa sécurité
En tout cas, si ce n’est pas une déglingue sociale, le Nigeria y ressemble fort, tant les assaillants font parfois montre d’une témérité à nulle autre pareille. A preuve, en plus de l’attaque spectaculaire de la prison de Kuje, le convoi de l’équipe de sécurité du président Muhammadu Buhari a été pris pour cible par un autre groupe d’assaillants qui, finalement, ont été repoussés grâce aux efforts conjugués des militaires, de la police et des agents du DDS. Si l’on en croit le communiqué de la présidence nigériane, cette attaque a eu lieu peu avant la visite du chef de l’Etat dans son fief situé dans le Nord-Ouest du pays. C’est la preuve que le Nigeria, depuis l’avènement de Boko Haram qui a fait autant de victimes que de déplacés, a mal à sa sécurité. Et tous les régimes qui s’y sont succédé semblent avoir courbé l’échine face à ce mouvement insurrectionnel armé qui exploite les moindres failles du système sécuritaire pour commettre ses basses besognes dans un pays où la corruption et le clientélisme ont fini par gangrener aussi bien l’appareil d’Etat que la haute hiérarchie militaire. Au point que le président Buhari, visiblement exaspéré, avait procédé, il y a quelques mois seulement, à des changements d’hommes au sein du commandement. Mais selon toute vraisemblance, les résultats se font encore attendre, tant la situation ne fait que se dégrader davantage. Où va le Nigeria ?
B.O